Affaire Boko-Homéky : Me Kato Atita relève de nombreuses irrégularités dont est entachée la procédure

Me Kato Atita

Le rejet par le juge de la commission d’instruction de la Chambre d’appel de la Criet, des demandes introduites par le conseil de l’homme d’affaires Olivier Boko et de l’ex-Ministre, Oswald Homéky, continue d’intriguer les avocats. Après avoir relevé des insuffisances notoires dans la procédure et, vu la rapidité avec laquelle les demandes ont été rejetées, Me Kato Atita, au cours d’une émission sur Crystal News, a exprimé ses craintes vis-à-vis du sort de ses clients.

À l’instar de l’avocat Ayodélé Ahounou dans notre publication de ce samedi, 30 novembre 2024, son collègue Kato Atita, n’est pas moins inquiet quant à ce qui adviendra de l’homme d’affaires Olivier Boko et de l’ex-Ministre des sports Oswald Homéky. Entré aux côtés de ses collègues avocats, le 28 novembre dernier, pour la défense des présumés coupables dans l’affaire de ‘’complot contre la sûreté de l’Etat, de blanchiment de capitaux et de corruption d’agent public’’, Me Kato Atita a relevé beaucoup d’irrégularités. Selon lui, déjà à la fin de l’instruction de l’affaire devant le juge de la commission, une première décision devrait être prononcée en prélude à la sentence. « Ça peut être tout simplement une décision de non-lieu, pour peut-être eux tous, peut-être pour deux (2) des trois personnes inculpées ou pour une personne des trois inculpées. Ça peut être aussi une décision de renvoi devant la juridiction de jugement ; ça peut être une décision de disqualification et de requalification des griefs du point de départ », a clarifié l’avocat.

Après avoir expliqué de fond en comble la procédure devant la commission d’instruction, il a affirmé qu’aucune des demandes de nullité et d’informations complémentaires formulées par ses collègues devant la section d’appel de la commission d’instruction de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet), le 28 novembre 2024, n’a reçu l’adhésion des juges. Même, a-t-il informé, le report de la décision du juge d’instruction demandé par ses soins pour prendre connaissances du dossier, a été purement rejeté. Si, selon l’avocat Ayodélé Ahounou, les présumés coupables sont en face de juges qui ne seraient pas en quête de vérité, à en croire son collègue Kato, il a le sentiment que l’on veut juger très rapidement Boko Olivier et ses co-inculpés. « On veut que le procès soit rapide et très rapide. […] Si nous sommes devant des juges et que les procédures sont conduites de cette manière, nous sommes formés pour comprendre que le verdict est connu à l’avance, qu’on ne doit pas espérer grand-chose de la suite », a-t-il constaté.

Le temps d’instruction du dossier est à la décharge des prévenus

« Les magistrats n’étaient pas sous la contrainte d’un délai, mais ils ont agi avec une célérité que rien n’explique », avait trouvé Me Ahounou. Selon son collègue nouvellement entré dans le dossier, le temps d’instruction est à la décharge d’Olivier Boko, d’Oswald Homéky et des autres personnes inculpées. À en croire ses propos, le temps d’instruction des demandes de nullité et les mesures complémentaires introduites par le conseil des avocats devraient concourir à une instruction à décharge. « Je ne pense pas que l’on peut conduire un dossier pénal à terme et aboutir à un procès équitable si l’on ne connaît pas le mobile de l’acte jugé criminel, le mobile de l’acte jugé d’infraction », a avancé Me Kato Atita. Selon ce dernier, les personnes, en présence dans ce dossier, ont quelque chose de particulier. Juridiquement, à en croire ses propos, ce sont des personnes différentes. Mais, sociologiquement et dans l’esprit des Béninois, « il s’agit d’une et même personne. L’intimité, la proximité, l’amitié, sont notoirement connus, de sorte que quand on voit l’un, c’est comme on a vu l’autre. C’est pour dire qu’aujourd’hui, ce qui est reproché à l’un, doit pouvoir surprendre. Comment on a pu en arriver là ? Comment quelqu’un qui se confond à vous, qui forme une unicité à vous dans la conscience de la population entière, on peut subitement dire qu’il est l’auteur d’un acte aussi grave ? », a-t-il soutenu. Selon Kato, le Chef de l’Etat, Patrice Talon fait partie de la procédure. Donc, logiquement, il devrait être entendu dans ce dossier pénal. « S’il était entendu, même si monsieur Boko cachait le mobile au juge, lui ne pouvait pas cacher le mobile au juge. Dans ce dossier, il a deux qualités : qualité de personne physique, qualité en tant qu’institution. Donc, si on analyse juridiquement, il est plaignant à titre privé, soit au nom de la nation », a-t-il démontré.

Me Kato Atita clame haut et fort que l’instruction n’est pas complète. Il va plus loin en rappelant les conditions d’arrestation de l’homme d’affaires, vers les environs de deux (2) heures du matin, vu l’unicité qu’ils forment. « La justice doit comprendre ça. C’est pourquoi je dis, il (parlant du Chef de l’État, Patrice Talon), n’est pas étranger à la procédure », a-t-il réaffirmé.

Loin de jeter les armes avant le combat, l’avocat nourrit peu d’espoir quant à une issue favorable à leurs clients, mis sous mandat de dépôt depuis le 1er octobre 2024. Néanmoins, il rassure que la défense effectuera son travail jusqu’au bout pour l’éclatement de la vérité.

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