Au caractère non officiel de cette médiation s’ajoute le manque de fiabilité du président Talon. Le chef de l’État a manqué tellement de fois à sa parole que rien ne garantit que les engagements que prendront Yayi et Soglo seront tenus.
Les anciens présidents du Bénin Nicephore SOGLO et Boni YAYI lassés de la situation que traverse notre pays à travers cette crise ont décidé de mettre les pieds à l’étrier pour contribuer au dénouement de la crise. Bien que louable et noble, il convient de se poser des questions sur l’opportunité et la pertinence de la démarche tout comme le profil des médiateurs désignés ou auto désignés.
Il faut le dire d’emblée, contrairement à ce qui pu se dire, même s’il aurait pu la commander, le Président Talon n’est pas derrière cette mission. Pire, il n’apprécie que très peu d’avoir découvert dans la presse et sur les réseaux sociaux l’intrusion de ses deux prédécesseurs dans l’un des domaines réservés de son pouvoir : la diplomatie. Patrice Talon aurait même appelé le Président Soglo pour essayer d’avoir des explications. Mais ça, c’est une autre histoire.
Les deux anciens présidents qui ont rendu hommage dans leur communiqué à tous les anciens présidents Nigériens sans mentionner le président Issoufou, se sont rendus à Niamey lundi où ils ont été reçus avec tous les honneurs, par des officiels du CNSP. Mais pour quels résultats ?
Pour répondre à cette question, il faut avant tout rappeler les derniers développements de cette ‘’guerre’’ impittoyable que se livrent le président Talon et le CNSP sur fond d’accusation de destabilisation. Quelques jours avant le voyage des anciens présidents Béninois, les autorités du Bénin avaient fait arrêter et condamner à des peines d’emprisonnement avec sursis, trois ressortissants nigériens venus vérifier la régularité des opérations de chargement du brut nigérien. Cet acte, ajouté à une longue liste d’autres actes de défiance de part et d’autre de la frontière, a fini de porter le coup de grâce à ce qu’il restait de la confiance entre les deux pays. Patrice Talon a activement œuvré pour la fin du CNSP, Tiani et ses camarades ne veulent discuter qu’avec un autre président au Bénin. En attendant, c’est en présence des deux anciens présidents béninois que le gouvernement du CNSP a annoncé son projet d’utilisation du corridor tchadien pour l’acheminement de ses hydrocarbures. Simple hasard du calendrier ou bras d’honneur magistral du CNSP à Soglo et à Yayi ?
Politique intérieure
Au-delà du CNSP, le spèctre de la politique intérieure du Bénin tourne autour de cette mission de bons offices. Le Président Talon est en conflit ouvert avec ses deux prédécesseurs. Après avoir exclu l’opposition des premières élections qu’il a organisées, le président Talon a organisé le siège du domicile de Boni Yayi pendant près de 2 mois avant que l’ancien président nigérian Obasanjo ne réussisse à l’extirper du pays. Les deux anciens présidents ont plusieurs fois fait des démarches envers Patrice TALON qui a toujours pris des engagements, mais qu’il n’a jamais tenus pour l’apaisement de la situation politique au Benin. Il s’agit notamment de la Libération des détenus politiques, du retour au pays des exilés, un consensus autour du code électoral et un dialogue national.
Face à tout ceci, Patrice TALON n’a jamais honoré une seule de ses promesses. Inversement, Boni YAYI et Nicéphore SOGLO n’ont pu contraindre Patrice TALON depuis 2019 à retrouver la voie de la démocratie et de l’apaisement politique au Bénin. Quels sont donc les engagements que Boni Yayi et Nicéphore Soglo sont en mesure de prendre au nom du Bénin, et qu’est-ce qui obligerait le président Talon à les respecter?
La question reste entière.