Travaux de « rénovation » à la prison civile de Missérété, Cotonou et Parakou : des cellules de luxe pour des détenus de marque ?

Ces derniers jours, des informations font état de travaux inhabituels dans les maisons d’arrêts de Cotonou et Parakou. Il s’agit de la réfection de quelques locaux de ces deux centres de détention ainsi que la Prison civile d’Akpro-Missérété. C’est peut-être la mise en œuvre du projet d’extension et de réhabilitation des établissements pénitenciers annoncé par l’Etat. Mais pour le constat fait, ce sont des aménagements exceptionnels qui sont en cours. Selon des informations qui nous sommes parvenues, trois pièces, autrefois utilisées comme salles de repos pour les policiers à la prison de Cotonou, ont été transformées en véritables « cellules de luxe ». Mais, pourquoi un tel investissement dans des prisons censées recevoir des criminels ou des accusés de diverses infractions ?

La question prend tout son sens lorsqu’on évoque la récente affaire de tentative de coup d’État déjoué au Bénin. Une actualité qui a secoué l’opinion publique avec la mise en cause de deux figures clés ; Olivier Boko, un homme d’affaires influent et proches du pouvoir, et Oswald Homeky, ancien Ministre des Sports.

Cette première hypothèse sous-tend la possible incarcération prochaine de ces deux personnalités impliquées dans ce dossier explosif. La transformation de ces espaces en « cellules haut de gamme » semble indiquer que ces personnalités pourraient bénéficier d’un traitement spécial en détention.

Selon des sources proches du dossier, le Ministre de la Justice et de la Législation, le Directeur Général de la Police Républicaine et le Directeur Général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin se sont déplacés en personne, dimanche matin, à la prison civile de Cotonou pour superviser l’évolution des travaux. Un tel déploiement de hauts responsables ne laisse aucun doute sur l’ampleur de l’effort financier et logistique déployé

La comparution de Boko et Homeky devant le Procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) est attendue pour le 1er octobre 2024. Si ces accusés devaient être déférés à la prison après leurs auditions, la question de l’équité du traitement réservé aux détenus au Bénin se poserait alors avec acuité.

Dans un pays où les conditions carcérales sont souvent décriées pour leur inhumanité, la mise en place de cellules luxueuses pour des personnes accusées de tentative de déstabilisation de l’État est un paradoxe qui ne manquera pas d’alimenter les débats. Quelle est la véritable intention derrière ces rénovations ? Et surtout, comment cela se concilie-t-il avec les principes de justice et d’égalité devant la loi ?

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