19 septembre 2024

Bénin / Révision du Code électoral : L’Union Islamique du Bénin torpille les efforts du CCCR

Dans un communiqué publié le mardi 10 septembre, le président de l’UIB a évoqué des raisons de « convenance, de vocation et de principe » pour annoncer le retrait de son institution et sa démission de la tête du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses (CCCR). Les divisions internes à l’UIB viennent d’affecter la cohésion du CCCR.

À peine sa grande bataille lancée que le Cadre de Concertation des Confessions Religieuses (CCCR) est déjà confronté à sa première grande crise. Il y a exactement 9 jours, le 2 septembre dernier à Porto-Novo, la plateforme s’était réunie pour se prononcer publiquement sur le nouveau code électoral adopté au mois de mars de cette année. Le Cadre de Concertation des Confessions religieuses qui regroupe les représentants des principales obédiences religieuses du Bénin, a plaidé pour une refonte consensuelle du code électoral, sur la base des huit recommandations formulées par la Conférence Épiscopale du Bénin à l’issue de son colloque du 25 avril 2024 afin de garantir des élections générales apaisée en 2026.

Des pressions ?

Cette position venait renforcer celle de l’opposition qui tirait la sonnette d’alarme sur les nouveaux risques de déflagration dont sont porteuses, selon elle, les dernières innovations apportées au code. Le retrait brusque et sans cause apparente de l’Union Islamique du Bénin est donc vécu comme une trahison par l’opinion publique béninoise qui s’était prise d’enthousiasme pour l’initiative. Il suscite en tout cas beaucoup d’incompréhensions de la part des autres membres de la plateforme où l’on se demande encore quelles pourraient être les raisons objectives de cette volte-face spectaculaire du président Ali Mohamed Assifatou. Qu’est-ce qui se passe désormais au sein du CCCR et qui ne plaît plus à l’UIB au point de lui faire claquer la porte de la plateforme ? L’Union se serait-elle sentie embarquée par le CCCR dans une cause qu’elle jugerait trop politique pour elle ?

Cacophonies

La réponse à ces questions, il faut la chercher au sein même de l’Union Islamique du Bénin, il faut remonter aux événements du 23 juin dernier à Parakou. Ce jour-là plusieurs Imams de Parakou avaient apporté leur soutien au nouveau Code électoral. Tollé général au sein de l’UIB. Dès la publication de cette déclaration, la réaction du Bureau Exécutif National de l’Union Islamique du Bénin ne s’est pas fait attendre. Par le biais d’un communiqué, le bureau exécutif a désavoué les imams frondeurs. « L’Union Islamique du Bénin tient à informer que cette déclaration de soutien, ainsi que tout contenu et actes subséquents, n’émanent en aucun cas de l’Union. Ils ne sauraient être présentés comme représentant sa position officielle sur ce sujet d’actualité. Ces déclarations relèvent exclusivement de l’initiative personnelle des auteurs », avait-t-il indiqué. Tout en déplorant la confusion qu’avait suscitée ce qu’on peut qualifier de ‘’manipulation des cadres religieux’’, elle avait décliné toute implication de ses diverses instances dans cette activité.Reçu sur un organe de presse de la place, le Secrétaire Général du bureau de l’UIB, Yessoufou Abdoul Jalili avait été, on ne peut plus clair : « De près ni de loin, l’Union Islamique du Bénin n’a été associée à cette déclaration. Maintenant, quant au code électoral, il s’agit d’un dossier très important pour nous et qui ne mérite pas d’être traité de cette façon. Selon notre ligne de conduite pour des dossiers qui sont purement politiques, nous essayons de passer par nos moyens bien connus pour faire passer notre point de vue et non agir comme les mouvements politiques et autres, » avait-il déjà notifié.

Cohérence

La doctrine de l’UIB sur les questions politiques est donc basée sur les discussions directes, plutôt que sur les prises de position publiques. Dans ces conditions, difficile pour l’union de s’associer à la position exprimée le 2 septembre dernier par le CCCR. « C’est une question de cohérence », confie à Olofofo un membre de la cellule de communication de l’UIB. Mais de là à claquer carrément la porte du cadre de concertation, les autres membres ne le comprennent pas. « Nous sommes surpris par le retrait de l’UIB», s’exclame le pasteur Michel Alokpo du CCCR. Le retrait de l’Union Islamique du Bénin du Cadre de Concertation des Confessions Religieuses du Bénin est un événement majeur. La communauté musulmane au Bénin représente 27,7 % de la population béninoise. Ce retrait qui a entraîné, comme on peut s’y attendre, la démission du président qui se trouve être l’Imam Ali Mohamed Assifatou, a jeté, à n’en point douter, du discrédit sur le CCCR, l’une des composantes essentielles de ce qu’il reste au Bénin comme société civile. C’est pourquoi l’opinion publique doit comprendre qu’il n’y a aucun malaise en son sein. Ce retrait émane purement du climat délétère interne à l’UIB. Cependant, selon le communiqué de l’Union, ce retrait ne signifie pas une quelconque rupture de relation ni une certaine cessation de collaboration entre le cadre et elle. En attendant, le Cadre de Concertation des Confessions Religieuses devra décider dans les jours à venir s’il poursuit son chemin sans la communauté musulmane ou s’il clôture ses activités et passe à autre chose.

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