Accusations de coup d’État au Bénin: les preuves exhibées pour l’affaire Boko-Homéky confirment les doutes sur l’affaire Joël Aïvo

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En ce qui concerne les éléments de preuve exhibés dans les deux affaires, c’est le jour et la nuit. Dans l’affaire Aïvo, le parquet de la CRIET n’a exhibé aucun élément de preuve ni avant, ni pendant le procès.

Le miracle n’a pas eu lieu. L’homme d’affaires Olivier Boko et l’ex-Ministre, Oswald Homéky sont mis sous mandat de dépôt. Ils sont retenus dans les liens de la justice pour ”tentative de coup d’État”. En attendant leur procès qui va déterminer leur condamnation, l’opinion publique nationale et celle internationale retiennent au moins que le chef d’accusation n’est pas nouveau. Le dernier cas en date, l’affaire Joël Aïvo. Le professeur de droit constitutionnel, candidat à la présidentielle d’avril 2021, a été reconnu coupable par la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme, de « blanchiment de capitaux » et « d’atteinte à la sûreté de l’État. » Qu’il vous souvienne, il a été condamné, ainsi que deux autres coaccusés (Boni Sarè Issiakou et Ibrahim Bachabi Moudjaïdou), dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 décembre 2021, à dix (10) ans de réclusion criminelle et 45 millions de francs Cfa d’amende.

Aux lendemains de cette condamnation, des réactions n’avaient pas manqué. « La peine est disproportionnée, excessive, abusive. Elle est absurde… On ne peut la comprendre qu’avec une lecture purement politique, avait déploré Ludovic Hennebel, professeur à la faculté de droit d’Aix-en-Provence et avocat au sein de l’équipe de défense internationale de Joël Aïvo. Le pouvoir en place envoie un signal fort à tout opposant politique qui oserait lui faire de l’ombre ces dix prochaines années ».

Quant à l’ancien bâtonnier et avocat béninois Me Robert Dossou, il n’y avait rien de raisonnable dans cette condamnation. Aussi, a-t-il vivement réagi en ces termes : « Ce dossier est vide, la procédure pénale est devenue un instrument de terreur. On assiste à un recul généralisé des libertés publiques. Tout ça me rappelle les procès politiques d’antan, lorsque le Bénin était un pays instable et coutumier des coups d’Etat. On peut faire appel de la décision de la Criet pour la forme, mais je vous avoue que notre client n’est pas chaud pour cela ».

La nouvelle affaire

De sa condamnation jusqu’à la date d’aujourd’hui, personne ne se souvient des preuves de ce chef d’accusation contre le professeur de droit constitutionnel. L’éminent constitutionnaliste était entendu à la barre sur l’origine de sa caution de 50 millions de francs Cfa déposée dans le cadre de sa candidature à l’élection présidentielle. Selon l’accusation, celle-ci aurait en partie été financée par Arnaud Houédanou, soupçonné d’être le financier du complot, mais jamais poursuivi devant la justice. A la grande surprise des avocats de la défense, voici ce qui a été retenu et venant du Procureur de la Criet, Mario Mètonou : « Le complot contre la sûreté de l’État est constitué dès son acceptation morale avant qu’il ne se concrétise. Joël Aïvo est bénéficiaire du complot financé par Arnaud Houédanou ».

Nous voici en face d’une autre affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Et contrairement à l’affaire Aïvo, des éléments de preuves ont été exhibés. Il s’agit d’une capture d’écran d’un compte bancaire d’un montant de cent cinq (105) millions de francs Cfa, ouvert en Côte d’Ivoire au nom du Commandant de la garde républicaine, une photo des sacs derrière un véhicule qui appartiendrait à l’ex-Ministre des sports, Oswald Homeky ; lesquels sacs contiennent une faramineuse somme d’un milliard et cinq cent millions (1.500.000.000) de francs Cfa, avec des précisions sur les différentes coupures de billets, destinée toujours au Commandant.

Des aveux d’ex-députés

L’opinion publique retient pour le moment son souffle. L’homme d’affaires Olivier Boko, l’ex-Ministre, Oswald Homéky et d’autres accusés, sont déposés en prison, en attendant leur procès. Mais, déjà, le Béninois lambda fait sa comparaison des deux affaires. Au moins, en ce qui concerne les preuves et en conclut que le professeur de droit constitutionnel n’a pas sa place en prison. Selon la majorité des Béninois approchés, on n’a pas besoin d’être un agrégé en droit pénal pour reconnaître la vérité dans les deux affaires.

La cerise sur le gâteau, ce sont les aveux certainement involontaires de l’amicale des anciens députés de la 8e législature, qui trahissent la conscience collective du précarré de la haute sphère de l’État. Leur porte-parole, l’ex-députée Sèdami Mèdégan Fagla a affirmé avec une émotion perceptible, que « l’intervention rapide des forces de défense et de sécurité a permis de déjouer ce coup, évitant ainsi ce qui aurait pu être la première atteinte grave à la stabilité du pays depuis l’ère démocratique initiée en 1990 ». Il n’y a donc plus de doute sur les deux affaires de coup d’État. Le professeur Aïvo est pourtant toujours en prison.

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