Il y a des lectures qui révoltent. Celle faite dans les médias du Bénin et sur les réseaux sociaux appelle une réflexion à la hauteur de la manipulation.
- Rassembler tous les Béninois autour d’une table pour discuter des problèmes du pays et leur trouver solution pour rétablir un climat de paix et de concorde;
- Libérer les prisonniers politiques et créer les conditions de retour des exilés ;
- Écarter les lois d’exclusion qui entravent le droit de tous les courants politiques à se présenter aux élections pour éviter les frustrations qui engendrent les violences.
Ces quelques conseils prodigués à l’occasion des vœux du nouvel an par un homme politique à l’expérience avérée et au parcours exceptionnel qui aurait dû être l’amorce d’un vrai débat politique nationale dans un contexte d’incertitude et de péril à l’horizon, ont déchaîné au contraire un déferlement d’injures, de dénigrements et de ragots servis à l’opinion par réseaux sociaux et médias interposés de la part des partisans du statu quo.
Après avoir, tour à tour, lié à la soif d’argent, à la sénilité, au chantage à la nomination à strapontins etc…et ne parvenant pas à retourner l’opinion en leur faveur, c’est désormais à la vengeance pour motif personnel que sont imputés les propos du président Houngbédji.
Cette incursion malsaine dans la vie privée des gens n’est pas sans danger pour les supporters du régime de la rupture. À vouloir faire flèche de tout bois, ceux-ci risquent de recevoir des volets de bois vert qui ne manqueront pas d’atteindre celui qu’ils croient défendre à tout prix pour préserver leur mangeoire.
Les conditions exprimées par Me Adrien Houngbédji le 2 février 2025 sont-elles mauvaises ? :
- Février 1968 : il plaidait déjà le respect de l’État de droit contre la raison d’État ; était-ce une vengeance et contre qui ? (Affaire Chasme) ;
- Février 1975, contre le régime militaire révolutionnaire, il dénonçait les violations des libertés, il plaidait pour Mr Bertin Borna. Ce qui lui valut emprisonnement, condamnation, spoliation de ses biens, évasion et exil pendant 15 ans : était-ce une vengeance et contre qui ?
- Novembre 1989, Jeune Afrique demandait à l’exilé et condamné à mort qu’il était, “qu’attendez-vous du gouvernement Kérékou”, il répondait : « j’en attends qu’il annonce clairement que l’amnistie n’est pas une fin en soi mais le prélude à la réconciliation nationale et l’unité nationale… Ce qui nous sépare se sont essentiellement le parti unique, les méthodes du gouvernement, les choix économiques et la gestion de la chose publique ». Était-ce une vengeance et contre qui ?
- 2005 : “l’État de droit est un bloc…Invoquer la démocratie tout en restreignant les droits individuels et collectifs ne peut avoir comme résultat à plus ou moins long terme que l’autocratie ou la dictature “ ( IL N’Y A DE RICHESSE QUE D’HOMME, édition l’archipel page 29); était-ce une vengeance? Et contre qui ?
- 2015 : lors de son investiture en septembre 2015, un an avant l’arrivée de Patrice Talon au pouvoir il a appelé à “ la réforme du système partisan”. Était-ce une vengeance ? Et contre qui ?
Il faut dire qu’à cet effet, dès le début de cette 7ème législature-là, le tout nouveau président du parlement a mis en place une commission chargée de poser les bases de la réforme qui devait garantir la démocratie au sein des partis, leur financement par des fonds publics, la formation des cadres et des militants etc… Des partenaires du Bénin dont le PNUD ont été associés. Le socle de la réforme proposée par le président Adrien Houngbédji était la libre adhésion. Mais à la surprise générale, à l’élection du président Talon en 2016, une proposition de loi a été introduite au pas de charge, et injonction était faite aux uns d’aller dans UP et aux autres de rallier BR. Certains qui étaient au BR ont été sommés de rejoindre l’UP et vice versa. Or L’ADHESION DEVRAIT ÊTRE VOLONTAIRE ET LIBRE. Une adhésion qui n’est pas libre et volontaire ne peut produire que les partis inertes que nous voyons, une bureaucratie incapable d’animer la vie politique, des partis sans véritables leaders, dont les militants ne se sentent engagés que dans la mesure des avantages qu’ils peuvent en retirer.
Le Prd était devenu une bête noire à faire disparaitre au même titre que tous les autres partis qui existaient avant 2016. Selon la constitution, le président de l’Assemblée lui-même n’a pour seule prérogative que de faire annoncer la proposition de loi dès que déposé à son secrétariat tout en l’affectant en plénière à une commission en l’occurrence la commission des lois. Le reste est exclusivement laissé au bon vouloir de la majorité parlementaire pour l’inscription à l’ordre du jour en conférence des présidents, l’étude et le vote en commission puis en plénière. Le président de l’Assemblée n’a pas le droit d’intervenir dans les débats à moins de quitter momentanément le perchoir avant d’intervenir dans le débat. Quand il vote il n’a que sa seule voix. C’est trompé les Béninois que de dire que le président Houngbédji a porté et voté une loi.
2018 : Le Président Houngbédji a appelé à des réformes vu l’état dans lequel se trouve le pays à l’avènement de la rupture. Cet appel ne signifie nullement l’instauration de l’EXCLUSION, de la multiplication des prisonniers et des exilés politiques. Était-ce une vengeance ? Et contre qui ? On peut faire des réformes sans recourir à de telles extrémités surtout lorsqu’on dispose d’une écrasante majorité à l’Assemblée nationale. Pourquoi les conseils de Houngbédji en 2018 auraient été respectés alors que ceux de 2025 lui valent tant d’inimitié ?
La réaffirmation d’une conviction exprimée par le patriarche depuis 57 ans devient subitement une vengeance parce qu’elle est dirigée contre le président Talon. Quelle indigence ! Les Béninois ont bien compris. À vouloir porter le débat sur le plan d’une affaire personnelle, les thuriféraires du régime prennent le risque de faire étaler sur la place publique des faits qui n’honoreraient pas celui qu’ils prétendent défendre.
Fort heureusement la stature d’homme d’État du président Adrien Houngbédji nous épargnera cet amalgame. Mais mieux vaut ne pas pousser le bouchon plus loin car “tant va la cruche à l’eau qu’à la fin, elle se brise”.
Par ailleurs le Prd n’a jamais demandé à fusionner avec l’UP. Le processus a été enclenché à la demande de l’UP. Et quand le Président Houngbédji dit qu’il doute qu’il y a fusion il sait certainement de quoi il parle puisque que les instances des deux partis n’ont pas poursuivi la procédure de fusion jusqu’à son terme tels que prévus dans les statuts et règlements intérieurs respectifs des deux partis. La pratique de la fusion telle que pratiquée par l’UP est en réalité une exclusion progressive et même accélérée du Prd de la vie politique. Chacun des deux partis, à son niveau interne, devait faire valider par le conseil national et le congrès, la fusion. Ce qui n’a jamais été fait, en dehors du meeting du 21 juillet 2022 présenté à l’opinion comme le congrès de fusion des deux partis. DEPUIS PLUS RIEN !
La seule réforme concrète de la promotion du genre c’est la loi qui a permis d’accorder plus de place aux femmes au sein de l’Assemblée nationale, loi qui a été rédigée de la propre main du président Houngbédji malgré l’obstruction que cela a rencontré au parlement. Une première tentative d’adoption a échoué sous la 7ème mandature. Il a fallu son départ du perchoir pour que sa proposition soit finalement votée et présentée comme une nouvelle initiative, cette fois-ci par la 8ème législature. Retenez déjà que c’est sous la 3ème législature, sous la présidence de Houngbédji que la principale réforme en faveur des femmes au Bénin a été réalisée à travers le code de la famille en 2000. Le président de la République a beau être attaché au destin de la femme, la constitution du Bénin ne l’autorise pas à s’immiscer dans la vie privée des ménages ni à interférer sur les décisions de justice en la matière.
Ce faisant, la séparation des pouvoirs qui est le socle du régime politique du Bénin vole en éclats.
Quant à l’honnêteté de la rectitude du fils de l’amazone, celle du président Houngbédji qui est un descendant du roi Ghezo et du roi Agonglo par sa grand-mère n’est pas non plus à démontrer : son parcours en témoigne ; le confort personnel du président Houngbédji dans l’arène politique a été essentiellement un parcours de sacrifice et de privation.
À suivre