Bénin : Julia Akpaki invite le peuple béninois à un retour aux fondamentaux de la Conférence Nationale

Julia Akpaki

Le mois de février représente un mois particulier pour le peuple béninois. En effet, c’est durant ce mois de l’année 1990 que le Bénin, à l’issue d’assises historiques, a tourné la page sombre de son histoire. C’est à ce sursaut patriotique qu’invite Julia Akpaki, militante chevronnée du parti ”Les Démocrates”.

Et comme si l’histoire se répétait, jamais la cohésion sociale au Bénin n’a été aussi mise en lambeaux. Aux séquelles des différentes tueries et emprisonnement en 2019 et 2021, s’ajoutent les acrobaties avec les textes et des lois taillés à mesure, la morosité ambiante dans les ménages…

où tous les acquis et symboles de l’historique de la Conférence des forces vives de la nation sont laissés dans des archives. Pour preuves, le souvenir de ces mémorables assises nationales n’émeut plus le régime en place. Le lieu de la tenue de cette conférence est détruit.

Bref, le Bénin se présente depuis quelques années comme un pays sans âme. Malgré les incessants appels de la société civile, des confessions religieuses et des partis politiques de l’opposition à un dialogue national.

Selon Julia Akpaki, militante du parti politique ”Les Démocrates”, l’espoir est permis. Dans un message publié en souvenir de cette période de l’histoire du Bénin, elle a appelé le peuple béninois à « s’engager à fond dans la voie du changement pour la libération de notre pays et pour la sauvegarde de sa démocratie ».

Lire l’intégralité de sa tribune.

Pourquoi le Bénin d’aujourd’hui doit-il ressembler à celui d’il y a 36 ans ?

Mes chers compatriotes

Béninoises et béninois.

Il y a 35 ans, le Bénin, notre patrie commune tournait la page d’une longue période révolutionnaire où les libertés étaient toutes enfouies là où seuls les dirigeants d’alors avaient droit d’accès. La dictature prospérait pendant que le peuple grelottait sous la froideur d’une gouvernance autocratique qui non seulement affamait les béninois, mais aussi faisait autant d’exilés que de prisonniers politiques. La vie au Bénin n’avait pratiquement plus de sens et le quartier latin d’alors s’était rapidement transformé en quartier latrine où la dictature a fait de ses administrés, le peuple béninois, des soumis qui n’avaient aucun droit de s’exprimer ni de manifester.

Puis, en 1990, le Dieu de Monseigneur Isidore De Souza vint au secours de son peuple qui tena, à l’hotel PLM Alédjo, l’historique Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation. Depuis lors et ce, jusqu’en 2016, notre pays le Bénin est devenu, dans la sous région et même dans le monde entier, l’exemple dans la pratique démocratique avec des élections régulières sans heurt et sans effusion de sang. Au terme de nos élections, aucun bain de sang n’a emporté des compatriotes dans ses flots, comme l’avait souhaité feu Isidore De Souza.

Après 35 années de pratiques démocratiques, nous voici devant l’histoire avec un bilan de plus en plus sombre puisque depuis 2016, le Bénin vit dans une incertitude qui non seulement stresse tout le peuple béninois mais aussi et surtout ne rassure personne alors qu’avant, la politique était cette filière qui instaure l’ambiance, la fête, la joie et des défis dans un pacifisme envié au-delà de nos frontières.

Pendant que nous commémorons le 35ème anniversaire de la tenue de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation, nous égrenons les jours qui nous séparent des élections générales de 2026 riches en enjeux et surtout truffées d’incertitudes dans un Bénin qui, semble-t-il, est toujours démocratique.

Et pourtant, tous les ingrédients sont réunis pour classer dorénavant notre pays dans la catégorie de ces États sans état d’âme lorsqu’il s’agit de réprimer les opposants qui sont enfermés et poussés en exil, ou quand il faut interdire les manifestations de tous ceux qui ne chantent pas la gloire des actuels dirigeants. C’est au Bénin d’aujourd’hui que des médias sont suspendus sans ménagement, malgré l’option faite pour le pluralisme médiatique et la liberté de presse. C’est aussi, qu’en dépit de tous les textes, le pouvoir en place caporalise toutes les institutions surtout celles chargées de jouer de rôles clés dans l’organisation des élections démocratiques. La CENA, l’ANIP, la Cour Constitutionnelle, etc..ne comptent aucun représentant de l’opposition en leur sein. Il y a 36 ans, le Bénin vivait exactement ses époques à la différence qu’il n’y avait pas les mêmes institutions.

En 2025, le peuple béninois a faim, a peur et ne peut s’exprimer ni manifester librement sans le risque de se faire arrêter et enfermer. Il y a 36 ans, le Bénin était ainsi gouverné ; d’où la question : pourquoi le Bénin d’aujourd’hui doit-il ressembler à celui d’il y a 36 ans ?

Ces années là, le parti unique, le PRPB faisait la pluie et le beau temps pour ces sociétaires tout comme le Bloc Républicain et l’Union Progressiste qui ont aujourd’hui droit à tout pendant que le parti Les Démocrates qui remplit les mêmes conditions de partis régulièrement établis au Bénin, est persécuté avec ses membres.

Pourquoi devons-nous reculer de 36 ans avec tout ce qui a été consacré, sacrifié, investi et entretenu pour le développement sociopolitique et économique du Bénin et pour la paix, le vivre ensemble et la démocratie ?

Après nous avoir rappelé tous ces moments et surtout les fondamentaux qui solidifient notre société, nous voudrions rendre un vibrant hommage aux différents Pères de l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre ont entretenu et sauvegardé les acquis de cette conférence à commencer par la constitution du 11 Décembre 1990.

Au peuple béninois, nous adressons nos chaleureuses et sincères reconnaissances pour avoir su protéger ces acquis qui sont aujourd’hui dans une tourmante qui appelle à un sursaut patriotique pour éviter à notre pattie de sombrer et de retomber dans les années révolutionnaires.

Aux anciens Présidents Boni Yayi et Nicephore Soglo et à tous ceux comme les présidents Robert Dossou, Théodore Holo, Adrien Houngnedji, Bruno Amoussou, qui ont été tous des témoins encore vivants de la conférence de PLM Alédjo, nous disons merci et en appelons une fois encore à l’engagement patriotique pour sauver ce qui reste du Bénin qui se meurt sur tous les plans sous le poids des réformes qu’entreprend la rupture depuis 2016.

Peuple béninois, nous devons nous engager à fond dans la voie du changement pour la libération de notre pays et pour la sauvegarde de sa démocratie car, une bonne démocratie repose sur des principes fondamentaux tels que la participation citoyenne, la liberté d’expression, l’égalité devant la loi, et le respect des droits fondamentaux.

Toutes choses que la conférence de 1990 a déjà consacrées, mais qui désertent aujourd’hui l’espace politique béninois.

Vive le Bénin,

Vive la Démocratie,

Vives les acquis de la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation,

Je vous remercie.

Julia AKPAKI

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