En République du Bénin, la récente modification du Code électoral a suscité un vif débat entre le gouvernement et divers acteurs de la société civile dont l’Église catholique qui a organisé un colloque pour discuter des implications de cette loi. Ce rendez-vous du 25 avril au Palais des Congrès de Cotonou a révélé des tensions palpables dans l’arène politique nationale. Le gouvernement condamne la démarche de l’Église catholique.
L’objectif de l’Église à travers ce colloque était d’offrir une plateforme pour débattre de la nouvelle loi électorale, toucher du doigt les conséquences possibles de cette dernière sur le vivre-ensemble et sur la démocratie au Bénin afin de prévenir toute crise potentielle de la mise en œuvre du ce nouveau texte électoral. Ce colloque placé sous le thème : « Les modifications du Code électoral au Bénin de 1990 à aujourd’hui : le Code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation, contribution de l’église à la paix sociale pour des élections véritablement démocratiques en même 2026 », a enregistré une participation notable de l’opposition et des représentants de la société civile, y compris les têtes couronnées et les autres confessions religieuses.
Le Clergé a dénoncé un « climat de malaise social et politique », une « morosité économique au sein de la classe moyenne et des moins nantis et l’aggravation du sentiment de frustration » exacerbé par une loi qui, selon lui, ne favorise pas la réconciliation nationale ni la justice sociale encore moins le vivre-ensemble.
En réponse à l’initiative de l’Église, le gouvernement, par son porte-parole, Wilfried Léandre Houngbédji, a dénoncé une prise de position de l’Église catholique qui se devait d’être une médiatrice. Il a reproché au clergé de ne pas avoir suffisamment inclus les voix gouvernementales, pour un débat plus équilibré. « Il ne m’a pas semblé que le Clergé se soit fendu d’un courrier, d’une demande au gouvernement, ou à l’Assemblée nationale pour comprendre les tenants et aboutissants, l’exposé des motifs de ce Code, se faire une idée avant de convoquer ce colloque. L’arbitre neutre, le médiateur aurait fait exactement cela. Pour le colloque, j’aurais voulu voir le Clergé solliciter de l’Assemblée nationale par exemple, de lui mettre à disposition le président de la commission des lois pour venir exposer à cette occasion, les tenants et aboutissants de la loi, donc l’exposé des motifs, et après que les députés de toutes obédiences viennent faire débat », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji.
Sans aucun doute, le colloque sur le Code électoral a servi de catalyseur à l’Église catholique pour mettre en exergue les frustrations accumulées par les Béninois depuis 8 ans de gouvernance du Patrice Talon. L’Église, en adoptant cette position ‘’insurrectionnelle’’, réagit aux représailles subies ces dernières années. Désormais, un face-à-face inévitable semble se profiler à l’horizon entre le clergé et le gouvernement.