Mort en détention de Latifou Radji : l’ex ambassadeur Omar Arouna s’indigne et accuse Talon !

Célébration 1ᵉʳ août 2024 : l'adresse de l'ambassadeur Arouna au peuple béninois et au patriarche Soglo et Yayi

Le décès tragique du prisonnier politique au Bénin continue de susciter de vives réactions, sur place et un peu partout à travers le monde. Cette fois-ci, c’est depuis la capitale des États-Unis que l’ancien ambassadeur Omar Arouna a dit toute sa colère sur ce tragique décès. C’est à la faveur d’une tribune publiée sur les réseaux sociaux ce samedi 06 juillet que le diplomate béninois s’est prononcé. Pour lui, les principaux responsables de la mort du prisonnier Latifou Radji sont le président Patrice Talon et l’administration pénitentiaire. Omar Arouna estime que c’est de leur faute que le prisonnier politique est mort sans jugement depuis plus de cinq ans en détention provisoire.

Lire ici l’intégralité du verbatim de l’ex ambassadeur :

« PATRICE TALON : RESPONSABLE DE LA MORT DE LATIFOU RADJI, UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ
Par l’ Ambassadeur Omar Arouna, MBA

Washington DC le 6 Juillet 2024

La nouvelle de la mort de Latifou Radji, jeune détenu politique béninois, suscite une indignation profonde et légitime.
Latifou, arrêté en 2019 sans jugement, a passé près de quatre ans derrière les barreaux avant de succomber à une maladie, conséquence directe du refus de soins médicaux par ses geôliers.
Ce drame est une illustration flagrante des abus graves et des violations des droits humains sous le régime de Patrice Talon, président du Bénin. Il est impératif de dénoncer ce crime contre l’humanité et de rappeler que le chef de l’État en est le principal responsable.

Latifou Radji, natif de Savè, n’avait commis aucun crime autre que celui de réclamer justice et démocratie dans son pays. Arrêté lors des manifestations électorales de 2019, il fait partie des nombreux prisonniers politiques enfermés sans procès ni preuves tangibles. Il est le 79ème détenu sur une liste de 89, comme le révèle un rapport que j’ai commandité il y a plus d’un an.
Ce rapport souligne que 90% des prisonniers politiques au Bénin proviennent du nord du pays, une région pour laquelle Patrice Talon semble nourrir un dédain particulier.

Les conditions de détention des prisonniers politiques au Bénin sont effroyables. Privés de soins médicaux adéquats, ces détenus sont souvent laissés à leur sort, risquant de mourir dans l’oubli et la douleur. La mort de Latifou Radji en est un triste exemple.
Malgré des signes évidents de détérioration de sa santé, les autorités pénitentiaires ont refusé de lui fournir les soins nécessaires, le condamnant ainsi à une mort lente et atroce.

Depuis 2018, le Bénin a connu plusieurs vagues d’arrestations politiques, principalement lors des périodes électorales. Des centaines de personnes ont été arrêtées sous des accusations fabriquées, souvent liées au terrorisme, pour légitimer leur détention. Ces arrestations massives visent principalement les opposants politiques et les militants des droits de l’homme, créant un climat de peur et de répression.

Si Patrice Talon est le principal responsable de ce système répressif, il ne doit pas être le seul à être accusé. Tous ceux qui participent et soutiennent ce régime, y compris la pseudo-opposition qui confère une légitimité à ce pouvoir dictatorial, portent également une part de responsabilité. En tolérant ces abus, le peuple béninois, souvent réputé pour son pacifisme, doit aussi prendre conscience de son rôle dans la perpétuation de ce système oppressif.

La mort de Latifou Radji ne doit pas rester sans suite. Il est urgent de tirer la sonnette d’alarme sur les conditions de détention des prisonniers politiques au Bénin et de mettre fin à ces pratiques inhumaines. Une enquête impartiale doit être ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de son décès et traduire en justice les responsables de ce crime contre l’humanité.

La mort de Latifou Radji est une tragédie qui illustre les dérives autoritaires du régime de Patrice Talon. Il est temps de dénoncer ces abus et de lutter pour la liberté et la justice au Bénin. Le silence et l’inaction ne sont plus des options ; il en va de l’avenir de la démocratie et des droits humains dans notre pays.

Sur la photo [image d’illustration, ndlr], Salifou Radji apparaît quelques temps avant sa mort en détention. Cette image a fait le tour des réseaux sociaux, servant de plaidoyer pour demander au Président Patrice Talon de le libérer. Mais, fidèle à son habitude, le dictateur béninois est resté sourd aux appels. Déjà en 2022, un ami journaliste l’avait vu en prison et avait constaté son fort attachement à l’islam. Il avait demandé une mise en liberté provisoire, qui lui a été refusée cette même année. Cela s’inscrit dans le cadre de l’enquête que j’ai commanditée sur les prisonniers politiques au Bénin sous le régime Talon.»

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