Prison civile d’Akpo-Missérété : Le détenu Hassan Ngeze entame une grève de la faim, de la soif et de la parole pour exiger l’amélioration des conditions de détention des prisonniers

Ce 9 septembre 2024, Hassan Ngeze, un « prisonnier des Nations Unies MTPI », Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux,  en détention à la prison civile d’Akpo-Missérété, annonce, à travers une note officielle, qu’il compte sacrifier sa vie si les conditions de détentions ne sont pas améliorées. Il ne veut plus manger, ni boire, ni parler, ni se soigner … si rien n’est fait. 

Comlan Hugues Sossoukpè 

Dans la note adressée principalement à l’Honorable Graciela Gatti Santana, Présidente du Mécanisme des Nations Unies pour la gestion des Tribunaux Pénaux Internationaux (MTPI), Hassan Ngeze apostrophe divers acteurs du système judiciaire béninois dont le Ministre de la Justice et de la Législation de la République du Bénin, le Ministre des Affaires étrangères du Bénin, le Directeur Général de l’Agence Pénitentiaire du Bénin, le Chef Cellule (le brigadier Fagbohoun A. Wilfrid) et les avocats de la défense auprès du MTPI. Intitulée « Document annonçant ma mort, qui est la fin de ma vie dans un délai de 10 jours, si rien n’est fait par le gouvernement du Bénin, et les nations unies pour éradiquer l’injustice que subissent les prisonniers d’Akpo-Missérété », cette note est un condensé des revendications que fait Hassan Ngeze à l’endroit principalement du Ministre Yvon Détchénou

Témoin de violations de toutes sortes 

Aujourd’hui âgé de 67 ans, Hassan Ngeze a déjà passé au moins 33 ans de sa viederrière les barreaux et a été témoin, exprime-t-il, de différentes sortes de violations des droits des détenus. A titre illustratif, il rappelle la mort « d’un aveugle de nationalité nigériane survenue en date du 27 mars ».  Il dénonce également l’assassinat de son fils, le « Docteur Ngeze », tué « sauvagement par les malfaiteurs car son identité était connue ». Les identités et adresses de divers témoins dans le cadre de nombreuses procédures judiciaires auraient été révélées par la prison civile d’Akpo-Missérété, en violation totale « des décisions de protection des témoins prises par le TPIR/mécanisme MTPI ». Cet acte met la vie desdits témoins en danger. « Nos familles, nos amis, les témoins de la défense et de l’accusation, nos êtres chers ne sont plus à l’abri de l’insécurité car ils risquent d’être recherchés par tous les moyens, car ceux qui ont tué mon fils, le docteur Ngeze ne les épargneront pas », se plaint le prisonnier. 

Hassan Ngeze dénonce également le blocage de la communication entre les détenus et leurs avocats. Il s’étonne surtout du fait que des courriers élaborés par ses soins soient « simplement bloqués lors de leur envoi par l’administration pénitentiaire d’Akpo-Missérété ». Loin de s’arrêter au cas des prisonniers, l’homme fait mention aussi des traitements dégradants réservés quelques fois aux agents chargés de leur surveillance. Aussi, écrit-il : « J’aimerais que tout le monde comprenne qu’ici, dans la prison de Missérété, même les policiers surveillants de la prison sont aussi humiliés devant les prisonniers… Les militaires et autres porteurs d’uniformes eux aussi sont humiliés devant les prisonniers… »

Grève de la faim, de la soif et de la parole jusqu’à ce que mort s’ensuive ou une solution soit trouvée 

Hassan Ngeze trouve que le meilleur moyen de se faire entendre au Bénin et au-delà de nos frontières après toutes les autres requêtes restées infructueuses, est de s’offrir en holocauste. Atteint de différentes maladies telles que « une affection de la prostate en cours d’opération », « le diabète aigu », les « palpitations du cœur », « l’hypertension » et « l’insuffisance rénale », l’homme refuse de s’alimenter, de s’abreuver et de communiquer avec qui que ce soit si ce n’est pour parler de ses revendications. Cette grève de la faim, de la soif et de la parole prend effet à compter du 12 septembre 2024. « J’ai décidé de sacrifier ma vie, pour que les 4000 prisonniers de Missérété, leur voix puisse être entendue », a-t-il écrit dans le document. 

Hassan Ngeze refuse désormais de se soumettre à son traitement contre le diabète et toutes les autres pathologies dont il souffre. Il ne veut plus se faire injecter l’insuline, ce précieux liquide qui maintient en vie les malades du diabète. Il voudrait plutôt que l’administration pénitentiaire d’Akpo-Missérété l’envoie en isolement pour qu’il puisse y mourir tranquillement si le problème des prisonniers de ce pénitencier ne peut être résolu. Ainsi, il prend à témoin l’opinion publique et surtout la présidente et le greffier du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, des abus de toutes sortes dont se rend coupable le régisseur Gaston Totohou

Qui est Hassan Ngeze? 
Condamné à la prison à perpétuité en 2003 pour sa responsabilité dans le génocide des Tutsis au Rwanda, Hassan Ngeze était un journaliste reconnu dans son pays. Il avait fondé le journal Kangura dans lequel il avait publié « Les dix commandements du Hutu », un texte jugé raciste et suprématiste qui aura beaucoup servi dans la propagande anti-tutsi. Selon lui, les Hutus seraient une « race hamitique » supérieure aux autres populations sub-sahariennes, en raison de leurs traits de visage ; autrement dit, cette thèse xénophobe voulait que les Tutsis soient des envahisseurs étrangers à la majorité Hutu.

Lire l’intégralité de sa correspondance :

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