L’ancien président sierra-léonais Ernest Bay Koroma a été auditionné une nouvelle fois par la police de Freetown sur la tentative de coup d’État survenue le 26 novembre dernier. Cette situation succède à une récente décision de la Cour d’appel ouvrant la voie à des poursuites contre l’ex-président pour abus de pouvoir pendant l’exercice de ses fonctions, de 2007 à 2018.
Ernest Bay Koroma avait regagné sa résidence à Freetown le 11 décembre, après son troisième interrogatoire par la police sur les événements du 26 novembre. Ce mardi 12 décembre 2023, il a été auditionné pour la quatrième fois. Le chef de la police sierra-léonaise a affirmé qu’il est désormais l’un des principaux suspects dans ces troubles, mais la qualité des preuves brandies soulève des interrogations.
Soupçons de manœuvres
Certains observateurs estiment que l’interpellation de l’ancien président est une manœuvre politique visant à exercer une pression sur lui. « Ce ne sont pas franchement des amis. Je crois que l’objectif est de mettre l’ancien président sous pression parce qu’il continue de jouer un rôle important sur la scène politique sierra-léonaise, et qu’il exerce une influence que l’actuel président n’apprécie pas. Le caractère flou des preuves est l’occasion parfaite pour le gouvernement d’arrêter des personnes avec lesquelles il n’est pas d’accord sur le plan politique », a confié à RFI, Idriss Mamoud Tarawallie, un politologue.
Le chef de la police Fayia Sellu, qui a déclaré lors d’une conférence de presse ce mardi que « personne ne doit se croire au-dessus de la loi », a indiqué que « l’interrogatoire de l’ancien président se poursuivra le temps de rassembler suffisamment de preuves ».
Rappelons que le 26 novembre, des hommes armés avaient attaqué une armurerie militaire, deux casernes, deux prisons et deux postes de police. Les affrontements ont fait 21 morts, 18 membres des services de sécurité et trois assaillants, selon le point du ministre de l’Information. Plus de 70 personnes notamment des militaires ont été mises aux arrêts. Les autorités sierra-léonaises accusent d’anciens gardes d’Ernest Bay Koroma d’avoir participé aux assauts. Après l’audition de l’ancien président ce mardi, « le chef de police a déclaré que Ernest Koroma restera soit en détention, soit sera remis en liberté sous caution », rapporte RFI.