Par Cheikh Ousmane Kane
En République démocratique du Congo, 1.685 détenus ont été libérés les 22 et 23 septembre de la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Cette vague de libérationsfait suite à la bousculade dans laquelle avaient péri 129 prisonniers les 1er er 2 septembre derniers. Elle s’inscrit ainsi dans le cadre d’un processus de réduction de la surpopulation carcérale qui, coïncidence pour coïncidence, avait été lancée fin juillet dernier par Constant Mutamba, le ministre congolais de la Justice. La prison de Makala, construite en 1957 pour accueillir 1.500 prisonniers, en abrite plus de 15.000.
Parmi les prisonniers libérés figurent des détenus emprisonnés pour des faits bénins, ou même des faits qui, dans certains cas, ne sont plus connus. De nombreux malades dans un état de délabrement physique avancé ont aussi été libérés.
Détentions illégales
Jonathan Unyotha, secrétaire du ministre de la Justice qui a supervisé l’opération de ce lundi, explique avoir « trouvé des cas de 22 ans et dix ans d’emprisonnement, sans procès… Il y a encore un lot de personnes malades. Certaines n’avaient pas de jambes, n’avaient plus d’orteils. Certaines avaient des problèmes de cœur, certaines étaient comme des squelettes. Mais ces personnes étaient toujours incarcérées ».Nombre d’entre eux, après avoir passé plusieurs années de détention, ont tout perdu et ne savent plus où aller.
Arrêté “sans raison”
De nombreuses personnes étaient présentes lundi à l’entrée de la prison. Elles étaient venues s’enquérir de la situation de leurs proches emprisonnés. Une jeune fille, qui a également requis l’anonymat, raconte être venue chercher son frère. « Cela fait au moins deux mois et demi qu’il est ici. Il a été arrêté sans raison. Nous sommes venus pour vérifier s’il est libéré. Je suis avec ma mère. On ne sait pas. On nous a dit que cela a commencé hier. Mais nous ne l’avons pas encore vu »,déplore-t-elle.
Si cette importante libération de prisonniers prend une dimension particulière après le drame de Makala, qui s’est aussi soldé par le viol de plusieurs dizaines de femmes, certaines organisations de défense des droits humains doutent de la réussite de cette initiative.
Selon elles, en effet, les vagues de libération sont toujours suivies par de nouvelles séries d’incarcérations.