Sans surprise, le piège du président Talon s’est refermé sur son ex-ami intime Olivier Boko et l’ancien ministre des sports, Oswald Homéky, qui avait démissionné du gouvernement pour « préparer la candidature d’Olivier Boko ».
Les événements qui se sont déroulés à Cotonou dans la nuit du 23 au 24 septembre, dans une relative indifférence populaire, étaient plus ou moins attendus, tant l’inimitié entre le président Talon et son ex-bras droit avait atteint un point de paroxysme. Olivier Boko et l’ancien ministre des sports Oswald Homéky sont en garde à vue depuis lundi pour une sombre affaire de tentative de coup d’Etat. Les autorités béninoises pensent qu’ils ont échafaudé un complot pour renverser leur “ami” Patrice Talon. Olivier Boko n’a jamais avoué en public son ambition présidentielle – il l’aurait même à plusieurs reprises niée chaque fois que Patrice Talon lui a posé la question – mais plus personne dans le pays n’était dupe de ce qu’il y pensait constamment. C’est au nom de ce projet que le jeune ministre des sports a claqué la porte du gouvernement, c’est pour lui que de nombreux micromouvements se sont formés dans le pays et ont animé des meetings chaque weekend.
Ambitieux
Après tout ce qu’il a fait pour la conquête et la gestion du pouvoir, après les risques qu’il a pris, les décisions graves et parfois tragiques qu’il a prises pour sauver et raffermir le siège de son ami Patrice, Olivier Boko estimait qu’il était le plus légitime dans la galaxie Talon pour hériter de ce fauteuil tant convoité. Seulement voilà, le président de la République avait un autre plan pour sa succession et Olivier Boko n’en faisait pas partie. Le 23 décembre 2023, dans une sortie médiatique qui semble avoir été improvisée uniquement pour envoyer un message de fermeté à son ami Boko et à tous ceux qui, dans l’entourage du régime, commençaient à rêver de succession, le président Talon s’est clairement démarqué de toute cette ébullition qui commençait à monter autour du nom de Boko Olivier. « En politique, je n’ai pas pour habitude de faire la promotion de mes amis ou de ma famille », avait-il lancé froidement sur les antennes de la télévision nationale, avant de corser trois mois plus tard les conditions de candidature pour les prochaines élections générales de 2026.
Dos au mur
C’est au cours du processus de modification du code électoral qu’ont apparu au grand jour les fragilités d’Olivier Boko. Son entourage avait juré à qui voulait l’entendre que jamais ce projet ne passerait à l’assemblée, et qu’ils en avaient les moyens. Au final, non seulement l’homme d’affaires n’a rien pu faire pour empêcher son ‘’ami’’ d’obtenir la majorité qui lui permettait de faire modifier le code électoral, mais pire, Olivier Boko avait été convoqué à une réunion au domicile du Chef de l’État la veille du vote, et humilié devant un beau gratin de députés. « L’argent qu’Olivier vous donne de temps en temps, c’est chez moi qu’il vient le chercher », aurait lancé à l’assistance le Chef de l’État, sans provoquer la moindre protestation du principal intéressé. Cette réunion a marqué un avant et un après. « Depuis cette nuit, confie un député du Bloc Républicain, Olivier Boko a complètement perdu la main ».
L’idée d’utiliser des moyens non conventionnels pour contourner ces nouveaux murs juridiques infranchissables aurait-elle germé à partir de ce moment-là ? Difficile à dire, d’autant plus que rien pour l’instant ne permet d’affirmer avec certitude que ce complot a vraiment eu lieu. Mais pour des personnes déterminées à parvenir à leurs fins, la tentation est grande de jouer le tout pour le tout.
Pour le public béninois, l’unique enjeu de cette guerre ouverte que se livraient les deux amis depuis maintenant plus d’un an, était de savoir qui allait frapper le premier et surtout, qui allait réussir à neutraliser l’autre. À moins d’un nouveau revirement inattendu, la réponse est là, sous nos yeux.