Économiste et inspecteur des impôts, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, s’apprête à devenir le président du Sénégal pour les cinq prochaines années. Membre de l’ancien parti Pastef (dissous par le gouvernement, NDLR), ce jeune natif de Ndiaganiao était loin de s’imaginer occuper la plus prestigieuse fonction politique de son pays. Il y a quelques jours en arrière, il continuait de raser les murs de la prison du Cap Manuel où il était en détention provisoire en attendant un procès politique qui n’aura jamais lieu. Retour sur la vie de ce personnage devenu le plus jeune président du Sénégal que personne n’avait vu venir.
Coffi Eganhoui
Natif de la région de Thiès, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a vu le jour le 25 mars 1980 à Ndiaganiao. Après de brillantes études de droit à l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar, il intègre l’École Nationale d’Administration du Sénégal d’où il sort inspecteur des impôts. Admis dans la fonction publique, le jeune cadre s’engage dans le militantisme et parvient à prendre la tête du syndicat des Impôts et des Domaines. C’est dans cet environnement qu’il fait la rencontre de son mentor Ousmane Sonko avec qui il sera radié de la fonction publique par le candidat Amadou Ba, ministre du président Macky Sall à l’époque.
En 2014, les deux compagnons font leur entrée en politique en créant le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF). Ousmane Sonko prend la tête et devient président ; Bassirou, lui, se contente du poste de Secrétaire général du nouveau parti. À cette époque, le jeune inspecteur des impôts était encore loin de s’imaginer un jour à la tête de l’État sénégalais. Présenté comme l’architecte du Pastef, c’est lui qui s’occupe de la doctrine et de l’organisation interne du parti.
Tout pour Sonko !
Le président fraîchement élu du Sénégal s’est complétement sacrifié pour son mentor. Il a travaillé à ce qu’Ousmane Sonko porte les couleurs du Pastef à la présidentielle de 2019, face à Macky Sall. Toujours dans le cadre de son militantisme et de son combat aux côtés de son mentor politique, il goûtera la prison. En avril 2023, Bassirou Diomaye Faye est arrêté pour « diffusion de fausse nouvelle, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué ». La justice sénégalaise lui reprochait d’avoir pris fait et cause pour Ousmane Sonko qui était sujet à de nombreuses persécutions politiques et judiciaires de la part du pouvoir en place. Il est gardé à vue, et s’en est suivi une détention provisoire de 11 mois.
En 2024, c’est depuis la prison du Cap Manuel qu’il présenta sa candidature en tant que plan B du Pastef, en cas de rejet du dossier d’Ousmane Sonko qui était frappé d’une inéligibilité pour cinq ans. Bassirou Diomaye Faye assiste à la crise politique qui a précédé l’élection depuis sa cellule. En dépit de la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel, il passera la première semaine de campagne en détention. C’est seulement le 15 mars, à la faveur d’une loi d’amnistie votée par l’Assemblée nationale qu’il recouvre sa liberté et se lance dans la campagne, toujours assisté de son mentor Ousmane Sonko.
Dix jours après sa sortie de la prison du Cap Manuel, Bassirou Diomaye Faye bat le candidat du pouvoir, Amadou Ba, dans les urnes le 24 mars 2024 et va succéder à Macky Sall le 02 avril prochain. C’est ainsi que le jeune économiste, inspecteur des impôts sort de l’ombre politique de son compagnon de lutte pour se hisser à la tête du Sénégal. Il est marié à deux femmes. Marie Khone, chrétienne avec qui il a trois enfants, et Absa sont ses deux épouses.
