La dernière sortie sans langue de bois de l’ex-patron de la police nationale est interprétée comme une contre-attaque lancée contre un pouvoir qui ne lui a rien épargné depuis 8 ans.
L’ex-directeur général de la police républicaine a choisi de briser les lois du silence concernant ce qu’il considère comme les abus de gouvernance de Patrice Talon. Reçu dans « La grande interview » de Reporter Médias Monde, Louis Philippe HOUNDEGNON a décidé de sortir de son « obligation de réserves » qu’il dit avoir respectée « jusqu’au 2 février dernier avant d’être mis à la retraite d’office ». Décortiquant l’actualité nationale et analysant la pertinence de certaines réformes du pouvoir en place, l’homme qui aura appartenu au corps de la police pendant une trentaine d’années, dont plusieurs en tant que Directeur Général et au cabinet du ministère de la sécurité publique, fait de terribles révélations.
S’inscrivant en faux contre les affirmations du Chef de l’État selon lesquelles les agents de police et des forces armées mis à la retraite d’office n’auront pratiquement rien à perdre, Louis Philippe HOUNDEGNON s’est appliqué à le démontrer. S’il y a une chose sur laquelle il a vraiment insisté, c’est la communication qui a été faite à propos de ladite décision. Aussi, a-t-il déclaré : « Avec mon salaire qui a été déjà coupé en quatre par Patrice Talon, je me suis retrouvé à perdre au moins 200 000 francs sur ce que je gagnais… ». Il ajoute qu’en public, « il ne faut pas venir dire des choses qui n’existent pas ».
La police républicaine vue par HOUNDEGNON
L’un des points forts de cet entretien a été l’analyse de la fusion de la police et de la gendarmerie. Selon Louis Philippe HOUNDEGNON, cette « réforme de la police républicaine est un échec cuisant », en ce sens qu’elle crée des frustrations au sein des agents. S’estimant « qualifié techniquement » pour en parler, l’invité de Reporter Médias Monde pense que des erreurs ont été commises en amont. Il aurait fallu « réécrire la carrière de tous les agents » comme ce fut le cas en Belgique, à l’en croire, et prendre l’avis de la Cour Suprême avant d’aller devant l’assemblée nationale. Ces préalables juridiques n’étant pas faits, Louis Philippe HOUNDEGNON met en exergue l’imperfection du statut de la fusion et relève le flou qui entoure l’usage qui a été fait des armes des deux institutions.
A propos des nombreuses bavures policières qui ont eu lieu depuis quelques années, l’ex-patron de la police nationale n’a pas mordillé ses lèvres pour opiner. Il en impute la responsabilité aux nouvelles autorités de la police républicaine. Les agents de maintien de l’ordre seraient dotés d’armes lourdes, de kalachnikov, dont l’utilisation normale serait la guerre. Il dit : « Il arrive des périodes où une police commence par commettre beaucoup de bavures. Il faut savoir qu’il se pose à elle une question de formation. Quand les gens sont bien formés, les bavures deviennent rares. En dehors de ça, il y a un problème d’encadrement moral… Il y a un problème d’encadrement, il y a un problème de formation, il y a un problème d’accompagnement psychologique de la police. Une police qui tue n’en est pas une ».
« De la subversion »
Cette diatribe inquiète le pouvoir au point qu’il soit attaqué sur divers fronts. Bertin COOVI est monté au créneau et a condamné ces propos qu’il attribue à un égarement qui serait dû à un panafricanisme aveugle. Il appelle « les services qui s’occupent de la sécurité défense » à l’interpeller, en plus du journaliste. « Il faut qu’il fasse une autre sortie pour présenter ses excuses à la République », a-t-il exigé.
Quant au secrétaire général adjoint du gouvernement, Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, l’ex-directeur général de la police a tenu des propos « qui s’assimilent à de la subversion, à de l’attentat au moral des troupes ». « C’est un crime », pense-t-il, s’attaquant sans dé,BéninLouis Philippe HOUNDEGNON inquiète le pouvoir atour à la personne de Louis Philippe HOUNDEGNON en ces termes : « J’ai noté beaucoup de contre-vérités dans ce qui a été dit… Certaines informations dont la gravité n’est pas pour le bien de celui qui les porte, surtout pour les responsabilités qui ont été les siennes… On ne peut pas avoir été Philippe HOUNDEGNON et aujourd’hui être adepte de la subversion. A la limite, c’est pathétique et c’est malheureux pour lui ». Une chose est certaine, la sortie de l’ex-DGPN continuera de faire des vagues.