Un nouveau rebondissement dans l’affaire Boko-Homeky continue de susciter des interrogations. Ce matin, selon des informations confirmées , une audience aurait été programmée à la Cour Constitutionnelle pour examiner l’exception d’inconstitutionnalité soulevée par la défense. Cette initiative soulève des doutes sur sa légalité, compte tenu des étapes déjà franchies dans cette affaire controversée.
Notre source insiste sur le fait que le dossier a bien été transmis par la CRIET à la Cour constitutionnelle. Ce renvoi, pourtant effectué après que le juge a rendu sa décision, pose un problème fondamental. Comme l’a expliqué un expert en droit constitutionnel, une exception d’inconstitutionnalité, par sa nature, est une question préjudicielle. Elle impose à la juridiction saisie de surseoir à statuer jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel rende sa décision.
Dans ce cas précis, la décision de la CRIET ayant déjà été rendue, le juge ne dispose plus de l’autorité pour transmettre un tel dossier. Selon les spécialistes, une fois la décision rendue, « l’instance est éteinte », rendant toute action supplémentaire juridiquement nulle.
Un rattrapage ou une manœuvre ?
La décision de renvoyer l’exception d’inconstitutionnalité devant la Cour constitutionnelle pourrait être interprétée comme une tentative de rattrapage par la CRIET. Après les multiples dénonciations des avocats de la défense, qui ont mis en lumière les irrégularités dans la procédure, il semble que la juridiction ait pris conscience des manquements. Cette démarche tardive, bien que juridiquement discutable, pourrait être une tentative pour sauver la face et corriger des erreurs flagrantes.
Comme l’explique un analyste, « cette saisine tardive pourrait être contraire à la Constitution, à la loi organique de la Cour constitutionnelle, et au Code de procédure pénale ». Ces critiques renforcent les soupçons d’une gestion précipitée et mal maîtrisée du dossier.
Un dossier complexe et controversé
Pour rappel, l’affaire Boko-Homeky concerne une supposée tentative de coup d’État révélée par le procureur de la CRIET. Olivier Boko et l’ancien ministre Oswald Homeky ont été placés en détention en dépit d’un dossier émaillé de zones d’ombre et d’un manque de preuves substantielles. Depuis, les avocats de la défense n’ont cessé de dénoncer des vices de procédure, notamment le refus initial de surseoir à statuer sur l’exception d’inconstitutionnalité.
Ce nouvel épisode dans l’affaire pourrait bien alimenter davantage les débats sur l’indépendance et la crédibilité de la CRIET. En attendant la décision de la Cour constitutionnelle, une question demeure : la justice béninoise est-elle en train de réécrire ses règles pour réparer ses erreurs, ou ce rattrapage n’est-il qu’une tentative de maquiller une gestion hasardeuse ?