Bénin : la sonnette d’alarme de l’ex-Garde des Sceaux, Valentin Djènontin, face à la dégradation continue de la situation sociopolitique

Modification du code électoral béninois : « cette Décision de la Cour Constitutionnelle … est en réalité le prétexte nécessaire à une révision de la constitution », dixit Valentin Djènontin

Le dégel de la situation sociopolitique du Bénin, tant souhaité aussi bien par le principal parti politique de l’opposition ”Les Démocrates”, que par la Conférence Épiscopale du Bénin et le Cadre de Concertation des Confessions Religieuses, est loin de connaître sa concrétisation. Au fur et à mesure que les jours passent, la tension sociale ne fait que s’envenimer. Aux séquelles des périodes sanglantes de 2019, 2021 et 2023, vient se greffer l’affaire de complot contre la sûreté de l’État qui impliquerait Olivier Boko et Oswald Homeky. À cette affaire, il faut ajouter la mise sous mandat de dépôt de l’ex-Dgpn, Louis-Philippe Houndégnon et son jeune frère, Inspecteur principal de police, Damien Houndégnon.

Le tableau est loin d’être exhaustif. Il ne faut pas oublier les prisonniers et les nombreux exilés politiques. C’est un tableau véritablement sombre que peint l’ex-Garde des Sceaux, Ministre de la justice et de la législation, Agossou Valentin Djènontin. Dans une publication sur la page Facebook, véritable vitriol du climat sociopolitique du régime de ”la Rupture”, il lance pratiquement un SOS du fait que ”LE BENIN S’ECROULE.”

Lire le message.

Message de l’ex-Ministre Agossou Valentin Djènontin

« Quand les justes se multiplient, le peuple est dans la joie ; quand le méchant domine, le peuple gémit. » Proverbes 29 : 2

L’injustice, la méchanceté, la haine, la terreur, la traitrise, la manipulation, le mensonge, l’égoïsme, la vengeance sont érigés en mode de gouvernance.

Aux principes et valeurs démocratiques, sont substitués l’autocratie, l’autoritarisme et les déviances de tout genre sur fond de népotisme et de régionalisme.

LAISSEZ-MOI LE PAYS

À peine installé dans le fauteuil présidentiel, le premier chantier a été de vider et de classer toutes les procédures judiciaires en cours contre lui, de se faire payer des dettes douteuses sur les caisses du Trésor et les comptes des sociétés et offices du ministère de l’Agriculture ; de relancer le Programme de Vérification des Importations (PVI) de la société Benin Control, de relancer l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC), puis de liquider toutes les sociétés d’État pour se les approprier.

Six mois plus tard, quelques petits kilogrammes de cocaïne pure ont été introduits dans les conteneurs du faiseur de roi (Sébastien AJAVON) au port. Arrêté, jugé puis relaxé au motif de doute par le Tribunal de première instance de Cotonou, il est renvoyé plus tard devant une cour d’exception aux ordres spécialement créée pour se venger de ses adversaires politiques. Condamné à 20 ans de prison, il vit depuis lors en exil en France.

Le monarque ne peut vivre dans une ville dont le Maire est super puissant. Il l’a lui-même avoué lors d’un entretien. Sur ses instructions, un préfet zélé se met à l’œuvre pour la persécution du Maire de Cotonou avec des demandes d’explication, audits accélérés.

Contraint de fuir le pays après la tentative manquée de son arrestation, Léhady SOGLO vit en exil en France. Il a été aussi condamné par la CRIET.

Ancien Ministre de l’économie maritime et des transports maritimes sous qui le PVI a été suspendu ; puis Ministre de la Justice sous qui le procès de la CCJA a eu lieu à Abidjan ; puis en partie les dossiers d’empoisonnement et d’atteinte à la sûreté de l’État ont connu diverses fortunes, l’ancien Ministre DJENONTIN-AGOSSOU Valentin ne pouvait continuer à vivre tranquillement au Bénin, surtout que député à l’assemblée nationale et Secrétaire Exécutif National élu de l’ex parti Force Cauris pour un Bénin Émergeant, il a maintenu son intégrité et sa loyauté au président Boni YAYI en refusant de vendre aux enchères le parti FCBE.

Incapable de conduire à terme le faux dossier de coton monté de toutes pièces, dans lequel l’on a tenté de le salir par de supposés détournements de milliards de FCFA ; l’Assemblée nationale a été saisie pour la levée de son immunité parlementaire, puis l’autorisation de sa poursuite devant la Haute Cour de Justice. Les résolutions ont été détournées par le ministre de la Justice, Sévérin QUENUM pour être confiées à la CRIET.

Après une deuxième vaine tentative de le compromettre dans la gestion du Fonds d’Aide à la Culture (FAC) pour lequel, la commission spéciale d’enquête parlementaire mise en place est allée découvrir un ministre de la Rupture, le rapport n’a jamais été déposé pour être examiné par la plénière de l’Assemblée nationale.

En désespoir de cause, M. DJENONTIN a été finalement convoqué par l’OCRC pendant qu’il était en congé en France pour publication de document sur internet.

Jugé et condamné par contumace à deux ans de prison ferme pour complicité de vol de documents administratifs, il vit depuis lors en exil en France.

Ministre Komi KOUTCHE, cité comme Ministre Fatouma DJIBRIL dans le dossier coton, son cas a été isolé afin de pouvoir l’attaquer avec le dossier du fonds national de microfinance dont il a été Directeur Général.

Trop populaire, il n’a pas le droit de vivre dans le même Bénin que le Roi. Condamné par la CRIET, un mandat d’arrêt international a été lancé pour l’arrêter en Espagne. La justice étant encore crédible et indépendante dans ce pays, la demande de son extradition au Bénin pour assouvir la vengeance du Chef a été rejetée. Il vit désormais en exil aux USA.

Ministre Simplice CODJO, pour avoir interpellé la conscience du président Adrien HOUNGBEDJI, ancien exilé lors de l’étude en plénière de la levée de l’immunité de M. DJENONTIN et autres, un dossier a été monté contre lui pour la levée de son immunité. Il vit depuis 2018 en exil.

Honorable AFFO DJOBO Amissétou et bien d’autres vivent également en exil loin du pays.

VETO SUR LES CANDIDATURES AUX POSTES ÉLECTIFS

Par le truchement du certificat de conformité, tous les partis d’opposition avaient été empêchés de participer aux élections législatives de 2019.

Les soulèvements populaires des 1 et 2 mai 2019 avaient été réprimés dans le sang du Sud au Nord en passant par le centre du Pays, avec des dizaines de morts et des centaines de prisonniers et exilés.

Le Président Boni YAYI qui a frôlé la mort en raison des tirs nourris autour de sa maison a été gardé en résidence surveillée pendant deux mois environs sans médicaments et soins.

Le Président Nicéphore SOGLO, son épouse, la doyenne d’âge de l’Assemblée nationale qui ont marché aux côtés du président Boni YAYI au marché Dantokpa en signe de contestation de l’exclusion de l’opposition des législatives ont été arrosés de gaz lacrymogène.

Une Assemblée nationale composée des seuls députés nommés du Président de la République au titre de la 8ème législature a été installée pour voter des lois crisogènes qui ne cessent de menacer la paix au Bénin jusqu’à ce jour.

Les partis d’opposition ont été en 2020 exclus des élections communales et municipales.

En 2021, les candidats à l’élection présidentielle qui ont osé affronter Patrice TALON dans les urnes ont été capturés sur les ponts de Porto-Novo et de Godomey. Jugés et condamnés à dix et vingt ans de prison fermes par la CRIET, Joël AÏVO et Réckya MADOUGOU continuent leur séjour carcéral malgré les injonctions du groupe de travail de l’ONU et de plusieurs autres institutions de défense des droits de l’Homme.

En 2023, après les blocages administratifs et fiscaux, certains candidats du parti politique Les Démocrates n’ont pu participer aux élections législatives qu’après la censure de leur liste par le pouvoir exécutif.

APOLOGIE DE COUP D’ETAT

Le mercredi 26 juillet 2023, un coup d’état militaire renversa Mohamed BAZOUN, ancien président du Niger.

Dans un activisme de mauvais aloi, le Président béninois s’est lancé dans la lutte de rétablissement de son ami par des menaces ouvertes d’attaque militaire contre le Niger.

Pour empêcher la presse béninoise de continuer à opiner sur les coups d’Etat en Afrique, le régime a fait réagir la HAAC pour mettre sous boisseau radios, télévisions et journaux en les contraignant au silence.

La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), dans un communiqué du président de l’institution en date du 03 août 2023, a invité les organes de presse béninois et les réseaux sociaux à la retenue face à la tension politique qui sévit au Niger.  Elle a demandé à ces organes de communication à faire preuve de plus de professionnalisme et de respect scrupuleux des dispositions constitutionnelles et légales en vigueur au Bénin dans le traitement des informations relatives aux coups d’Etat en Afrique et dans la sous-région sous peine de sanctions.

La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) est allée jusqu’à s’associer au courrier d’un groupe fictif qu’elle a envoyé à son homologue de Togo aux fins de punition à l’encontre du journaliste qui a traité Patrice TALON de gayman. La réponse en retour a été un cours de droit administré au président béninois de la HAAC.

Dans le dessein d’empêcher le peuple d’être utilement informé en évoquant l’« apologie de coup d’Etat », la HAAC n’a pas hésité à fermer des organes de presse qui ont de grandes audiences. C’est ainsi que, par Décision N° 23-031/HAAC du 08 août 2023, le groupe de presse « La Gazette du Golf » a été interdit de toutes activités médiatiques jusqu’à nouvel ordre.

La fermeture du premier groupe de presse indépendant par les autorités étatiques a engendré le licenciement, le jeudi 08 février 2024 de 200 employés après le gel de ses comptes bancaires.

Depuis août 2023, le groupe de presse, qui dispose d’une chaîne de télévision, d’une station de radio et d’un journal bihebdomadaire, est privé de diffusion par suite d’une décision de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) qui l’a accusé « d’apologie de coup d’État » après des commentaires sur la situation au Niger voisin où un régime militaire a chassé du pouvoir le président Mohamed Bazoum fin juillet.

Que reste -t- il de la crédibilité des institutions de la République au Bénin ?

Moins d’un an après la fermeture de Golf FM pour apologie de coup d’État, c’est le Gouvernement béninois, l’Assemblée nationale qui harcèlent les partis politiques, les citoyens à faire l’apologie de coup d’État par des déclarations et marches de soutien au Président Patrice TALON qui aurait échappé au coup d’État planifié par son ami et frère siamois Olivier BOKO.

En effet, dans la nuit lundi 23 au mardi 24 septembre 2024, Olivier BOKO, ami de longue date du président Patrice TALON, a été arrêté par des agents présumés de la Brigade Économique.

Devant micros et caméras de la presse nationale et internationale, le mercredi 25 septembre 2024, le Procureur Spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a déclaré : « Il apparaît que le Commandant de la garde Républicaine ayant en charge la sécurité du Chef de l’État a été entrepris par le ministre Oswald HOMEKY pour son propre compte et celui de M. Olivier BOKO à l’effet d’opérer par la force un coup d’État dans la journée du 27 septembre 2024 »

Les organes de presse sous contrat à la Présidence de la République font depuis lors, sans être inquiétés, ni interpellés l’apologie de coup d’État qui fut interdite.

Un groupe de presse disposant de journal et chaîne de télévision a pris le lead des émissions dans toutes les langues pour l’apologie du coup d’État, puis couvrir d’injures et affabulations tous ceux qui émettent de doute ou réserve sur le fameux coup d’État.

Ainsi va la République sous le régime de la rupture.

LIBERTE D’OPINION ET D’EXPRESSION

Après la fermeture de plusieurs organes de presse, l’emprisonnement de journalistes, d’activistes politiques, la quasi-suppression du droit de grève aux syndicalistes, le cap est mis sur les anciens présidents d’institution (Théodore HOLO, Ousmane BATOKO, Robert DOSSOU), l’épiscopat béninois et bien d’autres intellectuels de renom à qui l’on dénie tout droit d’opinion sur les sujets d’actualité et dérives totalitaires du régime.

D’anciens parlementaires et journalistes sont recrutés pour les attaquer violemment sur des chaînes de radio et de télévision sans le moindre respect pour leur statut.

Les intellectuels et défenseurs des droits de l’homme ne sont pas non plus épargnés.

Le Général Louis Philippe HOUNDEGNON, Ancien Directeur Général de la Police Nationale (DGPN), mis d’office à la retraite avec un millier de militaires et policiers, en paie le prix pour avoir donné son avis d’expert sur des réformes bancales du régime.

En effet, dérangé par ses sorties médiatiques sur les chaînes privées en ligne, le Gouvernement a dépêché à son domicile une horde de policiers.

Après l’encerclement de sa maison sise à Arconville (Abomey-Calavi) dans la soirée du mercredi 13 novembre 2024, les policiers y ont accédé par effraction.

Tard dans la nuit, le Général HOUNDEGNON a été arrêté le jeudi 15 novembre 2024 à 2H30mn.

Auditionné par la Brigade Criminelle puis présenté le même jour à la CRIET, après une avalanche de charges ruminées contre lui : atteinte à la sûreté de l’Etat, harcèlement par voie électronique, occultisme contre le Chef de l’Etat, possession de vieilles cartouches et proposition de coup d’Etat, le procureur spécial a fini par retenir contre l’ancien DGPN les chefs d’accusation de : « incitation à la rébellion et harcèlement par le biais de moyen électronique ».

Placé sous mandat de dépôt, son procès est programmé pour le lundi 16 décembre 2024.

Le vendredi 15 novembre 2024, Damien HOUNDEGNON, Inspecteur de police et jeune frère du Général Louis Philippe HOUNDEGNON qui a publié un texte invitant ses frères et collègues au calme et à la sérénité après l’arrestation de son grand frère, le Général Louis Philippe HOUNDEGNON, est également mis aux arrêts.

DJENONTIN-AGOSSOU Valentin,

Ancien ministre de la Justice,

Député à l’Assemblée nationale, 7ème Législature.

DJENONTIN-AGOSSOU Valentin, Ancien ministre de la Justice, Député à l’Assemblée nationale, 7ème Législature.

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