Bénin / Exécution extrajudiciaire

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Le jeune Martin HOUNGA (18 ans) froidement abattu par la police

Un adolescent a été froidement abattu dans soirée du 04 septembre 2023, alors qu’il était désarmé et ne représentait aucun danger apparent pour les policiers. Son corps a mystérieusement disparu. Les conditions de sa disparition demeurent jusque-là non élucidées.

La police et les autorités béninoises observent un silence assourdissant depuis la survenue du drame le 04 septembre dernier. Une attitude qui a le don d’attiser la colère de l’opinion publique. Sur les réseaux sociaux, un des derniers espaces de liberté d’expression au Bénin, les initiatives pour réclamer justice pour l’adolescent se multiplient. Selon les témoignages des riverains du lieu du drame, les policiers ont ouvert le feu sur l’adolescent après qu’il a tenté de s’enfuir, lors d’un contrôle. Le jeune homme aurait sauté de la moto qui le transportait quand les policiers ont intimé l’ordre au conducteur de s’arrêter.

La version d’un survivant

Un récit corroboré par son frère François qui roulait ensemble avec lui le jour du drame. Martin et François (Hounga) revenaient de Cocotomey (banlieue ouest de Cotonou) où ils étaient allés rendre visite à leur oncle. Sur le chemin, ils auraient dépassé une patrouille motorisée de police dont les deux agents, avec un geste de la main, leur auraient intimé l’ordre de s’arrêter. Se sachant en infraction pour avoir transporté deux personnes, le conducteur a pris la fuite.

Selon le récit de François, les deux policiers auraient engagé une course-poursuite derrière le Zemidjan. Une chasse à l’homme au bout de laquelle des coups de feu ont été entendus. « Pendant la course, le Zemidjan voulait emprunter une petite voie sur le parcours. Lorsqu’il a ralenti, Martin a sauté de la moto. J’ai continué avec le Zem et quelques minutes après, nous avons entendu des coups de feu », a affirmé François Hounga.

Le corps a disparu

De retour sur les lieux, François n’a retrouvé aucune trace ni aucun signe de vie de son frère. Les parents ont pensé qu’il avait été sûrement interpellé et gardé au poste de police. Même le lendemain, toutes les tentatives pour joindre le jeune garçon ont été vaines. Se basant sur les témoignages des riverains qui affirment avoir vu un corps suite aux coups de feu, les parents de Martin Hounga en sont arrivés à la conclusion que leur enfant est décédé et soupçonnent une bavure policière.

Aucune trace donc du corps de Martin HOUNGA pour le moment. Le chef du quartier où l’incident s’est produit a récemment donné sa version dans laquelle il disait ne rien savoir au sujet de l’incident.

Martin, énième victime

Plusieurs organisations se sont saisies du dossier pour faire la lumière sur cet incident. L’association des jeunes juristes appelle les autorités à élucider les circonstances de décès de Martin Hounga à la suite de l’alliance conclave de la jeunesse qui condamne l’acte et réclame justice pour le jeune disparu. OB26, Objectif Bénin 2026 appelle à la modération sur les réseaux sociaux et plaide pour la justice et la vérité dans le dossier de la disparition de Martin Hounga.

Les forces de sécurité béninoises ont la gâchette facile depuis quelques années. La presse libre et les associations de défense des droits humains ont relevé plusieurs incidents semblables depuis les huit dernières années. Parmi eux, Théophile Djaho, abattu en mars 2020 lors d’une manifestation pacifique des étudiants devant le campus d’Abomey-Calavi. Les circonstances de sa mort n’ont encore jamais été élucidées tandis que le policier auteur du coup de feu fatal court toujours.

Recours devant la cour constitutionnelle

Dans le cadre de cette affaire, « Le Quintet », un groupe de cinq militants des droits de l’homme, vient de saisir la Cour Constitutionnelle contre le gouvernement et la Police républicaine. Dans leur recours, Landry Angelo Adélakoun, Romaric Zinsou, Miguèle Houéto, Fréjus Attindoglo, et Conaïde Akouèdénoudjè, accusent la police républicaine, le ministre de l’intérieur, le ministre de la justice et le gouvernement de la république du Bénin de faire « gravement entorse au droit à l’information des citoyens, et surtout en l’espèce, au droit à l’information de la famille du compatriote Martin HOUNGA ». Ils demandent aux Sages de les condamnés pour violation des articles 8, 35, et 36 de la Constitution de la république du Bénin ainsi que de l’article 9.1 de la Charte africaine des droits de l’Homme des Peuples.

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