Animation de la vie politique : « Nous sommes persuadés qu’au bout du compte, le pouvoir qui emprisonne à tour de bras les voix dissidentes, (…), il va falloir arriver à bout », affirme Eugène Azatassou

Eugène Azatassou, l’un des Vice-présidents du parti politique de l’opposition, Les Démocrates était l’invité de l’émission ‘’Grand Angle’’ de la radio en ligne, Crystal News.net de ce dimanche. Avec son invité, le journaliste Virgile Ahouansè a débattu de long en large des sujets liés à l’animation de la vie politique au Bénin. Quel est l’état d’âme de l’opposition après la mobilisation à demi-teinte le lundi 12 août  dernier en faveur du webactiviste Steeve Amoussou, kidnappé au Togo et remis à la police judiciaire au Bénin ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans l’appel à la mobilisation ? Quelles suites l’opposition réserve-t-elle à cette affaire qui, à n’en point douter, refroidira les relations bilatérales entre les deux pays limitrophes ? D’autres sujets liés notamment aux échéances électorales en vue, en 2026, ont aussi meublé cette émission dominicale de ce 25 août 2024.

Nous vous reproduisons ici l’intégralité du débat. Lisez plutôt.

Crystal-news.net : Monsieur Eugène Azatassou, avez-vous eu les dernières nouvelles du ‘’Frère Hounvi’’ ?

Eugène Azatassou : En fait, je n’ai plus eu les chroniques du ‘’Frère Hounvi’’ depuis un moment. Mais, Steeve Amoussou qui a été pris, qui a été kidnappé, moi, je conserve le mot, a été déposé à la  prison civile de Missrété puis transféré à  Ouidah. C’est ce que j’ai appris. C’est les dernières nouvelles que j’ai eues.

D’emblée, vous faites de distinction entre le ‘’Frère Hounvi’’ et Steeve Amoussou ?

Eugène Azatassou : Oui, parce que je ne connaissais pas ni l’un ni l’autre. Je ne connaissais pas Steeve Amoussou, je ne connaissais pas le ‘’Frère Hounvi’’.

Mais, aujourd’hui, vous arrivez à distinguer ? C’est surprenant non ?

Eugène Azatassou : Je ne peux pas ipso facto dire que les deux font la même personnalité. Je ne peux pas puisque, il aurait fallu que je connaisse vraiment les deux ou au moins l’un d’eux correctement pour savoir que bon, l’autre peur s’identifier dans lui. Je ne connaissais aucun des deux.

Et comment vous allez à les distinguer actuellement ?

Eugène Azatassou : Là, je sais que la police a été cherché Steeve Amoussou au Togo. Je ne sais pas pas s’il faut appeler ça une milice, une gestapo des ‘’Tontons Macoutes’’ ! Puisque je ne vois pas de policiers avec rasta. Vous comprenez ! Des ‘’Tonton Macoutes’’ sont allés chercher Steeve Amoussou au Togo. Pourquoi ? c’est à eux de nous dire.

Pourquoi ? Parce que le Frère Hounvi’’, c’est Steeve Amoussou pour eux !

Eugène Azatassou : Bon ! C’est à eux de prouver ça. Si Steeve Amoussou dit qu’il est ‘’Frère Hounvi’, je prendrai acte. Puisque je ne connaissais pas. Hors, je ne peux pas, moi dire d’emblée que les deux personnages sont confondus. Je ne peux pas.

Pourtant, c’est au ‘’Frère Hounvi que vous vous étiez mobilisés le lundi dernier devant la Criet (Ndlr : Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme) ?

Eugène Azatassou : L’enlèvement ; tel qu’il a été opéré, aurait fait mobilisé l’opposition pour n’importe quel béninois.

Ah bon ! Il y a longtemps vous ne vous êtes plus mobilisé !

Eugène Azatassou : Par exemple, une délégation du LD (Ndlr : Les Démocrates) était à la conférence de presse de Appolinaire Avognon quand on a failli l’enlever. On l’a enlevé, on l’a relâché. Vous êtes au courant. Vous êtes journaliste !

On l’a enlevé, on l’a remis ?

Eugène Azatassou : On l’a enlevé, on l’a relâché. C’est des méthodes de ‘’Tonton Macout’’, c’est des méthodes de gestapo. Et c’est méthodes, comme je l’ai déjà dit à la conférence de presse du parti Nfn, c’est méthodes-là ne sont pas bonnes, elles ne marchent pas. Ce n’est pas la peine de vouloir terroriser le peuple béninois. Il vaut mieux prendre en compte les revendications du peuple béninois, essayer de satisfaire autant qu’on peut, plutôt que de penser qu’on arrivera à bout de la situation en terrorisant. Ce n’est pas normal, ce n’est pas bon. L’histoire du ‘’Frère Hounvi et autres, a révélé beaucoup de choses dans ce pays. On a vu la posture d’un certain nombre d’intellectuels qui, pas seulement parce qu’ils ont été quelque fois égratignés par les chroniques du ‘’Frère Hounvi’’, mais à justifier l’injustifiable. Je vous donne l’exemple, je ne rappelle pas de son nom, il l’a donné dans sa vidéo qu’il a faite circuler, un monsieur bien cravaté qui a fait une vidéo qui réuni tout ce qu’on peut reprocher à l’intellectuel africain.

Celui qui s’est fait passer pour un juriste ?

Eugène Azatassou : Qu’il est diplômé de ci, diplômé de ça, il est écrivain ici, écrivain là…et puis, on s’attendait à ce qu’il vide le dossier entant qu’expert, puisqu’il nous a même dit qu’il allait nous une consultation ; c’est-à-dire nous prendre de haut complètement. C’est ça que l’on reproche à l’intellectuel africain, béninois en l’occurrence. Il fond étalage de leurs connaissances, mais leurs connaissances, ils ne les appliquent pas aux réalités concrètes de l’Afrique ; c’est pour ça que l’Afrique patine et piétine malgré les hauts diplômés que nous sommes ! Vous comprenez ! Parce que ce monsieur, il dit juste que la Convention de Genève a des lois d’application dans tous les pays. ça là, on devrait s’y attendre. Tout le monde sait, même le bébé qui vient de naître, sait qu’il n’y a pas de Convention de Genève qui permette à des criminels à s’abriter dans les Etats ! Tout le monde peut savoir ça. Mais c’est ça qu’il nous apprend, qu’il y a des lois d’application et que, ce qui m’a le plus choqué, il dit que si le réfugié tombe sous le coup de la loi, la police béninoise peut coopérer discrètement, c’est un juriste qui dit ça. C’est-à-dire que du haut de ses diplômes, il légalise l’arbitraire, il prend fait et cause pour l’arbitraire. Qui est-ce qui fait le constat que, quand un réfugié qui est au Togo, qui est un béninois, un pays étranger, tombe sous le coup de la loi de ce pays qui permet de son transfert ? Est-ce que c’est la police ? Est-ce que c’est la justice ? Et la justice, elle fait le constat comment ? Est-ce que c’est dans un procès ou bien c’est discrètement ? Voilà comment un intellectuel justifie l’arbitraire. Hors, effectivement, quand vous êtes réfugié dans un pays, il y a une loi et il faut veiller à ne pas tomber sous le coup de cette loi. Ça c’est vrai. Mais, quand vous tombez sous le coup de cette loi, c’est un procès équitable et public qui permet de constater que vous êtes tombé sous le coup de cette loi et qui permet de conclure par la justice de ce pays-là qu’on peut faire votre transfert dans votre pays d’origine ou vous êtes recherché.

Pour ce que je sais d’ordinaire dans la pratique, ce n’est pas dans votre pays d’origine qu’on vous transfert. On vous change de pays ?

Eugène Azatassou : On vous change de pays. Tout ça là, on peut même accepter avec notre intellectuel que ce soit dans le pays. Mais, il faut absolument faire le constat que vous êtes tombé sous le coup de la loi. Et c’est la justice, ce n’est pas à la police, ce n’est pas que la police constate, les autres demandent et puis, il y a coopération discrète comme lui, il propose. Je pense que nous avons à faire en Afrique, nous avons à faire au Bénin par rapport à nous intellectuel qui ne savons pas appliquer notre savoir pour la transformation de l’Afrique.

Je parlais tantôt de la mobilisation et vous liez ça à la terreur. Est-ce qu’on ne peut pas considérer que, même si les gens n’ont pas répondu à votre appel, ceci peut être lié à cela ; c’est-à-dire le fait d’avoir opérer ainsi, d’être allé chercher de force, manu militari Hounvi, n’est-ce pas une manière peut-être ceux qui ont voulu faire le déplacement pour répondre à votre appel ?

Eugène Azatassou : Ce n’est pas impossible. Mais, faites attention. Je ne lie pas la mobilisation de ce jour-là à la terreur. Je ne lie pas. Par contre, il peut avoir effectivement une liaison. Mais, ce que je peux dire, c’est que, une mobilisation pour un tel type d’activité, nécessite une organisation ; et nécessite qu’il y ait à ce stade-là, un entrainement, si vous voulez. Ce n’est pas évident que dans un pays de dictature, et c’est là le second problème que j’ai dans l’affaire Steeve AMoussou. Dans un pays de dictature, dans un pays où on peut vous tuer et conclure que vous êtes mort de paludisme, on vous tue par balle et on conclut que vous êtes mort de paludisme, dans un pays où peut vous écrasez simplement, dans un pays où peut vous kidnapper parce qu’il y avait déjà d’autres pratiques avant le kidnapping de Steeve Amoussou. Avant le jour J du procès, il y avait déjà l’affaire Appolinaire Avognon ! Donc, dans un pays où on peut vous faire comme ça, il faut tenir compte du fait que, un premier appel pour une manifestation de ce genre peut ne pas connaître un succès débordant. Ça a connu un succès, puisqu’un certain nombre de gens se sont déplacés et il faut saluer ça. Tout ce monde pouvait rester chez lui. Mais, un succès débordant par vague de militants, ça peut ne pas être du coup possible ; c’est-à-dire, si par exemple on répète dans une autre situation, vous verrez que ça va grossir.

Sans doute, ce que vous dites n’est pas faux, mais, pourquoi donc avez-vous lancé cet appel à moins de 24 heures de sa présentation ?

Eugène Azatassou : Justement, à un moment donné, il faut quand même lancer l’appel ! Si on veut être nécessairement prêt, alors que les situations passent, on ne nous a pas prévenus qu’on allait déporter Steeve Amoussou.

Non mais, il était quand au Bénin prêt d’une semaine avant votre appel ?

Eugène Azatassou : On ne savait qu’il allait être présenté au Procureur le lundi !

Mais, vous connaissez la durée de la garde à vue au Bénin ?

Eugène Azatassou : Oui ! Mais, on ne pouvait pas non plus, sans avoir la précision, on ne pouvait pas plus appeler les militants comme ça ! Ça va être plus grave. Ce que vous dites-là, ça va être plus grave si on n’est pas certain. Non ! Il faut reconnaitre qu’effectivement, la mobilisation aurait être plus forte, c’est vrai. Mais, une mobilisation de ce genre dans un pays comme le notre, le pays dans lequel on se trouve depuis 2016, le pays où massacrer les gens ne dit rien à personne, on pays où on peut donner l’ordre de massacrer et puis après, on va saluer les policiers, le pays où l’homme ne vaut rien, dans un pays comme celui-là, ce n’est pas au premier coup que ce genre de manifestation marche. Et ça là, c’est réel. Il faut être réaliste. C’est clair que s’il y avait une autre situation et on lançait l’appel, vous allez voir ça va grossir d’avantage. Donc, il n’y a péril en la demeure à ce niveau-là. Non, non !

La mobilisation est reportée. C’est cela ?

Eugène Azatassou : Non, je n’ai pas dit que la mobilisation est reportée. Mais, je dis que dans la mesure où on lance un appel dans un contexte comme celui-là, il ne faut pas s’attendre à ce que le succès soit total.

Oui mais, la mobilisation, c’est pourquoi ? Empêcher que Steeve Amoussou soit jugé ?

Eugène Azatassou : Non ! Soutenir Steeve Amoussou et montrer que beaucoup de béninois  soutiennent Steeve Amoussou. C’est comme ça. Quand vous êtes à l’hôpital, quand vous avez un problème avec la police, on peut vous soutenir. C’est comme ça. C’est soutenir et montrer qu’on est de cœur avec lui et que face à l’arbitraire, il n’est pas seul.

D’ordinaire, on soutient celui qu’on connaît beaucoup. On se demande si Steeve Amoussou était du parti Les Démocrates, par exemple ?

Eugène Azatassou : On ne soutient pas forcément celui qu’on connaît beaucoup. Quand vous voyez votre prochain dans des problèmes, et que vous savez quel type de problème il a, vous le soutenez autant que vous le pouvez. C’est comme ça que ça doit se passer. Et ça l’humanité.

Mais, Steeve Amoussou n’est pas la première victime d la gouvernance Patrice Talon, Non !

Eugène Azatassou : Le problème  qu’il y a, c’est un problème lié à la gouvernance et des pratiques que nous dénoncions depuis. Donc, une victime, on n’a pas besoin de la connaitre forcément avant de lui dire ‘’courage, nous, on se battait depuis pour ça, on est avec toi, on va se mettre ensemble, on va régler cela’’. Voilà !

Donc, c’est un début et désormais, il y aura ces genres de mobilisation ?

De plus en plus, il y a une victime et que nous jugeons nécessaire de nous mobiliser pour la soutenir, on va le faire. Il faut aussi dire qu’il y a une appréciation à faire de la situation avant de faire une telle mobilisation. Je ne peux pas dire que sera systématique. Ça va être apprécié.

Ça va être au cas par cas… ?

Ça va être au cas par cas. On va apprécier.  Dès qu’un béninois est victime te on sent que celui-là, c’est vraiment une victime de l’autocratie, et que nous, on combat l’autocratie, on n’a pas le droit de le laisser se débrouiller seul.il faut qu’on montre que nous sommes solidaire. C’est ce qui s’est passé.

Un autre constat ce lundi là, on n’a pas vu l’opposition faire un derrière cette cause ?

Eugène Azatassou : Qu’est-ce que vous appelez l’opposition faire un ? Il y avait Les Démocrates, il y avait Edah,

Il n’y avait pas Candide Azannaï, il n’y avait pas les Fcbe. Les communistes oui, il y avait Damien Dégbé et quelques uns…

Eugène Azatassou : Parmi les gens qui sont là, vous ne pouvez pas distinguer qui est de quoi. Vous ne pouvez pas dire que c’est rien que les LD (Ndlr : Les Démocrates).

Donc, les Fcbe étaient là ?

Eugène Azatassou : Je ne sais pas. Mais, ce n’est pas un problème. Nous, on a estimé qu’il fallait soutenir le compatriote qui avait maille à partir avec la dictature que nous combattons depuis. Et par rapport à ça, nous ne regardons pas qui va venir, qui ne va pas venir. Nous lançons et nous nous engageons. C’est comme ça.

Est-ce que, en dehors de ce qu’on a vu comme soutien au Frère Hounvi, voua avez d’autres actions. On sait que Les Démocrates ont affecté, vous l’avez dit, à travers un communiqué, des avocats à ses côtés. Est-ce que, en dehors de ces choses qu’on sait, vous le soutenez autrement ?

Eugène Azatassou : Je ne sais pas ce que vous appelez soutenir autrement. Peut-être que vous parlez de ces conditions de détenu. Si c’st ça, en fait sur cette question, on ne pas fait toujours ce qu’on peut, ce qui devrait être fait, l’idéal. Bon ! On fait ce qu’on peut pour les détenus et autres. Ce n’est pas encore ça. Nous-mêmes, on n’est pas satisfaire de ça. C’est des choses qu’on va améliorer au fil du temps.

Ça c’est un langage de politique. (…) Quand on n’est pas satisfait, Eugène Azatassou, on rectifie, on corrige ?

 Eugène Azatassou : C’est ce qu’on va faire. C’est ce que je vous dis. Vous voulez que je vous dise qu’on a rectifié déjà quand je suis dans votre studio ?

Je pose la question parce que c’est les retours que nous avons par exemple. Les prisonniers politiques, que ce soit ceux qui sont emprisonnés que ceux qui sont sortis, la calotte que vous envoyez ne représente pas grand-chose ?

Eugène Azatassou : Oui, c’est vrai.

Pourtant, on sait que vous avez plus de moyens que ça ?

Eugène Azatassou : Comment vous le savez qu’on a de moyens ?

Vous avez l’aide publique aux partis politique, vous avez le salaire de vingt huit (28) députés. Vous avez plein d’avantages aujourd’hui ?

Eugène Azatassou : On ne peut pas faire cette comptabilité-là de cette manière parce que vous ne faites pas la comptabilité de toutes les actions que nous menons non plus.

On peut faire la comptabilité que vous étiez à zéro. Vous étiez à zéro franc hier ?

Eugène Azatassou : On était à zéro franc, on était à nos cotisations. Je propose qu’on ne s’étende pas trop sur ce sujet. Pourquoi ? Parce que je vous dis, nous avons aussi l’écho de ces récriminations et c’est juste. Ceux qui sont tombés sous le coup de l’autocratie, doivent s’attendre qu’on les appuie mieux que ça. Nous sommes au courant, nous nous concertons et nous verrons dans quelle mesure améliorer. Je ne peux pas dire qu’on a fait des choses et c’est déjà bien. Ce n’est pas ça. Ce n’est pas normal effectivement que des détenus aient ce ressentiment-là vis-à-vis de nous puisque nous sommes à leur côté pour le combat contre l’autocratie. Ils ont été victimes de ça.

Est-ce que ça ne fragilise pas, en attendant que vous ne changiez, est-ce que ça ne fragilise pas la lutte. Est-ce que cela ne va pas donner l’écran à d’autres de prendre des risques, quand on sait que c’est vous, quand je dis vous, c’est vous les politiciens qui en bénéficiez ?

Eugène Azatassou : Cette forme de débat, on l’a souvent entendu de la part des mouvanciers. Ne les suivez pas. C’est eux qui en bénéficient. Et vous, quand on vous prend, vous allez souffrir. Non !

Mais, est-ce que c’est faux ?

Eugène Azatassou : Non, ce n’est pas faux, absolument. Ce que je voulais dire, c’est que nos jeunes comprennent que leur engagement pour lutter contre l’autocratie pour la restauration de la démocratie, pour les libertés et pour les droits humains et pour que l’homme soit plus considéré dans notre pays, cet engagement est personnel à eux. Ce n’est pas lié à Azatassou, ce n’est pas lié à Yayi Boni, ce n’est pas lié à… c’est personnel. Nous prenons l’engagement personnellement et nous nous retrouvons. Mais, nous avons le devoir de soutenir ça, là je suis d’accord. Et ça, nous le rappeler, c’est une très bonne chose. Nous allons continuer à faire ce que nous pouvons dans ce sens.

Parlant des prisonniers politiques. Est-ce que vous avez une idée de combien il en reste en prison, après la libération de la dernière vague ?

Eugène Azatassou : Je pense qu’il doit avoir une soixantaine encore de prisonniers politiques. Je pense. Je n’ai pas tenu la comptabilité.

Nous avons quand même quelques échos. Pour le retour que nous avons pour la vague de 2021, on a libéré tout le monde sauf un seul. Est-ce que vous savez ce qui est reproché à celui-là ? Pourquoi lui n’a pas pu bénéficier de la grâce présidentielle ?

Eugène Azatassou : Vous voulez parler d’un seul jeune alors ?

Oui, d’un seul jeune !

Eugène Azatassou : Là, je ne peux pas vous le dire.

Un cas qui est passé aux oubliettes, c’est celui de Falétti. Le Général Falétti. Qu’est-ce qu’il en est. Pourquoi vous ne parlez pas souvent de son cas ? N’est-il pas prisonnier politique ?

Eugène Azatassou : Vous savez, quand on parle de ces situations là, on l’illustre par des exemples. On ne les cite pas tous. Tous doivent savoir que, pour nous, ils sont logés à la même enseigne. Vous comprenez ! Ce n’est pas qu’il y a des prisonniers que nous aimons plus que d’autres, non. Quand on veut en parler, on parle en mettant en avant des gens que tout le monde connaît la pratique et qui a fait beaucoup plus de bruits qui sensibilise davantage. Mais, c’est pour tout le monde que nous faisons le travail.

Ce n’est pas par le fait qu’ils sont moins considérés ?

Eugène Azatassou : Non ! Pas du tout

Alors, après cette phase de grâce présidentielle, qu’st-ce que vous comptez faire, puisque ceux qui sont en prison, ils aspirent également à la liberté. Pour eux, c’est loin d’être terminé. Est-ce que vous faites quelque chose pour leur libération ?

Eugène Azatassou : Nous pouvons faire ce que nous pouvons, c’est-à-dire, que pour nous, le combat est général. Nous sommes persuadés qu’au bout du compte, le pouvoir qui emprisonne à tour le bras les voix dissidentes, ce pouvoir-là, il va falloir arriver à bout. Parce que tant qu’on n’est pas arrivé à bout, on peut toujours obtenir quelques aménagements. Mais, il en restera toujours. Hors, on souhaiterait que cet état de chose soit aboli dans notre pays, que ça ne revienne pas. Vous comprenez, des gens en prison pour leur opinion. Ça fait partie du combat d’ensemble que nous menons.

Alors, je n’ai pas parlé de Réckya Madougou, je n’ai pas parlé du professeur Joël Aïvo parce que j’estime que le Chef de l’Etat a dit que quand vous êtes allés le rencontrer, il a dit qu’il ne voulait plus revenir sur ce dossier. Est-ce que vous considérez qu’il ne plus revenir sur ce dossier et bon, vous prenez acte, vous regardez faire aussi ?

Eugène Azatassou : Je pense que, il a dit ça, c’est vrai, qu’il ne veut pas revenir là-dessus. Ce qu’il a dit là, nous avons entendu, l’ensemble du peuple béninois a entendu. Moi, je pense que c’est Dieu et après le peuple béninois qui est maître de nous tous.

C’est-à-dire ?

Eugène Azatassou : C’est-à-dire que, ce sur quoi chacun de nous s’arc-boute, si c’est injuste et que nous nous accrochons, nous nous s’arc-boutons, le peuple béninois, c’est lui qui est appelé à défaire tout ça. Nous sommes tous libre, redevable au peuple béninois et c’est lui qui doit défaire tout ça.

Donc, vous laissez tout au bon Dieu, comme on le dit ?

Eugène Azatassou : Non, j’ai dit Dieu et le peuple béninois. Je me suis rabattu finalement sur le peuple béninois qui doit au bout du compte, régler ce problème.

Le peuple règle ça comment ?

Eugène Azatassou : Par rapport à ça, nous sommes au sein du peuple et nous sommes tenus de nous organiser, de faire le travail pour que le peuple prenne conscience. Le peuple a déjà pris conscience. C’est une question d’organisation, en réalité pour que ce peuple règle ce problème au moment où il voudra.

Il y a certainement un béninois lambda dans un village quelque part, dans un quartier de ville qui écoute cette émission…

Eugène Azatassou : Oui !

…et qui a le cœur et qui veut participer à la libération de ces personnes…

Eugène Azatassou : Oui !

…il veut bien comprendre ce que Eugène Azatassou dit., ce qu’il a à faire ?

Eugène Azatassou : Ce qu’il a à faire ce citoyen, c’est de déjà parler autour de lui, que ce n’est pas juste ; que Réckya Madougou et Joël Aïvo ont été emprisonnés pour rien, vingt (20) ans, dix (10) pour rien, et qu’il est de notre responsabilité partout où nous nous trouvons, femme du marché, artisan, enseignant, élève, étudiant, il est de notre responsabilité de régler ce problème.

Donc, qu’il aille répandre la bonne nouvelle ?

Eugène Azatassou : Qu’il aille parler de cela. Quand il va commencer à parler de cela autour de lui, ça va induire une organisation qui permet de régler ce problème d’une certaine manière.

Mais l’organisateur, c’est qui, c’est vous les politiques ?

Eugène Azatassou : On peut être organisateur, mais il peut avoir d’autres aussi qui organisent. Ça, ce n’est pas un problème.

Alors, 2026, c’est les élections générales au Bénin. est-ce que la solution passe par ces élections lorsque vous dites qu’il faut en parler autour de soi ?

Eugène Azatassou : Ça peut être à cette occasion. C’est clair aussi que 2026, si le travail dont je viens de parler, si chacun en parle autour de soi, si ce travail n’est pas bien fait, on est face à un pouvoir qui est un pouvoir d’exclusion qui veut s’agripper au pouvoir par le Président actuel ou bien par son camp en dehors de lui-même.

Il ne veut pas partir ?

Eugène Azatassou : Il ne veut pas partir. C’est ce qui ressort de tout ce qu’ils sont entrain de faire

N’est-ce pas légitime qu’ils ne veuillent pas partir. Je ne dis pas que patrice Talon ne veut pas partir !

Eugène Azatassou : A partir de ce moment, le pouvoir qu’ils ont mis en place, est un pouvoir comme je l’ai décrit, le peuple béninois n’a pas intérêt à vouloir de ce pouvoir, il faut faire le travail pour que ça soit défait en 2026 ou même peut-être avant. Peut-être que, si eux-mêmes, ils sentent que (la mobilisation grossit), s’ils sentent que bon, ça se penche d’un côté ou d’un autre, peut-être qu’ils peuvent aussi régler les problèmes avant 2026.

Démissionner, c’est ça, Patrice Talon va démissionner, c’est ça ?

Eugène Azatassou : Peut-être que, s’ils sentent une vague qui monte, ils peuvent se dire Azatassou a toujours dit qu’il faut libérer les détenus, il faut revenir les exilés, et qu’on s’assaille. Donc, peut-être que lui-même, en sentant le sourd grondement au niveau du peuple auquel on est tous redevable, lui-même dira si je ne fais pas ça, peut-être que ça ne sera pas bien pour moi. Il peut réunir une assise, libérer les détenus, faire revenir les exilés… C’est clair que s’il n’a pas de pression, s’il n’y a pas ce grondement dont je parle, il ne fera pas non plus parce que ça ne va pas dans son intérêt.

Pour l’instant, Eugnèe Azatassou, on a l’impression que, loin d’un grondement, ravale le grondement. L’illustration du lundi 19 août dernier ?

Eugène Azatassou : Non, le peuple béninois ne ravale pas rien. Pourquoi vous dites l’illustration, la mobilisation ?

Oui !

Eugène Azatassou : Je vous ai expliqué qu’une mobilisation de ce type…

Le constat est que les béninois se taisent pour l’instant. Ils auraient peut-être quitté leur maison le lundi pour fuir…

Eugène Azatassou : La mobilisation de ce type, il est illusoire de croire que du premier coup, ça va connaître un succès énorme où tout Cotonou sera noir de monde.

Mais, si depuis longtemps, vous appelez à cette prise de conscience, si on en set encore là, n’est-ce as que vous pas entendu. L’illustration, c’est le lundi dernier ?

Ah non ! On est entendu. Je vais vous donner un exemple historique. Vous vous rappelez des grands moments de 1989 qui ont fait que le Prpb (Ndlr : le parti de la Révolution Populaire du Bénin) est tombé, la séparation du parti de l’Etat et tout ça…Savez-vous depuis quand c’est préparé ?

Dites-nous ?

Eugène Azatassou : C’est préparé depuis longtemps. Le pouvoir s’est arc-bouté à arrêter à tour de bras, à envoyer à Dodja, à envoyer à Ségbana, à torturer, à tuer. Mais, ça ne prenait pas. Ça a pris des années et puis ça s’est finalement réalisé. Vous comprenez ? Donc, il ne faut pas penser que dès qu’on n’a pas obtenu le premier succès, c’est fini, le peuple n’est pas d’accord, le peuple… Ce n’est pas ça. C’est un travail à faire.

Selon certains observateurs, quand on fait le premier test et qu’on rate…

Eugène Azatassou : On n’a pas raté

Non, attendez. Pour le premier constat…

Eugène Azatassou : Non, on a rien raté

Quand vous faites le premier test et que vous passez à côté, il semble que vous ralentissez davantage l’accomplissement ?

Eugène Azatassou : Non, pas du tout. On n’a rien raté. Je vous dis qu’il y a plusieurs essais. Vous savez dans quelle circonstance Atchaka Parfait est décédé au Ceg (Ndlr : Collège d’enseignement général) de Gbégamey ?

Racontez-nous l’hustoire ?

Eugène Azatassou : C’est au cours d’une manifestation. Tirez à vue sur un manifestant. Au cours d’une manifestation, on a tiré, l’élève est mort. Ça n’a pas empêché que progressivement, il y a eu de ces genres de mobilisations qui grossissaient jusqu’à 1989. C’est clair qu’avec les communications et tout ça, ça ne prend pas, pas autant de temps. Mais, ne pensez pas que lundi dernier (parlant du lundi 12 août), ça a été un échec et que le peuple n’est pas …. Non, ce n’est pas ça du tout. C’est des entrainements. Quand vous envoyez une équipe faire du foot, ce n’est une équipe que vous rassemblez comme ça ; elle tombe sur le terrain et puis elle commence par jouer. Il y a entrainements, il y a des matches tests. Ils peuvent perdre, ils peuvent gagner. Et puis finalement, c’est comme ça que vous aguerrissez votre équipe. C’est comme ça que le peuple béninois doit considérer ce qui s’est passé le lundi dernier. Que chacun sache qu’il est responsable du dénouement final. Tout le peuple béninois doit savoir que c’est mieux pour nous qu’il ait libération des détenus politiques, qu’il y ait le retour des exilés, donc détente politique et qu’on s’assaille. Que ce ne soit pas les mêmes qui pensent que c’est eux qui savent tout, qui ont raison. Toute la crise récente l’a montré, la crise du Niger. S’il n’y a pas eu conjugaison d’une certaine manière ou d’une autre, peut-être qu’on serait encore dans le baba ! Donc, il faut qu’on se mette ensemble. Les gens qui savent tout-là, il faut qu’ils mettent de l’eau dans leur vin et qu’ils sachent que l’avenir d’un peuple, l’avenir d’un pays, c’est tout le peuple qui doit en décider.

Pour l’instant, même les entités politiques dites de l’opposition ne sont pas encore ensemble pour ce combat ?

Eugène Azatassou : Qu’est-ce que vous dites par ‘’ensemble’’ ?

Mais si, vous avez compris ! J’ai dit tantôt, après Daniel Edah, plus Les Démocrates, je n’ai pas vu grand monde. Ce n’est pas pour minimiser ce que vous avez fait mais, je dis, voilà le cliché qui est retourné à l’opinion ?

Eugène Azatassou : A cette seule occasion, on ne peut pas dire qu’on n’est pas ensemble ?

Mais, on n’a pas appris que les Fcbe (Ndlr : Force Cauris pour un Bénin Emergent) ou les leaders Fcbe ont voyagé, on n’a pas appris que les leaders de Restaurer l’Espoir aient voyagé, idem pour ceux du Parti Communiste du Bénin ?

Eugène Azatassou : Vous aviez dit que Dégbé était là non ?

Oui bien sûr !

Eugène Azatassou : Donc, il n’y a pas de problème à ce niveau. Maintenant par rapport à toux ceux

D’ailleurs, on ne vous a pas vu ensemble. La preuve c’est que vous ne les avez pas vu ?

Eugène Azatassou : Moi-même, je n’étais pas là. Je n’ai pas pu arriver

Par peur ?

Eugène Azatassou : Rire. Par peur non ! Vous savez bien je ne suis pas de nature à avoir peur. Non, non ! Ce n’est pas par peur. Vous savez, ce que j’ai dit pour l’ensemble du peuple béninois, c’est valable aussi pour les entités politiques.

Les partis de l’opposition, les mouvements de l’opposition ?

Eugène Azatassou : Au fur et à mesure que le mouvement va avancer, et que le peuple béninois exprimera son grondement pour dire ‘’j’en ai assez, il faut que ça cesse’’, au fur et à mesure que ça va se faire, vous verrez que ça va se rallier autour du peuple. Parce que c’est autour du peuple qu’on se rallie. Non seulement les partis de l’opposition, mais aussi dans la mouvance. Ça va se désagréger. C’est comme ça que ça se fait. Si le peuple exprime sa volonté de façon sourde, un peu partout, c’est clair que les gens qui sont dans la mouvance actuelle se diront l’avenir n’est plus là où je suis.

Mais, il y en a qui ne croient pas du tout en vous, qui ne voient pas d’ailleurs la voie passer par vous, ils ne voient pas la délivrance du Bénin passée par vous. Un certain Azannai par exemple. Pourtant, il est écouté, il a son monde ?

Eugène Azatassou : Bien entendu. Ce que j’ai dit par rapport aux partis politiques est valable pour les autres.

Comment allez-vous y arriver ainsi ?

Eugène Azatassou : J’ai dit que c’est le peuple…

Le peuple dont vous parlez, lui et son monde font partie du peuple n’est-ce pas ?

Eugène Azatassou : En général, ça se met ensemble à la base immédiatement. Quand c’est perçu réellement, ça se met en place à la base. Vous comprenez !

Vous allez continuer à vous tirer dessus comme ça et être crédible aux yeux de ce même peuple ?

Eugène Azatassou : Nous, on ne tire pas sur un grand monde.

C’est vrai, vous ne tirez pas souvent, vous ne répliquez pas à Azannaï souvent. Mais, ça n’empêche pas qu’il vous envoie quand même de petit coups, parfois grands aussi ?

Eugène Azatassou : C’est sa perception. Cette perception, je pense que le moment venu, il comprendra que cette perception sert plus le pouvoir que nous combattons tous qu’autre chose. Qui a intérêt, qu’il soit de n’importe quel parti politique, même au niveau des Démocrates, qui a intérêt que nos bases se détruisent, que l’opposition se déchire, qu’on jette à la poubelle les forces qui sont en combat ; qui a intérêt à ça !

Vous dites comme certains que Azannaï est avec Patrice Talon ?

Eugène Azatassou : Je ne dis pas ça. Je n’ai pas dit ça, je n’ai pas d’éléments pour dire ça. Mais, ce que je dis, c’est que tout le monde devrait percevoir que pour être efficace contre Talon, on n’a pas besoin de nous tirer entre les pattes.

Mais lui, il dit clairement que vous êtes avec patrice Talon. Vous êtes le troisième parti de la mouvance !

Eugène Azatassou : C’est pour ça que c’est le peuple béninois qui règlera tout ça entre nous.

Jai parlé de Candide Azannaï, mais vous avez récemment sans doute entendu parler de Kèmi Séba au sujet toujours de l’affaire Hounvi. Il n’a pas été tendre avec vous, avec Les Démocrates. Il vous a fait presque les mêmes reproches ?

Eugène Azatassou : Quels reproches ? J’ai écouté Kèmi Séba. Il a dit que nous sommes…

Oui, si Hounvi avait été candidat déclaré, s’il avait des ambitions, jamais, vous n’auriez pas fait cette mobilisation ?

Eugène Azatassou : Ça, c’est un procès d’intention. Il ne peut pas savoir ça. Ça là, concrètement tel que vous venez de l’affirmer, il ne peut pas savoir ça. Il a dit ça hein, mais il ne peut pas savoir que si quelqu’un avait des ambitions que nous, on ne soutiendrait pas cette personne si elle était aux prises avec le pouvoir. Il ne  peut pas savoir ça, non. Je ne pense pas.

Ce que vous dites, qu’il ne peut pas savoir ça, mais on ne sait jamais rien sans qu’on n’a pas dévoilé son intention ?

Eugène Azatassou : Est-ce que nous avons dévoilé quelque part l’intention que quelqu’un qui veut le pouvoir, nous ne le soutiendrons pas ! On n’a pas dévoilé cette intention !

Est-ce que cela ne révèle pas peut-être que lui, Kèmi Séba, il a eu besoin de vous parfois comme soutien, mais il n’a pas eu ?

Eugène Azatassou : C’est vrai que, je ne me rappelle pas comment ça s’est passé ; il s’est fait prendre une fois, on l’a relâché le jour même, je crois.

Même s’il a été relâché, ça a été pareil pour Appolinaire Avognon, le président du Nfn. Pourtant, vous étiez à sa conférence de presse ?

Eugène Azatassou : Il fait une conférence de presse.

Il n’y a jamais eu de communiqué par rapport à Kèmi Séba ?

Eugène Azatassou : On n’avait pas ce type de relation avec lui

Vous avez des relations désormais avec Kèmi Séba ?

Eugène Azatassou : Avec Kèmi Séba, c’est à tisser. Mais, nous, on ne refuse personne, tout ce qui bouge contre le pouvoir de Talon, nous sommes preneur. Chacun venant de son horizon avec sa vision.

Malgré ses dernières critiques ?

Eugène Azatassou : Il n’y a aucun problème. S’il pense qu’on reste ensemble pour mener un combat, nous, on est preneur. C’est clair. L’essentiel, c’est de régler le problème que nous avons devant.

On se rappelle que sur la voie de 2026, sur la voie de ce combat je suppose, et bien, vous aviez posé le problème de fichier électoral à la présidence de la République, lors de votre dernière rencontre avec le Chef de l’Etat. Où en êtes-vous ? Ce qu’on remarque, l’observateur que je suis, c’est qu’il n’a plus rien eu ?

Eugène Azatassou : Nous sommes entrain de travailler sur la question du fichier électoral, vérifier si le fichier électoral est conforme. Nous sommes au travail là-dessus. Nous avons fait un certain travail au niveau de Ld (Ndlr : Les Démocrates). Il nous reste à rassembler les forces de l’opposition pour qu’on porte ensemble le travail. Nous avons même en vue, parce que comme nous le disons, qu’il faut se mettre ensemble sur ces questions-là, notamment les questions électorales, nous envisageons même aborder les partis de la mouvance sur la même question pour qu’on puisse voir si on peut se mettre ensemble pour vérifier si ce fichier électoral est conforme. Mais, le travail est entrain d’être fait.

C’est un audit que vous aviez demandé ?

Eugène Azatassou : Un audit ! Voilà, nous sommes entrain d’auditer.

Vous-mêmes, vous avez commencé à auditer ?

Eugène Azatassou : Non ! Nous avons commencé à préparer à notre niveau. Vous comprenez ? Mais, il faudrait qu’on élargisse le plus possible à tous ceux qui veulent s’associer à nous pour faire cet audit.

L’audit dont vous parlez, Eugène Azatassou, c’est celui que vous avez demandé au Chef de l’Etat qu’il a demandé que vous effectuez et si vous n’aviez pas les moyens, qu’il vous les accorde les moyens de l’Etat, c’est ça que vous préparez ?

Eugène Azatassou : Exactement. C’est ça que nous préparons.

Est-ce qu’il revient aux partis politiques de préparer un tel audit ?

Eugène Azatassou : Dans le débat avec les autres formations politiques, on abordera la question. La question s’était déjà posée à nous, mais on abordera les autres questions ; non seulement est-ce qu’il revient aux partis, mais à quel moment auditer pour que ça soit fiable pour qu’on soit sûr que ce qu’on a fait, parce que vous pouvez auditer, sortir de là avec les ordinateurs, tout ça, et puis après, on remet les choses. Donc, à quel moment faire cet audit ? C’est des questions qui se sont posées à nous. Nous allons associer tout le monde, les formations politiques au débat.

Et les autres questions toujours liées aux élections, notamment que vous souleviez ?

Eugène Azatassou : Les autres questions, notamment le Code électoral !

Oui, le Code électoral, les machines à organiser les élections ? Je veux parler de la Cena (Ndlr : Commission Electorale Nationale Autonome), la Cour Constitutionnelle…

Eugène Azatassou : Les institutions en charge des élections ?

Exactement !

Eugène Azatassou : Oui, bien sûr. Nous portons toujours ça comme revendications. Comme je dis, le règlement de ces problèmes jusqu’à un certain niveau permettra de rendre fiable les élections de 2026 ou non. Vous comprenez ! Hors, nous voulons des élections équitables, transparentes. Et ça, nous nous en remettrons au peuple béninois pour aider à gérer ces choses-là. Parce que ce n’est effectivement normal qu’on fasse des élections et que ce soient des institutions noyautées qui nous donnent ce qu’elles veulent.

Eugène Azatassou, pensez-vous du fond de votre cœur que Patrice Talon est à même, de façon loyale, d’organiser des compétitions normales, transparentes ?

Eugène Azatassou : Non, sauf si on lui oblige. C’est ce que je dis. Qui peut lui obliger si ce n’est pas le peuple béninois. C’est comme ça.

Vous lui obligez comment, en étant conscient qu’il ne le ferait pas, comment ça ?

Eugène Azatassou : Oui ! Il ne le fera pas s’il on ne lui oblige. Si on lui oblige, il sera peut-être contraint de le faire.

Par des manifestations ?

Eugène Azatassou : Je ne peux pas le dire

Est-ce qu’il peut autoriser de pareilles manifestations ?

Eugène Azatassou : Non, mais, je dis le peuple béninois. Je n’ai pas dit manifestations, je dis le peuple béninois. C’est à lui de trouver des voies et moyens pour faire ça.

Je pose la question parce que il y en a qui pense que avec patrice Talon, dix (10) élections, c’est dix (10) élections gagnées par lui, cent élections, c’est cent élections gagnées par lui. Autrement dit, il n’y a de solution ?

Eugène Azatassou : On dit ça parce qu’on pense que Patrice Talon a une position qui est immuable. Qui est-ce qui donne la position ? C’est le peuple béninois. C’est ça qu’il faut qu’on explique, c’est de ça qu’il faut prendre conscience. Si c’est tel qu’il est aujourd’hui, avec les institutions qu’il a aujourd’hui, avec la volonté ou le manque de volonté, je ne sais pas, qu’il a aujourd’hui, ça va être vrai. Mais, rien n’est immuable dans ce bas monde. Rien n’est éternel dans ce bas monde. A mon avis. Il faut maintenant savoir sur quel levier appuyer pour qu’il y ait craquement, pour qu’il y ait transformation à ce niveau là aussi. Est-ce que Patrice Talon, tout ce qu’il veut là est envers ou contre le peuple béninois ? Est-ce qu’il peut fait tout ce qu’il fait envers ou contre le peuple béninois ? Je ne crois pas. Sauf si on pense que le peuple béninois ne vaut rien, ne veut rien, suit seulement. Mais ça, c’est une question de travail.

Eugène Azatassou, quand on observe les béninois, on a l’impression qu’ils ne sont plus à convaincre de certaines tares de la gouvernance de Patrice Talon ?

Eugène Azatassou : C’est vrai ! C’est pour ça que c’est une question d’organisation. C’est pour ça que moi, j’ai confiance. C’est-à-dire que ce n’est pas perdu d’avance parce que le peuple béninois est dans l’état que vous avez décrit déjà. Ce n’est pas donné d’avance non plus !

Donc, vous d’accord avec moi !

Eugène Azatassou : Oui, oui ! Le peuple est dans cet état

Mais, si les béninois sont dans cet état, vous ne trouvez pas que le problème est ailleurs ?

Eugène Azatassou : Le problème est où ?

Moi, je ne sais par parce que, jusque-là, vous disiez dans cette émission qu’il faut les sensibiliser à ce qu’ils comprennent. On a l’impression qu’ils sont déjà convaincus ?

Eugène Azatassou : Oui ! Mais, ils ne sont pas convaincus encore de leur capacité de bien s’organiser à régler le problème. C’est de ça qu’il s’agit. Mais, ils perçoivent déjà le problème.

Cela est dû à quoi, selon vous ?

Eugène Azatassou : C’est dû à beaucoup de facteurs notamment, nos insuffisances, nos lacunes au niveau de la classe politique. Ça, je suis d’accord.

Vous avez peur que je vous dise que c’est ça (rire) Je n’ai pas encore dit ça ?

Eugène Azatassou : C’est moi, j’ai dit ça maintenant.

Vous me devancez (rire) ?

Eugène Azatassou : Donc, c’est ça. Il s’agit  qu’on prenne conscience de cette affaite. On a pris conscience en réalité. Le soutien apporté à Steeve Amoussou dans cette situation avec toute l’armada de policiers qui a été déployée, quand vous dites ça, beaucoup de gens ont voulu arriver mais, se sont tombés sur les barrages de la police. C’est pour ça que le soutien apporté est déjà révélateur du fait qu’on est sur la bonne voie. Il s’agit maintenant de continuer à s’organiser et de persister.

Vous savez, quand vous parlez ainsi, au Bénin, il existe désormais une loi anti attroupement non armé non autorisé, Eugène Azatassou ?

Eugène Azatassou : Bien entendu !

Comment vous guérissez de ça ?

Eugène Azatassou : Bien entendu ! Il n’existe pas que cette loi. Il existe d’autres lois. Mais, il faut se défaire de ces lois d’une manière ou d’une autre. Il faut se défaire par un moyen ou par un autre parce que ce n’est pas possible qu’on reste bloqué dans l’expectative, de façon à ce qu’un pouvoir, à l’aide de ses ‘’Tonton Macout’’, puisse se pérenniser. Ça ne se fait nulle part, ça ne se pérennise nulle part. Le peuple béninois n’est pas plus bête que les autres peuples du monde qui ont réussi, malgré ces situations, à se défaire de ça. Il s’agit de trouver le bon filon, de s’organiser. Ça prend le temps que ça prend et puisça y est, ça va arriver.

Encore une fois, j’ai l’impression que les béninois ne vous écoutent pas. Ils s’occupent de leur peur pour l’instant non ?

Eugène Azatassou : C’est ça que vise le pouvoir. La peur

Et il y arrive non ?

Eugène Azatassou : Pour l’instant, jusqu’à un certain niveau. D’autres pouvoirs ont utilisé ça. Je vais vous dire un des aspects que j’ai noté des derniers événements de Steeve Amoussou. Il y a eu des intellectuels qui se sont extasiés. Il y en qui ont dit que dans un audio que j’ai lu sur un forum de la place, qui disait pourquoi il a porté masque, que ce qu’il fait, il a eu ce qu’il mérite. Jusqu’en ce moment, tout le monde pensait que Steeve coïncidait avec ‘’Frère Hounvi’’.

Le contraire n’est pas encore démontré !

Eugène Azatassou : Ça, c’est à démontrer. ‘’Il a fait du mal…’’ Il est même allé jusqu’à dire que voilà, il est bandit, les djihadistes qui nous attaquent, est-ce qu’il faut déposer une convocation…

Ils ont comparé Hounvi aux bandits ?

Eugène Azatassou : Celui qu’ils prenaient pour Hounvi, à un bandit parce qu’il ne se dévoile pas. Je voudrais dire à tout ce beau-monde que la lutte contre une dictature telle qu’on l’a en face, sauf qu’on ne s’accorde pas, puisque c’est de ça aussi qu’il s’agit, l’appréciation du pouvoir qu’on a en face, si on ne s’accorde pas sur ça, on ne s’entendra pas.

C’est-à-dire si tout le monde n’est pas d’accord qu’il s’agit là d’une dictature ?

Eugène Azatassou : Si quelqu’un n’est pas d’accord sur ça, et la personne fait son appréciation, on ne s’entendra pas. Mais quand on a à faire à une dictature, de toute l’histoire de l’humanité, et dans tout l’espace du globe terrestre, les luttes contre les dictatures comportent toujours un aspect de clandestinité. Toujours. Les exemples historiques abondent. Lénine ne s’appelait pas Lénine à l’état civil. C’est Vladimir Ilitch Oulianov. C’est Lénine qu’on connaît parce qu’à l’époque, il ne pouvait pas dire c’est moi Vladimir Ilitch Oulianov, parce qu’il avait l’autocratie.

C’était Steeve Amoussou pour ‘’Frère Hounvi’’ ?

Eugène Azatassou : Non, non ! Je dis maintenant, je prends la défense du ‘’Frère Hounvi’’, pas de Steeve Amoussou.

Non, le dis l’exemple que vous donnez c’est pour comprendre que ça ressemble au cas Steeve Amoussou et ‘’Frère Hounvi’’ ?

Eugène Azatassou : Oui, c’est pour dire que ça ressemble au cas ‘’Frère Hounvi’’ et Steeve Amoussou ; c’est-à-dire que, vouloir espérer que le combat sera totalement dans la légalité. Déjà que même les lois-là, (on a parlé des lois tout à l’heure), si les lois dérangent, pouff, on s’en va, on les change, on les adapte. C’est au profit du ‘’Frère Hounvi’’ que je parle qui mène, comme Steeve Amoussou l’a reconnu, d’après les écrits, un combat formidable.

Vous aussi, vous avez de l’admiration pour le ‘’Frère Hounvi’’?

Eugène Azatassou : Ah oui ! Absolument. Dans toute l’histoire, c’est ça. Je me rappelle, on était encore au collège (vous n’étiez pas encore né), il y avait dans les combats que menaient les mouvements démocratiques, un journal qui sortait, ‘’Kpalingan’’. Dans ce journal, il y avait une chronique d’un monsieur Agbadjigbèton, on disait ‘’l’homme au corps couvert Dieu’’. Il faisait des dénonciations sur les prévarications qui se faisaient au niveau des pouvoirs à l’époque. C’était avant la Révolution. Ça a existé de tout temps.

C’était l’aïeul du ‘’Frère Hounvi’’ ?

Eugène Azatassou : Dans le combat contre le Prpb, vous n’allez pas dire, mon tract, je l’ai fait ici ; quand on vous prend avec un tract dans la poche, vous êtes automatiquement envoyé au Pco, à Ségbana ou au camp Séro-Kpéra. Pour ne pas être torturé à mort, il faut que vous disiez où vous l’avez trouvé, etc. les tracts se faisaient de façon clandestine. Les gens qui font ces développements-là, la question qu’il faut leur poser, c’est, est-ce que oui ou non, nous sommes en dictature ? Si c’est oui, applaudissez le ‘’Frère Hounvi’’. Tout simplement. Mais, si c’est non, alors, c’est un bandit. Non, non ! Je pense que sous un pouvoir, comme je l’ai dit qui peut massacrer sans problème, qui peut tuer par balle et dire que vous êtes mort de paludisme, sous un pouvoir qui peut enfermer quelqu’un, qu’il subisse les pires sévices, qu’il subisses les conditions désastreuses de prison telles que décrites par l’Amnistie International, (il y en a qui sortent meurent quelques temps après, il y en a qui meurent là-bas), sous un tel pouvoir, la lutte prend parfois spontanément des aspects de clandestinité. Ça là, il faut le dire, parce que, ignorer ça, c’est ne pas vouloir le succès au bout du compte. Imaginez moi, Azatassou, je viens devant les micros de Crystal News, je dis, il y a eu drogue. On va me prendre et on va me dire d’aller montrer. Peut-être que ce que je dis là est vrai, mais, avant que je ne sorte d’ici, il y aura déménagé la drogue. On va me dire, où tu as trouvé ça ? Vous comprenez ! Je veux parler aussi là à Yahouédéou (Ndlr : Janvier Yahouédéou, député à l’Assemblée nationale). C’est un ami. Mais, avec sa sortie médiatique, il n’a réussi à me prouver que les pouvoirs de Kérékou et de Yayi étaient des démocraties. Ce qu’il a dénoncé avec les livres, tout ce qu’il a dit-là,

‘’Les vraies couleurs du caméléon’’

Eugène Azatassou : Et d’autres livres. Et tout ce qu’il dénonçait-là, il n’a qu’à essayer ça maintenant. Il connaît ses amis hein, avec qui il est maintenant. Il les connaît. Il n’a qu’à essayer ça, on va voir. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il y a un monsieur qui fait chroniques, il faut, il faut… C’est les soutiens de la Rupture souvent qui disent des choses comme ça. Il y a souvent dans ce genre de combat, des aspects de clandestinité. C’est vrai que ce n’est pas souhaitable que la lutte soit clandestine. Parfois, c’est impératif.

Ce que les gens n’aiment pas également, c’est les injures du ‘’Frère Hounvi’’ ?

Eugène Azatassou : C’est ça je dis, ce n’est peut-être pas souhaitable. C’est peut-être ça les effets de cette forme de combat. Ça peut égratigner des gens, et on ne sait pas quel est le visage.

Ce sont des formes de liberté qu’on peut prendre quand on est en clandestinité ?

Eugène Azatassou : Oui, quand on est en clandestinité et ça s’impose. C’est la nature du pouvoir qui impose ça. S’il se démocratise, tu verras, ça va disparaitre, ‘’Frère Hounvi’’.

Est-ce que dans le parti Les Démocrates, certains connaissaient ‘’Frère Hounvi’’. Est-ce que certains étaient en ligne avec ‘’Frère Hounvi ?

Eugène Azatassou : Je ne sais pas. Je ne peux pas le dire. Moi, je ne le connaissais pas. Je vous l’ai même dit à l’entame, je ne connaissais ni ‘’Frère Hounvi’’ ni Steeve Amoussou. Je ne peux pas dire qu’il ressemble à tel.

Oui, mais, je ne sais pas ce que vous avez à répondre à ça. On dit qu’il a été abandonné par l’opposition justement ?

Eugène Azatassou : Ah ! Il a été abandonné par l’opposition !

Vivre tout à côte, au Togo. C’était prévisible qu’il se soit arrêté !

Eugène Azatassou : Est-ce que c’est vraiment ‘’Frère Hounvi’’ qui est au Togo, à côté ? On est parti prendre Steeve Amoussou. On n’a pas pris ‘’Frère Hounvi’’ encore.

Monsieur Azatassou, on va finir par là ?

Eugène Azatassou : Quand je dis qu’il y a une dimension clandestine, ce n’est pas tout le monde. Sinon, ce ne sera plus clandestin. Ce n’est pas tout le monde qui connaît, qui est au courant. On est au courant de ça quand c’est une nécessité aussi ; quand vous avez des contributions à apporter. Vous pouvez apporter des contributions sans savoir

A qui vous apportez la contribution…

Eugène Azatassou : Oui ! Sans savoir.

Eugène Azatassou, on arrive au terme de cette émission !

Eugène Azatassou : Merci de m’avoir reçu une fois encore sur votre émission. Je voudrais dire que la clé de la situation actuelle du Bénin se trouve entre les mains du Président Patrice Talon et de la Rupture. A savoir, ce n’est pas la peine de pourchasser les gens, ce n’est pas la peine de mettre en place une milice parallèle à la police, ce n’est pas la peine de traquer les voix discordantes. Il faut détendre l’atmosphère, il faut détendre le climat politique, libérer les détenus politiques, faire revenir les exilés. On a dit ça à plusieurs reprises. Certainement qu’il ne veut pas le faire. Mais, je dirai au peuple béninois que c’est là que se trouve la clé du problème. Je ne peux pas dire que le peuple béninois ne peut pas régler ce problème. Non. Je pense que c’est lui qui est maître de son destin. C’est à lui l’avenir, c’est lui qui doit pouvoir régler ce problème. Merci !

Propos transcrits par Eros AMAH.

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