Bientôt un mois que l’ex-Président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, s’est exprimé, au détour d’une cérémonie de présentation de vœux aux militants, sur la situation sociopolitique du Bénin. Ses analyses et constats avaient suscité moult réactions, selon que l’on se trouve dans un camp ou l’autre. Mais, il y en a plus ! Il a reçu le départ collectif des locataires de son immeuble de Cotonou.
Les locataires de l’immeuble de Cotonou d’Adrien Houngbédji vont tous quitter dans 3 mois maximum. Chacun d’eux a adressé une lettre de résiliation de bail entre le 24 et le 25 février 2025 quelques semaines après les déclarations du patriarche sur la libération des prisonniers, le retour des exilés, l’ouverture d’un dialogue national et des élections inclusives. Depuis, c’est une avalanche de tracasseries et d’attaques jusque dans la vie privée de l’intéressé.
C’est un secret de polichinelle que les constats de l’ancien Président de l’Assemblée nationale n’ont pas plu au régime au pouvoir. Adrien Houngbédji a donné un coup de pied dans la fourmilière, là où il est strictement interdit de s’aventurer. C’est aussi un secret de polichinelle que celui qui a eu à occuper trois fois le perchoir au palais des Gouverneurs à Porto-Novo, devrait s’attendre à une réponse de ses nouveaux alliés de la mouvance présidentielle.
Les répercussions s’enchaînent de jour en jour. En dehors des appels et des menaces téléphoniques entre le leader charismatique des Tchoco-Tchoco et des hauts dignitaires du pouvoir, l’opinion publique nationale a été témoin des diatribes virulentes selon le niveau des donneurs de leçons. Même la cour constitutionnelle a été démarchée pour l’accabler davantage suite à certains des propos tenus à l’égard de cette haute personnalité du Bénin.
Ce que le peuple ne voyait pas venir
Depuis 2016, ce dont le peuple béninois a l’habitude, c’est qu’il est interdit de critiquer le régime de la Rupture. Quel que soit votre rang social et professionnel. Le faire, c’est de s’attirer la foudre sur soi, voire sur sa famille.
L’autre côté des répercussions que le peuple béninois ne pouvait imaginer, c’est les persécutions économiques. En effet, à l’heure où nous sommes, les quelques intérêts dont dispose l’ancien Président de l’Assemblée nationale, se retrouvent dans le collimateur du régime. Entre autres intérêts ciblés, l’immeuble Jatopa situé derrière l’ancien siège de la Société Nationale de Commercialisation des Produits Pétroliers (Sonacop). Pour des raisons tout inventées, cavalières les unes autant que les autres, les sociétés occupantes rompent, une à une les contrats qui les lient au propriétaire qui n’est autre que Me Adrien Houngbédji. C’est les cas, entre autres, de la Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin (Cdc B) par une correspondance datant du 24 février 2025, signée par sa Directrice générale, Maryse Lokossou. Second cas, Bénin Manutentions (Bm) dont le président du Conseil d’administration est Yacoub Saka a introduit une correspondance de résiliation de contrat sous trois (3) mois pour motif que la configuration des locaux ne permettrait pas à l’installation du personnel de l’administration.
Le couperet pourrait tomber sur des proches de Houngbedji dont l’ancienne député Ibatou Sanni Glèlè, ancienne vice-présidente du Prd et plusieurs fois député. Le grand hôtel de cette dernière, Myosotis, est directement concerné par les visées du gouvernement sur toute la zone de Ganhi. Tantôt on parle d’une expropriation pour cause d’utilité, tantôt on parle d’une sommation de destruction sous 45 jours de l’immeuble pour vétusté aux frais de la propriétaire.
À ces persécutions morales dont l’objectif est sans doute d’écumer les finances de l’homme d’Adjinan, il faudra craindre d’éventuelles répressions fiscales sur tous les biens immobiliers non seulement de l’ex-Président de l’Assemblée nationale, mais aussi de tous ceux qui continuent de croire en lui. Voilà la posture du régime dite de la Rupture.
De l’électricité dans l’air !
Selon les indiscrétions, le ministère de l’intérieur et de la sécurité publique, serait avancé dans le processus de dissolution du Parti du Renouveau Démocratique (Prd). Malheureusement, le Chef de l’État Patrice Talon et ses conseillers (s’il en a bien sûr), oublient que l’histoire entre le Prd et les populations notamment de l’Ouémé et du Plateau, dépasse le simple fait de suffrages.
Dans tous les cas, le régime risque de payer le prix le plus lourd, contrairement à ce qu’il pense. D’abord, ces sociétés qui résilient à volonté leur contrat avec Jatopa, pourront être rattrapées à tout moment afin de justifier leurs actions. Mieux, les affidés au pouvoir oublient que c’est de la vieille marmite noire que sort l’akassa blanc. Adrien Houngbédji, quels que soient son âge et tous les noms d’oiseau dont il peut être l’objet, reste et demeure un animal redoutable en politique au Bénin.