L’affaire Steve Amoussou était, à l’instar d’une quarantaine de dossiers, au rôle ce lundi, 10 mars 2025, devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme. Après la lecture des propos de l’accusé lors des interrogatoires et les échanges entre le Ministère public et les avocats, le dossier est, une fois encore, renvoyé au 7 avril par la cour.
Le procès de l’affaire Steve Amoussou est entré dans la phase des débats. Ce lundi, 10 mars, le ton est vertement donné. En effet, la lecture des procès-verbaux lors des interrogatoires a donné lieu à des questions du Ministère public à l’accusé. Sans coup férir, ce dernier s’y est prêté. Par exemple, quand la cour lui a posé la question « Pourquoi vous avez quitté Agbokou et avez choisi Hounvi ? », Steve Amoussou répond : « Agbokou est un personnage que j’incarne à visage découvert et à voix claire. Je prends la devise, Fraternité Justice Travail. Sans liberté, il n’y a pas de fraternité. Ce n’est pas en mettant les gens en prison que nous allons régler les problèmes ». « Qui est l’initiateur de la page Frère Hounvi ? Quel objectif cette page poursuit ? » À ces interrogations, Steve a été on ne peut plus clair dans ses réponses : « Je ne sais pas… La page en question fait connaître les travaux sociopolitiques. Je n’ai aucune activité sur les réseaux sociaux. Si quelqu’un a vécu une situation, il partage… Je donne mon opinion et on en discute… De là où je suis, je n’ai pas accès à la radio ni à la télévision… Je suis un acteur engagé dans le respect des droits », a-t-il indiqué.
L’exacerbation des avocats
Steve Amoussou a répondu avec brio à toutes les questions qui lui sont posées par le Ministère public qui n’est rien autre que le Procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme, Mario Mètonou. Malheureusement, certaines questions vues par les avocats comme des cours de philosophie pour embrouiller leur client, ont fait sortir ceux-ci de leurs gonds. Et c’est justement en ce moment que le ton est monté. Les échanges entre la cour, notamment le Ministère public, et les avocats sont devenus houleux. « Monsieur le président, il faut maîtriser le Ministère public. Quand il posait les questions, on l’a écouté. Alors qu’il nous laisse parler ! », a fini par réclamer l’un des avocats de l’accusé. Le président de l’audience a donc renvoyé le dossier au 7 avril 2025.
Historique
Steve Amoussou, qui serait le chroniqueur anonyme ‘’Frère Hounvi’’, selon l’opinion publique béninoise de même que la justice, a été présenté devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) le lundi 7 octobre 2024, après son kidnapping dans une banlieue de Lomé, au Togo, dans la nuit du 12 août 2024.
Précédemment, les personnes citées par la justice togolaise dans l’affaire d’enlèvement et du transfert de Steve Amoussou vers le Bénin, à savoir, Ouanilo Fagla Mèdégan, Jimmy Gandaho et Géraud Gbaguidi, avaient comparu devant cette même juridiction le mardi, 3 septembre 2024. Deux d’entre elles, notamment les deux dernières, ont été condamnées à 24 mois de prison, dont 12 mois ferme. La Cour a également ordonné que les deux prévenus versent solidairement la somme de 5 millions de francs Cfa à Steve Amoussou, à titre de dommages et intérêts.
La première audience, initialement prévue pour le 7 octobre 2024, a été reportée au 18 novembre de la même année. Par la suite, les sept sages de la Cour constitutionnelle ont examiné, le jeudi 19 décembre 2024, un recours en inconstitutionnalité introduit par les avocats de Steve Amoussou. À l’issue de l’audience, le Conseiller-rapporteur et président de la Cour constitutionnelle, Dorothé Sossa, a estimé que la demande de remise en liberté provisoire de Steve Amoussou était irrecevable, car elle ne relevait pas de la compétence de la haute juridiction. La Cour a donc suivi cette analyse et a déclaré le recours irrecevable.
C’est ainsi que, le lundi 27 janvier 2025, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme a suspendu l’audience à la demande des avocats de la défense, en renvoyant l’affaire à ce jour, 10 mars 2025. Faut-il le souligner, lors des audiences précédentes, le prévenu a plaidé non coupable ; ce qui relance le procès.