l’éditorial de Arimi Choubadé
Être l’un des rares pays de la CEDEAO, frontalier avec 2 sur 3 pays de la Confédération des États du Sahel (CES), est-ce un atout ou un handicap ? Un débat qui agite le Bénin depuis plusieurs mois pour ne pas dire plusieurs années. Pour le moment cette double proximité avec le Niger et le Burkina Faso est loin d’être une bénédiction pour le gouvernement de Patrice Talon. Si ce n’est carrément le casse-tête. Le Niger comme le Burkina Faso, voire le Mali, hier débouchés naturels du port de Cotonou ne le sont presque plus.
Si la rhétorique à Niamey et à Ouagadougou est la même, à savoir le repli des forces militaires françaises du côté du Bénin après leur départ forcé du Sahel, elle n’est pas pareille du côté des autorités de Cotonou. En dehors du déni de toute volonté de déstabilisation des voisins sahéliens, le discours est moins tranché. Entre opérations de militaires béninois, présence de quelques instructeurs français ou installations de bases opérationnelles de l’armée béninoise dans les régions potentiellement infestées de terroristes, on ne retient que le démenti formel de servir de rampe de lancement des infiltrations destructrices du Sahel. Dialogue de sourds ou mauvaise foi de part et d’autre ?
C’est un fait que depuis le dernier rush musclé d’Ibrahim Traoré, beaucoup de Béninois scrutent du côté des anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Yayi Boni pour avoir pacifié le front entre le Niger et le Bénin. Leur descente conjointe à Niamey a stoppé net la rhétorique vindicative de part et d’autre. Ils sont nombreux à caresser le vœu secret de les voir aller passer la pommade de la sagesse sur le crâne du trublion de Ouaga. Sauf que l’AES est désormais devenue CES et a confié les clés de la poudrière commune sahélienne à Assimi Goïta, pour un an.
En clair, au lieu d’imposer un périlleux pèlerinage à nos pépés-héros, de capitale en capitale, il vaut mieux débarquer directement à Bamako afin de conclure un pacte de coexistence pacifique entre la CEDEAO et ses anciens membres, avec Assimi Goïta, le commandant en chef lui-même. Une sorte de pont jeté entre les deux communautés de l’Afrique de l’Ouest. Surtout que pour le moment personne ne se précipite dans la communauté internationale au chevet de l’effervescence dans cette partie du continent. Ni l’UA encore moins l’ONU ne se dépêchent pour aider à vite recoller des morceaux mis en vrille par des groupes armés suréquipés, sponsorisés, financés.
Il s’agit de combler le vide diplomatique entre Goïta et Tinubu