Candidats à la présidentielle 2026 ou candidats à la Criet ?

Arimi Choubade L’afriquetocratie vue par les charlatans

Toujours personne pour affronter le clan Talon pour les présidentielles de 2026. Pas même des manifestations d’intention, de positionnement, de suscitation encore moins de projection. Sauf pour un ou deux téméraires de la diaspora bien loin du pays. Sur le territoire national, pas la moindre velléité de succéder à Talon pourtant forclos après ses 2 mandats. Peut-être Yayi Boni dans son self-made man, bien que forclos lui aussi. Le 3e mandat présidentiel demeurant toujours banni, à ce jour, de la constitution béninoise bien que nuitamment révisée en 2019 par le clan au pouvoir.

L’éditorial d’Arimi Choubadé

Ce défaut d’engouement des opposants doit certainement quelque chose à la création en juillet 2018 de la célébrissime Criet (Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme). En effet, avant cette date, les candidats à la succession se bousculaient jusqu’au début du ménage d’avant présidentielle 2021. Sébastien Ajavon arrivé en 3ème position lors du scrutin présidentiel de 2016 juste après Talon était le premier à passer à la trappe de la Criet avec 20 ans de prison dès le 18 octobre 2018 pour une affaire de trafic de drogue dans laquelle il avait été déjà jugé et acquitté en 2016. 20 ans de prison ensuite pour Komi Koutché ancien ministre des finances le 04 avril 2020. 10 ans de prison ferme pour Léhady Soglo un autre prétendant au trône, ancien maire de Cotonou en juillet 2020 comme Séverin Adjovi ancien maire de Ouidah, 7 ans de prison toujours en juillet 2020. Tous ceux-là avaient suivi leur disgrâce depuis l’extérieur où ils avaient trouvé refuge.

Mais la chape de plomb dans les rangs des opposants n’a pu imposer le silence aux quelques-uns qui voulaient toujours se mesurer dans les urnes contre Talon. Des téméraires qui parcouraient déjà le pays de part en part pour sonner le tocsin. D’où la radicalisation tous azimuts. Il n’était plus question de faire peur ou de tenir loin du pays. Réckya Madougou est arrêtée en mars 2021 suivi de Joël Aīvo embastillé en avril de la même année, les deux purgent respectivement 20 ans et 10 ans de prison ferme. Quelques semaines plus tôt, en février, c’était Galiou Soglo, l’ancien ministre qui va échapper mystérieusement à une fusillade. Lui va suivre le reste du feuilleton sur un lit d’hôpital pendant que Talon triomphait de deux adversaires cooptés par son propre clan en parrainages et en visibilité. L’équation est donc limpide : prison, exil ou envoyé ad Patres…

D’où la question naïve de : à qui le tour ? Quel opposant sachant que tous ses autres prédécesseurs sont soit en prison soit en exil serait prêt à lever la main pour 2026 au Bénin ? Même au sein de la mouvance personne n’a encore osé manifester le désir de succéder au patron suprême encore en poste pour deux années. Le seul murmure à peine contenu jusque-là reste celui de l’ami du chef. Mais lui aussi doit se contenter pour le moment de laisser les autres dire à sa place, à leur risque et péril. 

Précaution d’usage oblige lorsque présidence rime désormais avec prison ou exil ou encore.

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