Politique/Le multilatéralisme africain au cœur d’une table ronde de haut niveau

Ce vendredi 1er décembre 2023, le CiAAF a animé une table ronde sur « les avancées et les défis du multilatéralisme africain » dans le cadre du colloque international sur l’avenir du multilatéralisme africain. Cette table ronde de haut niveau a abrité les échanges entre le professeur John Igue, ancien ministre béninois du commerce, des petites et moyennes entreprises ; M. Moïse Kérékou, ancien ambassadeur du Bénin près la Turquie ; l’ambassadeur Rogatien Biaou, ancien ministre béninois des affaires étrangères et l’ex-ministre malien de la justice, Me Mamadou Ismaïla Konaté. À l’occasion, les intervenants ont échangé leurs idées dans le but de détecter les facteurs qui freinent l’essor du multiculturalisme africain et d’en proposer des solutions adéquates et durables.

Anges Djomaki (Stg)

L’avenir du multilatéralisme africain a été traité de fond en comble lors des différentes activités de cette première journée du colloque international organisé par le think tank Civic Academy for Africa’s Future, notamment la table ronde de haut niveau. Ces échanges ont principalement amené les intervenants à confronter leurs analyses afin de détecter et de régler les problèmes que rencontre le multilatéralisme en Afrique.

D’abord, le concept du multiculturalisme trouve sa source dans celui de la mondialisation d’après le professeur John Igue. Il vise ainsi un but ultime, celui d’assurer non seulement la paix et la sécurité, mais aussi la solidarité en Afrique, d’après l’ambassadeur Rogatien Biaou. Mais il se trouve que ce concept-là du multiculturalisme rencontre des difficultés à évoluer en Afrique. « Le multilatéralisme est dans un processus d’intégration » en Afrique, a fait savoir Moïse Kérékou. Cependant, l’ancien ministre malien, Ismaïla Konaté soutient que la vraie difficulté « est que le multilatéralisme nous vient de l’étranger ». Il rejoint ainsi le diplomate Rogatien Biaou qui dénonce le « mimétisme » des dirigeants africains qui devraient plutôt « innover en y mettant la touche africaine et en tenant compte de nos réalités culturelles et cultuelles ».

D’après le Pr John Igue, un autre problème est celui de la perpétuation de la colonisation en Afrique. Ainsi, les langues locales sont banalisées dans la plupart des pays africains. Il dénonce également « l’hypocrisie généralisée » des dirigeants africains. Selon lui, ce sont les entreprises qui gouvernent le monde par le biais des dirigeants. « Aucun dirigeant africain n’est pour son peuple ! », a-t-il dénoncé avant d’évoquer la problématique du complexe d’infériorité dont fait preuve l’africain lorsqu’il se retrouve face à la « peau blanche ». Des difficultés auxquelles vont s’ajouter l’absence d’un mécanisme d’installation du multiculturalisme en Afrique et le financement en grande partie des institutions internationales africaines par des partenaires extérieurs selon M. Rogatien Biaou. L’ancien ambassadeur Moïse Kérékou n’a pas manqué de mentionner la récurrence des guerres civiles, coups d’État et conflits inter-États en Afrique.

Perspectives et recommandations

À l’issue des échanges entre les différents intervenants, plusieurs pistes de solutions et recommandations sont retenues pour multi-nationalisme idéal pour l’Afrique. Il s’agit notamment de la revalorisation et de la promotion de nos langues locales qui visent à libérer définitivement les pays africains des jougs de la colonisation. C’est pourquoi Ismaïla Konaté estime que « nos langues doivent être nos préférées ». Cette solution a aussi pour objectif de « construire des États crédibles, véritablement souverains et indépendants », renchérit l’ambassadeur Moïse Kérékou.

Ensuite, il faudra se revendiquer en tant qu’Afrique et africains en usant d’approches plus africaines face aux différents problèmes à résoudre. Cette recommandation vise principalement à éradiquer le complexe d’infériorité que ressent l’Africain face à la race blanche.

Outre ces différents apports, les pays africains doivent également agir pour la libre circulation des personnes et des biens, coopérer pour l’union douanière et le marché commun. Ces recommandations sont autant de pistes pour promouvoir la solidarité entre l’Afrique et les Africains.

Pour couronner le tout, l’ambassadeur Rogatien Biaou va ajouter que « l’avenir du multiculturalisme africain réside dans la mise en œuvre du panafricanisme dans toutes ses dimensions. Le professeur John Igue invite, pour finir, les différents acteurs à dénicher davantage de solutions, aussi participatives, autour de débats francs et libres.

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