18ème Conférence et Exposition Annuelle du Cajou : Quel développement de la filière devant des ambitions individuelles ?

Le Bénin abrite, depuis le 17 septembre, et ce jusqu’à ce 19 septembre 2024, la 18èmeConférence et Exposition Annuelle du Cajou de l’Alliance du Cajou Africain (Aca). Pendant trois (3) jours, à Sofitel Cotonou Marina Hôtel, les acteurs africains et ceux venus d’autres continents, ont réfléchi sur les voies et moyens pour faire ‘’ du cajou africain une référence mondiale en termes de qualité et de transformation’’. Mais, derrière les ambitions affichées, se cachent la suprématie des pays participants.

L’ouverture des travaux de la 18ème Conférence et Exposition Annuelle du Cajou organisée parl’Alliance du Cajou Africain (Aca), n’a pas dérogé à la tradition. La Ministre de l’Industrie et du Commerce, Shadiya Alimatou Assouman, dans son discours d’ouverture, a exprimé toute la fierté du Bénin d’accueillir cet évènement majeur, soulignant l’importance de plus en plus croissante de cette filière dans l’économie béninoise et africaine. L’occasion faisant le larron, elle n’a pas manqué de mettre l’accent sur les efforts du gouvernement pour soutenir les producteurs locaux et améliorer la compétitivité du cajou africain sur le marché mondial. « Le cajou représente un levier stratégique pour notre développement économique, et à travers cette conférence, nous réaffirmons notre engagement à renforcer la chaîne de valeur et à accroître les opportunités commerciales pour nos producteurs », a-t-elle notamment déclaré.

A sa suite, plusieurs autres autorités et responsables se sont succédé au pupitre pour appuyer les propos de la représentante du gouvernement, en ce qui concerne l’importance de cette filière dans l’économie des pays producteurs. C’est le cas du président de l’Interprofession de la filière Anacarde du Bénin (Ifa-Bénin), Moussa Do Régo, du Chef du Projet Giz-Move, Beate Weiskopf et enfin, du Représentant du Conseil International Consultatif du Cajou (Cicc).

Des ambitions à la réalité économique de chaque pays, un fossé !

La quantité des interventions et la qualité des intervenants sont la preuve que la filière cajou en Afrique reste et demeure une opportunité économique pourvoyeuse de devises. Du coup, chaque pays y va selon ses ambitions et avec ses moyens. Ainsi, selon les données de Nitidaedatant du mois de février 2024, c’est la Côte d’Ivoire qui vient en tête dans le monde en tant que 1er pays producteur, avec plus de 2,1 million de tonnes, devant l’Inde (700.000 tonnes), le Cambodge (650.000 tonnes), le Nigéria (400.000 tonnes), la Guinée-Bissau et le Viet-Nam(300.000 tonnes). Selon une autre étude, la croissance du marché africain de la noix de cajou est segmentée par la géographie entre le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Tanzanie et le Burundi.

Comme on peut le constater, des pays excellent déjà dans cette filière. Compte tenu de la place qu’elle occupe dans leur budget respectif, aucun d’eux ne serait prêt à faillir et laisser la place à d’autres sur le marché continental et international. C’est d’ailleurs le bienfondé de l’appel du Ministre de l’Industrie et du Commerce, Shadiya Alimatou Assouman, quand elle faisait, dans son allocution d’ouverture le plaidoyer à l’endroit de tous les États, aux fins de mettre en œuvre des efforts pour construire une chaîne de valeur du cajou viable qui garantisse une augmentation substantielle de la transformation des noix africaines.

Mieux, que deviendra la filière si chaque pays producteur devrait procéder à la transformation de la noix ? Les usines qui seront installées dans ces pays disposeront-elles d’assez de quantités de noix pour leur fonctionnement ? Les pays producteurs pourront-ils s’entendre sur la production et la transformation ? La diversité des qualités de noix de cajou sur le marché africain ne sera-t-elle pas un frein à la bonne commercialisation ? Les pays producteurs pourront-ils parvenir à fixer un prix unique à l’achat des noix chez les acteurs ? Les conséquences de la lutte menée par l’Etat béninois avec les producteurs de ce produit tropical sont encore vives dans les mémoires. Le prix d’achat du kilogramme étant plus élevé dans la sous-région, certains paysans avaient jeté leur dévolu sur ces pays. Mal leur en a pris !

Tant que ces interrogations ne vont pas trouver des réponses concordantes et franches, les ambitions nourries durant les trois (3) jours de travaux de cette 18ème Conférence et Exposition Annuelle du Cajou organisée par l’Alliance du Cajou Africain (Aca) demeureront utopiques.

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