Au Gabon, le Code de la famille gabonaise permettait déjà aux hommes d’épouser jusqu’à cinq femmes, mais les militaires en étaient exclus. Le Conseil des ministres du 22 janvier 2023 a adopté un projet d’ordonnance permettant aux officiers supérieurs et aux généraux de l’armée de devenir polygames. Cette décision, loin de faire l’unanimité, divise l’opinion publique gabonaise.
Le Projet d’ordonnance modifiant et complétant certaines dispositions de l’ordonnance n° 007/2010 du 25 février 2010 portant Statut Particulier des Militaires, ratifié par la loi n° 18/2010 du 27 juillet 2010, « vise à se conformer aux engagements internationaux de notre pays en matière du respect des droits et des libertés individuelles en matière de mariage homme-femme qui doit être reconnue à tous. Aussi, à la faveur de la présente modification, le présent projet de texte permet-il de consacrer la possibilité de souscrire à l’option polygamique du mariage à partir des grades d’officiers généraux et supérieurs. Les dispositions relatives à l’Honorariat visent quant à elle à prévoir qu’au terme de sa carrière un officier supérieur ou général a la possibilité de porter, après la cessation définitive des ses fonctions, le titre de son dernier grade », indique le compte rendu du Conseil des ministres.
Pour certains partisans de la décision, comme Olivier Emvo Ebang, fondateur de l’association ”Oligui doit rester”, cette mesure représente une avancée significative. Il y voit un pas vers l’égalité, en permettant aux officiers supérieurs de jouir des mêmes droits matrimoniaux que le reste de la population.
L’ancienne procureure de la République, Sidonie Flore Ouwé, qui préside l’ONG féministe « Salon de la femme », exprime des préoccupations quant à la discrimination inhérente à cette mesure. Elle confie à RFI que si l’objectif est d’autoriser la polygamie, cela devrait s’appliquer à tous les militaires, évitant ainsi toute forme de discrimination. Ce point de vue reflète les inquiétudes de ceux qui estiment que la nouvelle loi crée une inégalité parmi les membres de l’armée, puisque que c’est une partie du corps militaire qui est concernée.