L’éditorial d’Arimi Choubadé
Il faudrait y penser le plus tôt possible. La CEDEAO n’en est pas à son premier divorce d’ailleurs. La Mauritanie l’avait quitté en 2000 parce qu’elle se sentait plus arabe du Maghreb que noir africain de l’Ouest. Cela ne l’a pas empêché de tenter bruyamment un come-back depuis 2017 et d’obtenir en attendant des accords de coopération assorti de l’espoir d’un grand retour à Abuja. Cette mini tempête dont les effets n’ont pas encore été totalement soldés n’a jamais débordé le champ diplomatique. Le tout dans une africanité qui allie tolérance, fraternité et patience.
Perdre la Mauritanie ne saurait être cependant comparable à un départ du trio de le Confédération des États du Sahel. Tant la Mauritanie n’est qu’un amas de dunes et d’oasis d’à peine 4 millions d’habitants tandis que la Confédération des États Sahéliens regroupe 72 millions d’âmes. D’aucuns parlerons du cœur de l’Afrique de l’ouest. Cette fois-ci le morceau est trop gros et plus croustillant en référence avec le potentiel impressionnant de son sous-sol, de son histoire et surtout de son impact économique. De quoi faire voler en éclats l’unité d’action de la CEDEAO comme on le pressent déjà.
Pour l’heure, c’est la cacophonie des intérêts face à cette dissidence très unie et très inspirée, motivée par l’envie d’en découdre avec l’ancien colon et ses suppôts locaux. Pendant que le Bénin continue de solder son activisme pro Bazoum marqué par une désaffiliation spectaculaire vis-à-vis du port de Cotonou, le Togo son voisin s’ingénue par contre à capter tout le trafic portuaire en provenance et en direction du Sahel. Le Ghana quant à lui est bien avancé dans son projet de rail qui relie le Burkina et le port de Thema. Ne parlons pas du Nigeria qui a complément pacifié ses relations avec le Niger comme si aucun nuage n’est apparu entre Abuja et Niamey ces derniers temps. Les sanctions sont désormais très loin.
En clair, aucune stratégie à 15 n’est visible du côté de la CEDEAO face à l’équation CES. Même le Sénégal essaie de cultiver sa spécificité en usant à fond la virginité de son nouveau président par rapport au passé des sanctions contre le Niger et des menaces d’une intervention armée pour rétablir Bazoum. Aucune perspective de voir les deux camps conclure un accord de coopération en bonne et due forme afin d’éviter de replonger dans des clivages d’avant 1975 à l’origine de la création de la CEDEAO. Mais le départ de la Mauritanie n’avait pas entraîné une rupture avec la France. D’où la persistance des relents d’une éventuelle solution militaire en lieu et place du tacite consentement d’alors ou d’une paix des braves.
Choisir entre négocier la paix et préparer les bases militaires !