Affaire Steve Amoussou : des mandats d’arrêts émis contre les ravisseurs, leurs complices arrêtés

Parmi les ravisseurs présumés, Ouanilo Mèdégan, un fonctionnaire rattaché à la Présidence de la République du Bénin

L’opération ayant conduit à l’enlevement le 12 août dernier d’un opposant béninois exilé au Togo a commencé par révéler ses secrets. Selon la télévision publique togolaise, la justice du Togo vient d’émettre un mandat d’arrêt international contre les membres du commando qui a enlevé Steve Amoussou à Lomé. Trois d’entre eux ont été formellement identifiés à la suite d’une vague d’arrestations opérées dans les rangs de leurs complices.

Un haut fonctionnaire civil

Les investigations des autorités togolaises auraient permis d’identifier formellement un certain Ouanilo Mèdégan. Ingénieur en systèmes d’information et cybersécurité, il dirige depuis 2016 l’agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’information (ANSSI), une structure rattachée à Présidence de la république. Ouanilo Mèdégan est recherché en compagnie de autres individus de nationalité béninoise, tous membres du club de boxe extrême (MMA) qu’il a fondé à Cotonou. Il s’agit de Jimmy Gnadaho et Géraud Gbaguidi. également.

Un appât féminin

Parmi leurs complices, une certaine Priscilia Témitokpè Klébo esthéticienne béninoise établie à Lomé. Elle aurait joué un rôle décisif dans la réussite de l’opération. Priscillia Temo était en effet sur les lieux du rapt la nuit où monsieur Amoussou a été capturé, elle a été séquestrée par les riverains et livrée à la police. Juste avant d’être jeté dans la fourgonnette, Steve Amoussou aurait crié « ne laissez pas la femme partir ! ». Le Parquet du tribunal de Lomé la soupçonne d’avoir servi d’appât à la victime. Plusieurs autres personnes dont au moins un officier de police ont été également arrêtées et inculpées.

La suite

Interpol, l’organisation internationale des polices judiciaires à laquelle le Bénin est partie, est chargée de retrouver, d’arrêter et de remettre les ravisseurs de Steve Amoussou aux autorités judiciaires du Togo.

Comme l’avançait Olofofo dans son édition du 14 août 2024, l’enlèvement de Steve Amoussou ouvre un nouveau chapitre de la tension diplomatique latente entre les deux états. L’implication directe présumée d’un haut fonctionnaire qui reçoit ses ordres et rend compte directement au président Talon, amène plusieurs commentateurs à s’interroger sur le degré d’implication du chef de l’État béninois dans cette opération. Soupçonné par la justice béninoise d’être le Frère Hounvi, ce chroniqueur politique qui critique depuis plusieurs années le régime du président Patrice Talon, Steve Amoussou a été enlevé dans la banlieue ouest de Lomé dans la nuit du lundi 12 août 2024 et livré à la police béninoise la même nuit. Il a été déféré une semaine plus tard et placé sous mandat de dépôt.

Il est poursuivi pour « harcèlement par voie numérique, production et diffusion de fausse nouvelle et incitation directe à la rébellion ». Sa première audition est prévue pour le 7 octobre prochain.Les mandats d’arrêt émis contre les ravisseurs de Steve Amoussou mettent à mal les théories selon lesquelles le gouvernement du Togo aurait coopéré avec son homologue béninois pour livrer l’opposant. Une théorie émise le 23 août dernier par une dizaine d’associations togolaises de défense des droits humains.

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