Comment font les présidents de la zone CFA pour faire plus de deux mandats ?

Quel drôle d'équipe nationale, ces Écureuils-guépards !

L’éditorial d’Arimi Choubadé

La Marina réfléchit à haute voix. Partout le cap des deux mandats se franchit allègrement. Pourquoi pas sur le bord de mer de Cotonou également, au pied de la superbe statue de l’Amazone. Ailleurs, rien qu’un nouveau pont réalisé a valu un énième mandat de plus. Au sein de l’empire CFA, le tabou du mandat renouvelable une seule fois a vécu. Plus aucun chef d’État de cette zone n’est soumis au rigorisme de la limitation de mandats. Les 3 pays de l’AES, Mali, Burkina Faso et Niger n’ont même plus de mandat : c’est la guerre, donc plus d’élections jusqu’à la paix. Des transitions sans contours précis. Ouattara en Côte d’Ivoire et Faure du Togo ne se sentent même pas concernés. Chacun a déjà trouvé sa formule pour ne pas partir. A l’exception de Macky le Sénégalais qui s’est pris à son propre piège en mélangeant répression, tergiversations et manipulations. Il a voulu faire du Wade sans être Wade.

Sortir de l’Ouest Afrique et s’étendre en Afrique centrale (Congo, Tchad, Cameroun ou même Gabon et assimilé comme la Guinée Équatoriale) ne change pas tellement la donne. En Centrafrique, le boulevard du 3eme mandat dès 2026 est largement ouvert depuis la nouvelle constitution issue du référendum de 2023. A Cotonou, a contrario, la formule peine à sortir des laboratoires du wagon Talon vers un règne sans horizon, sans fin. Pourtant il ne cache plus ses envies de rester “très actif” après l’échéance fatidique de 2026. La constitution, même révisée en clando en 2019 par un parlement de type nord-coréen, a beau être retournée dans tous les sens, impossible d’y repérer le moindre interstice favorable à la fin du verrou de la limitation à 2 mandats.

Rien dans le texte fondamental béninois n’autorise Patrice Talon d’être actif après 2026. Aucun passage n’y parle de rôle “actif” des anciens présidents. Peut-être une retraite paisible grâce à une impunité congénitale qui a permis à Mathieu Kérékou de ne jamais répondre des crimes affreux commis par sa révolution marxiste-léniniste entre 1972 et 1989. À moins de parvenir, par extraordinaire, à garder sous son contrôle les deux partis siamois qu’il a créés et à qui il a tout offert durant son règne, en usant très souvent de la force aveugle voire de la terreur endémique, Patrice Talon est coincé.

L’hégémonie de ces deux partis sur l’appareil d’État s’est écrite à l’aune de tirs à balles réelles sur des populations, des emprisonnements, de l’exil et de drames à répétition. En dehors de la satisfaction de s’être octroyé un bonus de 45 jours sur le premier mandat, le second demeure constitutionnellement un heurtoir infranchissable. Mais il reste encore deux ans pour inventer et mettre en route un scénario : un conflit armé pour enclencher le sursis de toutes élections par exemple ; une révision constitutionnelle inespérée pour sauter le verrou ; ou encore une catastrophe imprévisible jusque-là…

A vos méninges, talonnistes de tous bords !!!

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