Patrice Talon : les leçons d’une interview

Le président béninois avait soif de parole. Entre les revendications de son opposition, les frémissements dans son propre camp pour sa succession ou encore les critiques de plus en plus acerbes de l’opinion publique ouest-africaine sur sa position dans la crise nigérienne, le Chef de l’État béninois avait visiblement besoin de répondre et d’envoyer des messages à ses protagonistes. Il a donc multiplié les sorties. En un mois, le n°1 béninois a enchaîné trois sorties rien qu’au plan national.

D’abord le 27 novembre. Patrice Talon a convié dans son bureau les responsables du parti Les Démocrates, pour « tourner en ridicule » leurs revendications, et les « humilier », de l’aveu-même de ses partisans. Après les séquences vidéo que les services de la présidence de la République ont fait diffuser, les membres de la délégation LD crieront au guet-apens : Il n’avait jamais été question d’enregistrer la séance, vu que la présidence de la république avait interdit l’accès de la salle de réunion à l’équipe de tournage des Démocrates. Mais il semblait bien que malgré ce monopole du compte-rendu que Patrice Talon s’est réservé, c’est bien contre lui que cette opération s’est retournée. En effet, l’opinion publique n’aura retenu de cette rencontre que la confirmation du cynisme de son Président, et son ddain pour les valeurs qui lui ont pourtant personnellement profité, en l’occurrence, le Pardon.

D’où le besoin de la troisième sortie, celle du 23 décembre, dans laquelle il niera catégoriquement, face à deux journalistes du service public conviés dans son bureau, avoir été pardonné de quoi que ce soit dans l’affaire de tentative d’empoisonnement sur la personne de Boni Yayi, alors président en fonction. Il profitera également de cette interview pour envoyer des messages sans équivoque à tous ceux qui rêveraient de lui succéder, à commencer par ceux de son propre camp : cela se décidera le plus tard possible, au sein des partis politiques, pas en dehors, et il aura son mot à dire ! Fin de la récréation.

Mais avant, le 21 décembre, Patrice Talon aura profité du rendez-vous constitutionnel du discours sur l’état de la Nation pour répondre, avec un petit rictus au coin des lèvres, à ses détracteurs sur la scène régionale : il « prend acte du coup d’État » et veut « normaliser ses relations avec le régime Tiani », à condition que ce dernier « donne des gages », assure-t-il.

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