Les dés sont définitivement jetés en ce qui concerne la participation de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko à la présidentielle de février 2024. Vendredi dernier, le Conseil Constitutionnel a rejeté le dossier de candidature du leader du PASTEF, au motif qu’il est incomplet. Un rejet qui vient sceller le sort d’Ousmane Sonko qui voit son rêve présidentiel sombrer de plus en plus.
Cheikh Ousmane Kane
Il règne une grande incertitude au sujet de la participation du principal opposant sénégalais au scrutin présidentiel prochain. Fragilisé par le pouvoir en place qui l’accable de plusieurs affaires judiciaires ces dernières années, Ousmane Sonko, en qui une masse importante de la jeunesse voyait le successeur de Macky Sall, assiste impuissant depuis la prison, à la déstabilisation de sa candidature. Principale et redoutable figure d’opposition, il était devenu en l’espace de quelques années, la bête à abattre du pouvoir en place à Dakar.
Les événements de ces derniers jours explicitent comment le président Macky Sall veut éviter la concurrence et la compétition politique à son dauphin Amadou Ba lors de la présidentielle de 2024. Et pour ce faire, la cible est connue et il l’avait dans son viseur depuis longtemps. Malgré les récentes batailles judiciaires successivement remportées par l’opposant, le gouvernement n’a ménagé aucun effort pour imposer à Ousmane Sonko le statut de prisonnier. Pas plus tard que le jeudi 04 janvier 2024, la Cour Suprême du Sénégal a confirmé sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation. Une peine qui le rendait inéligible pour cinq ans et sur laquelle le pouvoir s’était basé pour le radier des listes électorales.
Le vendredi 05 janvier 2024, c’est le Conseil Constitutionnel qui est venu enfoncer une fois encore le prisonnier candidat. Selon l’avocat de ce dernier, les juges constitutionnels ont rejeté la candidature du président du PASTEF pour défaut de certaines pièces, sans pour autant préciser les documents manquants. Mais il s’agit visiblement des fiches de parrainage dont Ousmane Sonko a été privé par les autorités sénégalaises ainsi que le récépissé de paiement de sa caution de 30 millions de FCFA que la Caisse des Dépôts et Consignations a refusé d’encaisser. L’entourage de l’opposant avait alors reproduit lui-même les fiches de parrainage et ajouté la quittance de réception du chèque de 30 millions par la Caisse des Dépôts et Consignations afin de déposer le dossier de candidature.
Pour ce qui est du traitement du dossier par le Conseil Constitutionnel, les avocats d’Ousmane Sonko dénoncent plusieurs violations des textes. « Le dossier a été ouvert et exploité en l’absence du mandataire et représentant d’Ousmane Sonko », a déploré Me Ciré Clédor Ly du collectif de la défense de l’opposant. L’avocat a aussi ajouté par la suite que « la commission a été dans une composition irrégulière parce que la loi prévoit que cette vérification devait se faire en présence du candidat ou du mandataire ». Me Ciré Clédor Ly ne comprend d’ailleurs pas pourquoi il ne lui a pas été notifié jusque-là les pièces qui manquent au dossier de son client afin qu’il y remédie.
Plusieurs dossiers avaient été enregistrés par le Conseil Constitutionnel qui a entamé leur étude par la vérification des parrainages. Une étape qui précède la validation des candidatures qui seront sur la ligne de départ. Le calendrier électoral prévoit la publication de la liste des candidatures validées pour le 20 janvier prochain. Ce qui laisse des inquiétudes dans le camp de l’opposant Sonko sur la crédibilité du scrutin. « Le Sénégal a décidé de s’engager dans une grande farce électorale », estime l’avocat du candidat définitivement recalé. « Il y a une volonté d’aller vers des élections qui dès le départ manquent de transparence et qui en tout état de cause ne refléteront pas la volonté de la nation », a laissé entendre Me Ciré Clédor Ly.