La tension en cours entre le Bénin et le Niger depuis quelques mois a créé une atmosphère de méfiance entre les deux États. En conséquence, l’exploitation du pipeline qui relie les deux pays est perturbée et le Niger semble même vouloir l’abandonner. Les militaires au pouvoir à Niamey sont déjà en contact avec le Tchad, nouveau partenaire vers lequel ils envisagent de se tourner.
Koffi Eganhoui
La solution tchadienne ne date pas d’aujourd’hui. Elle était déjà explorée en 2012, car la voie la plus courte pour l’exportation du brut nigérien transite par le Tchad et le Cameroun. Cependant, les trois États ne s’entendaient pas sur les droits de transit du produit. Ce qui avait poussé le Niger à modifier ses plans en optant pour une voie plus longue de 2700 km. Mais cette fois-ci, avec le Bénin, un voisin avec lequel il partageait le même espace économique sous-régional et dont il exploitait le port depuis des décennies.
Si les autorités de transition décident de repartir vers le Tchad, les choses ne devraient plus être trop compliquées. Il suffirait de repartir sur les anciennes bases déjà définies. « Du point de vue légal, les dispositions étaient déjà prises à l’époque pour que le pétrole nigérien soit transporté et transite par le Tchad. C’était la voie la plus courte, la plus facile et la plus sécurisée. D’autant plus que la même compagnie qui opère au Niger, à savoir la CNPCI, est celle également qui opère au Tchad », a expliqué Gilbert Maoundonodji, fondateur du Groupe de recherches alternatives et de monitoring du projet Pétrole Tchad-Cameroun, à nos confrères de DW Afrique.
Le week-end écoulé, une délégation tchadienne conduite par le ministre du pétrole s’est rendue à Niamey pour discuter avec le gouvernement de transition. Pour le moment, les deux pays n’ont rien décidé de façon officielle, mais le Tchad ne devrait pas se montrer trop exigeant. « Pour le Tchad, le premier avantage serait que ça ne sera pas un usage gratuit de son pipeline. Le Tchad va recevoir en fait des bonus et des redevances pour l’utilisation de son pipeline, c’est déjà une bonne chose. Cela peut aussi représenter le début d’une collaboration qui peut aller plus loin en termes de renforcer cette idée d’exportation du pétrole raffiné nigérien vers le Tchad », analyse le chercheur Hoinathy Remadji.