Le Bénin a marqué l’histoire financière en levant avec succès 750 millions de dollars, soit près de 460 milliards de FCFA, sur le marché international des obligations en dollar. Cette performance exceptionnelle positionne Cotonou en tant que troisième meilleur crédit en dollars US sur le continent africain, derrière le Maroc et l’Afrique du Sud. Constant Sinzogan analyse les raisons de cette réussite sans précédent.
Lire ci-dessous l’intégralité de son analyse
« 750 MILLIONS LEVÉS, LES RAISONS D’UNE PERFORMANCE FINANCIÈRE INÉDITE.
Du lundi 05 février à hier, le Bénin a rondement mené une opération d’émission d’obligation sur le marché financier international et sur un segment en dollar en levant avec succès 750 millions de dollars soit près de 460 milliards de fcfa sur une maturité de 14 ans avec une rétribution de plus de 7,5%.
Première du genre et donc inédite, cette opération a le mérite de faire de Cotonou le 3ème meilleur crédit en dollars US sur le continent africain derrière les mastodontes que sont le Maroc et l’Afrique du Sud.
Pour moi, les raisons de la performance de cette obligation internationale réalisée par un petit pays à petite économie comme le Bénin sont à chercher dans 3 choses :
D’abord dans l’audace, ensuite dans une option claire et décomplexée de politique de la dette et enfin dans la bonne santé de la monnaie locale, le Cfa.
D’abord audace parce qu’il faut en avoir pour prospecter et cibler un marché en dollars américains infesté de ” requins de la finance” aux jugements péremptoires et impitoyables.
Les investisseurs à ce niveau sont en effet sans sensibilité et sans remords dans l’évaluation des signatures des émetteurs.
Il faut alors avoir du cran et même du bagout pour les leur soumettre. Et pour l’avoir fait, c’est audacieux et c’est à l’actif de celui qui l’a fait, le gouvernement béninois.
Ensuite il faut souligner que les autorités de Cotonou n’ont jamais fait mystère de leur choix stratégique de gouvernance par la dette publique qu’elles affichent, assument et revendiquent en faisant tout pour soigner leur signature par le respect des échéances, leur éloignement des initiatives PPTE ( Petits Pays Très Endettés) et leur renoncement officiel au bénéfice des remises de dettes.
Tout ceci faisant, lesdites autorités de Cotonou sont devenues, peut-être à leur corps défendant, des professionnelles de la dette et les marchés anglo-saxons préfèrent avoir affaire aux professionnels de consommation de crédits qu’aux amateurs qui ne s’assument pas et qui sont en proie à la frilosisité.
Enfin, si les deux premières raisons sont à mettre à l’actif du Bénin, la troisième quant à elle relève de la forme solide et intincelante de la monnaie utilisée au Bénin, le Cfa.
La dette libellée en dollar sera en effet remboursée en dollar donc la confiance que l’investisseur a dans la monnaie locale de l’émetteur de l’obligation est essentielle.
Il va en effet voir si la monnaie qu’utilise le pays qui veut prendre le crédit est solide et imperturbable pour pouvoir capter efficacement le dollar comme devise au moment du remboursement.
C’est pourquoi on constate que les 3 pays meilleurs crédits en dollars américains en Afrique que sont donc le Maroc, l’Afrique du Sud et le Bénin, jouissent de l’utilisation des 3 plus performantes monnaies du continent que sont le Dirham marocain qui prend sa force dans sa semi-flexibilité avec le dollar 40% et 60% avec l’euro, le Rand, devise ayant acquis respectabilité et renommée par des decennies de stabilité et de solidité et le Cfa dont je vous ai déjà gavés ici même des informations sur ses forces et sa solidité. »