La situation des détenus et exilés politiques au Bénin préoccupe l’ancien ministre d’État Alassane Soumanou Djemba. Dans une déclaration publique ce samedi 24 juin 2023, il a exhorté Patrice Talon au pardon et à des actions allant dans le sens de leur libération. Il a surtout demandé au président béninois d’user de ses prérogatives constitutionnelles pour faciliter la sortie de ces prisonniers.
Le président d’honneur du parti Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE) a commencé son message par un « pardon » adressé au président Patrice Talon. Soumanou Djemba n’en peut plus de voir les détenus politiques continuer de souffrir en prison alors qu’ils se battaient pour la démocratie. C’est pourquoi il a décidé de s’adresser au Chef de l’État « pour lui donner envie de pardonner ». Il nuance quand même en précisant que ce sont des « divergences politiques » qui ont conduit certains en prison, en se référant à Reckya Madougou et Joël Aïvo ; alors que, pour d’autres, c’est « le droit qui a été dit ». Cependant, il estime que la loi est flexible et permet au Chef de l’État de prendre l’initiative d’une amnistie à leur endroit.
En effet, Soumanou Djemba exprime, à travers une telle démarche, son désaccord à propos de la lenteur que connaît le traitement du projet de loi d’amnistie initié par le groupe parlementaire Les Démocrates. Une situation due, selon lui, à des querelles de majorité qui divisent les députés depuis le début de la mandature. C’est pourquoi il se tourne vers Patrice Talon à qui il demande d’envoyer un nouveau projet de loi d’amnistie à l’Assemblée nationale afin de faire libérer les prisonniers politiques et permettre aux exilés politiques de rentrer au pays. A l’en croire, les raisons pour lesquelles le président doit écouter son appel sont multiples. D’abord, il évoque sur le plan social, la misère à laquelle sont assujetties les familles des personnes concernées. « Beaucoup de ménages sont en souffrance. À l’heure où nous vous parlons, beaucoup d’enfants n’ont pas pu poursuivre leurs cursus scolaires. (…) Nos camarades en prisons souffrent », a lancé l’ancien ministre au Chef de l’État. Il précise également que Reckya Madougou, qui fait partie des détenus politiques, est la fille d’un ami de Patrice Talon. Son père, Madougou Maalam dit “Monsieur le maire”, « fut votre ami. Vous l’avez connu par le travail et dans le travail », a-t-il rappelé au Chef de l’État avant de renchérir : « La fille de Monsieur le maire est en prison et il vous revient, au nom de la solidarité, au nom de la paix, que vous puissiez effectivement œuvrer ensemble avec votre peuple. Et parce que vous êtes à l’écoute de votre peuple, libérez et pardonnez Reckya Madougou et consorts ».
Par ailleurs, Soumanou Djemba fait savoir à Patrice Talon l’importance de la paix pour la bonne marche de sa fin de mandat. Et pour cela, il doit se montrer humble et au service de tout les Béninois en choisissant le chemin du pardon. « Ne dit-on pas souvent que le chef, c’est celui qui a besoin des autres ? », se questionne-t-il. Il s’emploie surtout à lui faire comprendre qu’il a besoin du peuple et que le peuple aussi a besoin de lui pour construire une nation prospère. « Sans la paix, à mi-mandat de votre second quinquennat, vous ne pouvez pas tout faire », prévient Soumanou Djemba. Autant de raisons et motifs pour lesquels il estime nécessaire et urgent que les prisonniers politiques recouvrent leur liberté à travers une loi d’amnistie venant de Patrice Talon et que ce dernier accorde également un pardon sincère à tous les exilés pour qu’ils reviennent au Bénin.