L’affaire dite d’atteinte à la sûreté de l’Etat dont l’homme d’affaires Olivier Boko et l’ex-ministre Oswald Homeky seraient les instigateurs, continue susciter des réactions. Attendu par l’opinion publique pour sa réaction sur l’affaire, l’ancien Ministre du 1er gouvernement de la Rupture, Candide Azannaï, avait émis de sérieux doutes sur la sortie médiatique du Procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme. Un point de vue qui avait valu une appréciation du Porte-parole du gouvernement. Tôt ce matin du jeudi, 24 octobre 2024, une nouvelle réplique du professeur de philosophie ne s’est pas fait attendre.
Dans un long texte, savamment rédigé et publié sur sa page Facebook, l’ancien Ministre Délégué Chargé de La Défense Nationale du premier gouvernement de la Rupture a donné sa réplique au Porte-parole du gouvernement. Qu’il vous souvienne, dans sa réflexion, Candide Azannaï s’était demandé s’il ne fallait pas qualifier l’affaire d’atteinte contre la sûreté de l’Etat qui impliquerait l’homme d’affaires Olivier Boko et l’ex-Ministre des sports Oswald Homeky, de « règlement de compte plutôt que d’un coup d’état déjoué ». « Et si tout ce tableau depuis juillet 2024, était savamment orchestré pour un coup double à savoir, donner une leçon de canaillerie politique destructrice à l’un et se débarrasser définitivement de l’autre qui peut constituer une sérieuse gêne complexe aux regards de ses prétentions perceptibles sur 2026 ? » s’était-il interrogé dans une longue publication. Ce point de vue avait attiré l’appréciation du porte-parole du gouvernement qui, lors d’une sortie médiatique, avait d’abord rappelé le contexte. « Si vous voulez parler de notre grand frère, notre aîné, monsieur Azannaï que nous connaissons tous et que nous respectons pour le parcours respectable qu’il a eu, si vous me parlez de sa sortie, je vous dirais, comme j’ai pu tout l’heure, à mon avis : “ce n’est pas des sujets avec lesquels on joue” », avait-il déclaré. Selon Wilfried Léandre Houngbédji, cette affaire est sérieuse pour être banalisée. « On ne nous demande pas de venir faire de la dissertation française ou philosophique autour. Et s’il y a un tel sujet qui se trouve aux mains de la justice, tout démocrate, tout responsable, à mon avis, devrait se garder de jugement de valeur et attendre que la justice vide le dossier. Demain, la justice pourra dire, il y a matière à condamner, il y a matière à ne pas condamner, et à l’arrivée, nous prendrons acte de ce qui aura été fait », avait-il affirmé tout de go.
”Il n’y a jamais eu ni un coup d’Etat, ni eu un quelconque déjouement d’aucun prétendu coup d’Etat en septembre 2024”
Comme on pouvait s’y attendre, Candide Azannaï ne s’est pas fait prier pour revenir à la charge. Dans une diatribe intitulée ”La bassesse politique du porte-parole du gouvernement ébaubi par un virtuel coup d’Etat clé en main”, l’homme politique a réitéré sa position par rapport à cette affaire qui défraie toujours la chronique. Il s’est offusqué de la réaction du porte-parole du gouvernement qui semble recommander de l’occultisme autour de l’affaire. « Face aux menaces par recours aux chicaneries récurrentes du pouvoir déviant dit de la rupture aux abois, face à la bassesse étalée et aux indécentes provocations du Porte-parole du Gouvernement, j’appelle à rester ferme et plus que jamais déterminé jusqu’au bout », a-t-il d’abord prévenu avant de déclarer : « La virtualité dudit coup d’Etat clé en main est relative d’une part au statut civil des présumés prévenus HOMÉKY et BOKO , deux civils bon teint et d’autre part à la posture réfractaire de leur seul référent opérationnel dont le statut est militaire, de surcroît un Colonel et Patron de la Garde présidentielle, dite républicaine ».
En réexpliquant son point de vue sur l’affaire, Candide Azannai affirme douter qu’un quelconque coup d’Etat ait été déjoué du 23 au 24 septembre 2024. Mais, « je déclare et je soutiens fermement et fortement qu’il s’agit cette nuit du 24 septembre 2024 d’un montage politique pour extorquer des éléments de preuves à charge à l’effet de règlement de compte politique et affairiste. Point, barre », réitère-t-il avec fermeté.
Affaire Boko-Homeky et le secret d’une affaire pendante
À en croire les réflexions de l’ancien Ministre Délégué Chargé de La Défense Nationale, les justificatifs du Porte-parole du gouvernement sur les nombreuses critiques suscitées par l’affaire ne tiendraient pas la route. « Toute affaire, tout dossier, tout élément de n’importe quels dossiers ou affaires portés de n’importe quelle manière dans le domaine public par une autorité d’une Institution publique, administrative, judiciaire ou d’une institution politique sortent des contraintes de l’obligation de réserve, de retenue et du principe de l’obligation de secret. Il est ainsi en ce qui concerne les éléments des enquêtes préliminaires et de l’instruction judiciaire dès lors que lesdits éléments ou dossiers sont portés dans l’opinion ou dans le domaine public par une médiatisation du fait d’une autorité politique, administrative, judiciaire, d’un agent de justice et / ou de la police judiciaire qui en ont connaissance », a-t-il argumenté. Selon lui, du simple fait que des éléments d’une enquête préliminaire sont confiés à la presse, un dossier cesse désormais d’être la seule affaire de la justice. L’opinion peut dès lors s’en saisir à satiété. Donc, « C’est pourquoi du Procureur à l’instruction en passant par les parties en conflit, il est recommandé une étanchéité déontologique du principe du secret des éléments de l’enquête à tous les niveaux. La déclaration devant la Presse en date du 25 septembre 2024 du Procureur spécial de la CRIET n’est en conséquence plus seulement une affaire des institutions judiciaires , elle est concurremment une affaire de l’opinion publique à cause de sa sur- médiatisation », a-t-il notifié.
Partant de l’éclairage du patron du Groupe Nsia Banque Côte d’Ivoire, Jean Kakou Diagou sur la souscription d’une police d’assurance de 55 millions à la date du 09 juillet 2024 au lieu d’un compte bancaire de 105 millions à la date du 06 août 2024, le professeur de philosophie a affirmé que « le silence dans l’Etat de droit peut être citoyen et résulter de la confiance publique dont sont créditées les Institutions républicaines, par contre dans un État de lois scélérates, le silence est une lâcheté, une compromission avec le pouvoir déviant et abject. »
Pas de devoir de réserve…
Candide Azannai ne compte pas se fier au devoir de réserve que tente d’enseigner le Porte-parole du gouvernement. « Je préviens en conséquence qu’il n’y aura aucun silence, aucune obligation de réserve, d’observation totale ou partielle du principe du secret de l’instruction de la part des citoyens lucides sur aucune déclaration d’aucune autorité judiciaire, administrative et politique dès lors que de par ces mêmes autorités, la justice est politiquement mise en concurrence avec l’opinion publique par la médiatisation imprudente ou orientée d’un dossier, des éléments de l’enquête préliminaire ou de l’instruction judiciaire en cours. », prévient Candide Azannaï qui ne compte pas se murer dans un silence comme le lui a recommandé Wilfried Léandre Houngbédji.