Le président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, vient de réaliser un remaniement inattendu et urgent dans les hautes sphères de l’armée nationale. Cette annonce intervient dans un contexte régional marqué par les coups d’Etat. Quelles sont les motivations derrière cette réorganisation inattendue ?
Les défis sécuritaires aux multiples visages
C’est à travers un décret en date de ce mercredi 30 août 2023, que Paul Biya a procédé à de nouvelles nominations au sein de l’unité administrative centrale du ministère de la Défense. Le Cameroun est confronté à un éventail complexe de défis sécuritaires. La menace persistante de Boko Haram dans le nord du pays a mis sous pression les ressources militaires et a suscité des préoccupations internationales. Par ailleurs, la crise anglophone dans les régions de l’Ouest demeure une plaie ouverte, alimentant une instabilité régionale. L’armée camerounaise a reçu des critiques sur sa capacité à gérer ces crises, allant d’accusations de violations des droits de l’homme à des questions sur l’efficacité de ses opérations. Le remaniement effectué par le président Biya serait-il une réaction à ces préoccupations croissantes ?
Quid des coups d’Etat sur le continent
On le l’oublie pas. Le remaniement opéré par Paul Biya intervient surtout dans un contexte politique bien précis en Afrique. Depuis 2020, les dirigeants africains ont cette pression du peuple. Ils sont appelés à libérés le pouvoir si leur politique de gouvernance ne réponde plus aux attentes des populations. Après le putsch de 2020 au Mali, s’en sont suivi ceux de la République de Guinée en 2021 et du Burkina-Faso en 2022, et plus récemment du Niger, dans l’Afrique de l’Ouest. Mais la région ouest africaine n’est pas la seule à connaître cette révolution. En effet, en Afrique centrale, ce mercredi 30 août, le président gabonais Ali Bongo au pouvoir depuis 2009, a été renversé par les militaires. C’est sans doute cette peur ou encore cette pression qui aurait conduit Paul Biya âgé de 90 ans et qui est au pouvoir depuis 1982, à opérer rapidement un remaniement au sein de l’armée.
Le remaniement de l’armée intervient également dans un contexte de politique interne incertaine. Paul Biya, le dirigeant le plus ancien de la région, a aussi vu son régime marqué par des accusations de corruption, de népotisme et de répression politique. La loyauté de l’armée à un régime en place est souvent considérée comme un baromètre de la stabilité d’un pays, et il est possible que Biya cherche à renforcer cette loyauté en plaçant des personnes de confiance à des postes clés. Cela pourrait être une tentative de stabiliser son pouvoir en anticipant des troubles potentiels ou en minimisant les risques d’un coup d’État.
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