Bénin : malgré les réformes, les détournements de deniers publics persistent !

Bénin : malgré les réformes, les détournements de deniers publics persistent !

La lutte contre la mauvaise gestion des entreprises publiques semble avoir du plomb dans l’aile au Bénin. En dépit des nombreuses réformes opérées par le pouvoir en place, le mal persiste et les scandales éclatent les uns après les autres.

Coffi Eganhoui

Détournement de fonds, blanchiment d’argent, décaissement de fonds sans exécution des projets auxquels ils étaient destinés, les caisses de l’État saignent entre les mains de ceux-là même que Patrice Talon a placés à la tête des structures publiques. Il faut pourtant reconnaître qu’en matière de transparence financière au Bénin, le gouvernement de Patrice Talon a fait de gros efforts. Les nombreuses réformes, aussi courageuses qu’elles soient, ont tracé le chemin pour contrôler les circuits empruntés par l’argent de l’État. Mais dans l’application, on se rend compte qu’il ne s’agit que d’un simple château de sable. Aujourd’hui, il est difficile pour les cadres qui entourent le Chef de l’État de servir à la tête d’une entreprise ou structure publique sans se servir eux-mêmes. L’éclatement récent de plusieurs dossiers de malversations financières à l’OBSSU, à l’AGETIP et à la Poste du Bénin est l’expression de la profondeur du mal.

Affaire OBSSU

Le premier décembre 2023, Donald Acakpo, le Directeur Général de l’Office Béninois du Sport Scolaire et Universitaire (OBSSU) et deux autres personnes, dont le comptable, sont interpellés et gardés à vue à la Brigade Économique et Financière (BEF). Présentés à la justice, huit jours plus tard, ils sont poursuivis pour « détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux et escroquerie », puis jetés en prison. Dans les détails de cette affaire, il s’est avéré que les trois complices auraient procédé au décaissement d’une somme de 02 milliards et demi de nos francs des caisses de l’OBSSU sans la moindre justification. Ils doivent attendre l’ouverture de leur procès le 18 décembre prochain pour se défendre.

Affaires AGeTIP et La Poste du Bénin

Quelques jours plus tôt, c’est le même scénario qui s’est déroulé à la Poste du Bénin. Le Directeur de l’Administration et des Finances (DAF), l’ex-Personne Responsable des Marchés Publics (PRMP) et une troisième personne sont inculpés pour surfacturation évaluée à plusieurs millions de FCFA. Une autre malversation est également mise à découvert par la justice ces derniers jours. Elle a lieu à l’Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public au Bénin (AGETIP Bénin) et implique le DG Raymond Adékambi. Ce dernier et son complice sont accusés par des actionnaires de la structure d’avoir empoché plus de 1,7 milliard de FCFA dans les fonds destinés à un projet du ministère du Cadre de vie que le gouvernement a finalement déclassé dans l’ordre des priorités. Les mis en cause auraient donc estimé utile de se servir de cet argent mis à disposition par la BIDC et la BOAD à des fins personnelles. Raymond Adékambi et son complice aurait déjà comparu pour la première fois devant le juge le lundi 11 décembre dernier pour expliquer pourquoi l’argent n’est plus dans les caisses de l’AGETIP alors que les travaux n’ont même pas démarré.

Une tendance lourde

Donald Acakpo et Raymond Adékambi ne seront pas les premiers responsables d’entreprises publiques rattrapés par des affaires de malversations financières sous le gouvernement Talon. Le 12 juin 2018, la justice béninoise avait déjà condamné un ancien Directeur Général de la SONEB à 36 mois de prison pour avoir produit de fausses quittances de versement de TVA portant sur 239 millions de FCFA. Tout comme lui, feu Thomas Agbéva, ancien Directeur de l’Agence Nationale des Transports Terrestres (ANaTT) a fait la prison de 2021 à 2022 (année de sa mort, ndlr), toujours pour des faits de mauvaise gestion financière et économique. En octobre 2022, ce sont des faits d abus de fonctions et de corruption active lors de la passation des marchés publics qui étaient reprochés à Valère Houssou et quelques-uns de ses collaborateurs au Fonds National de Développement Agricole (FNDA). Visiblement, l’argent public les intéresserait beaucoup plus que la pécule mensuelle qui leur est due par le contribuable dans le cadre de leurs fonctions.

En effet, le mode de désignation des responsables des structures publiques et les nombreux avantages qui leur sont accordés ne semblent toujours pas résoudre le problème. Les réformes opérées par le pouvoir ont également présenté leurs limites et de nombreuses failles, permettant ainsi aux cadres véreux de toujours continuer à se servir impunément dans les caisses de l’État jusqu’à ce qu’ils soient épinglés.

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