Afrique de l’Ouest : l’AES s’éloigne, la CEDEAO joue son va-tout

Afrique de l’Ouest : l’AES s’éloigne, la CEDEAO joue son va-tout

La mission de Bassirou Diomaye Faye et de Faure Gnassigbé s’annonce quasi-impossible ! Les deux dirigeants togolais et sénégalais sont chargés de ramener leurs homologues de l’AES à la maison. Ces derniers ont annoncé le week-end dernier la création d’une confédération et réaffirmé le caractère irréversible de leur départ de la CEDEAO.

Par Bruno Charles

Les résolutions du premier sommet de l’AES sont un tour de vis supplémentaire pour l’affaiblissement de la CEDEAO. C’est, en tout cas, comme ça qu’elles sont vécues par la conférence des chefs d’État qui veut bien tenter une dernière fois de ramener les trois États sahéliens à la maison.

Réunis samedi 6 juillet dernier à Niamey, la capitale nigérienne, autour du général Tiani, les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel ont réaffirmé le caractère « irrévocable » du départ de leurs pays respectifs de la CEDEAO, tout en faisant un pas supplémentaire vers la consolidation de leur alliance. L’AES est en effet désormais une confédération dont l’acte de création a été adopté, avec un programme plus ou moins précis de convergence aussi bien dans le domaine militaire (priorité des trois États) que dans d’autres domaines du développement. Le communiqué qui a sanctionné le sommet indique que « les chefs d’État ont souligné la nécessité de mutualiser leurs moyens en vue de mettre en place des projets structurants et intégrateurs dans les secteurs stratégiques, notamment, l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’eau et l’environnement, l’énergie et les mines, les échanges commerciaux et la transformation industrielle, les infrastructures et les transports, la communication et les télécommunications, la libre circulation des personnes et des biens et l’économie numérique ».  

Faure Gnassingbé et Diomaye Faye à la rescousse

Le sommet du 6 juillet fut également l’occasion pour les trois dirigeants militaires de refaire le réquisitoire de la CEDEAO qu’ils accusent d’avoir voulu détruire leurs pays. « Les chefs d’État, écrivent-ils, ont rappelé la lourde responsabilité de la CEDEAO dans l’exercice des valeurs de fraternité, de solidarité et de coopération entre les États et les peuples concernés. Ils ont souligné à cet égard l’impact néfaste des sanctions illégales, illégitimes et inhumaines et des menaces d’agression contre un État souverain. » . Aussi, se sont-ils félicités de leur retrait irrévocable et sans délai, de la CEDEAO.

Hasard du calendrier, le sommet de la CEDEAO se tenait 24h plus tard à Abuja où les chefs d’État ont décidé de charger le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Togolais Faure Gnassingbé de parler avec les trois présidents ‘’rebelles’’ afin de les ramener à la maison. Ils sont les deux présidents les plus proches des juntes. Le président Faure Gnassigbé a en effet aidé le Niger à contourner l’embargo de la CEDEAO en mettant à leur disposition le port de Lomé, tandis que le Diomaye Faye élu seulement en mars dernier, a l’avantage de ne pas avoir participé à la prise des sanctions que les juntes reprochent à leurs homologues.

Pour autant, la mission risque de s’avérer quasi-impossible tant la cassure entre l’AES et la CEDEAO semble profonde.

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