La question de la promotion d’un expatrié à la tête de l’agence nationale d’identification des personnes (Anip) était de nouveau au cœur des échanges entre le président béninois et les responsables du parti d’opposition Les Démocrates le lundi 27 novembre 2023 à Cotonou. Patrice Talon a affirmé n’avoir pas de complexe lorsqu’il s’agit d’aller rechercher des compétences n’importe où pour assurer des fonctions dans certains secteurs sensibles. Mais les arguments avancés ne satisfont pas encore aux inquiétudes du politologue Boni Richard Ouorou. Ce mardi 28 novembre 2023, il s’est adressé au chef de l’État à travers une publication sur les réseaux sociaux. Il relève un certain nombre d’insuffisances dans la promotion d’un cadre étranger à la tête d’une structure qui gère l’état-civil et le fichier électoral. Boni Richard Ouorou recommande aussi à Patrice Talon de reconsidérer sa décision en mettant fin aux fonctions du Rwandais à la tête de l’Anip.
Voici l’intégralité de son adresse au président de la République :
« Monsieur le Président,
C’est avec un respect profond et une préoccupation sincère que je m’adresse à vous aujourd’hui concernant la récente nomination d’un expatrié rwandais à la tête de l’ANIP, l’agence qui détient les données sensibles de nos concitoyens béninois.
Nos compatriotes qui occupent des postes de responsabilité significatifs dans d’autres pays sont au minimum des citoyens dualistes de ces nations. De plus, leur performance et leur intégrité sont continuellement évaluées par des experts indépendants, suivant une démarche éthique et des normes de déontologie strictes.
Cependant, confier les données sensibles de nos concitoyens à un expatrié qui n’a pas de lien fort avec notre pays, et qui provient d’un pays où les actions du gouvernement sont souvent jugées douteuses, ne témoigne pas de votre manque de complexe. Au contraire, cela semble révéler une complicité implicite visant à obstruer la transparence d’un processus qui pourrait potentiellement être perturbé à votre profit.
Monsieur le Président, cette action s’ajoute à une série d’actes qui remettent en question la transparence de votre gouvernance. Elle jette le discrédit sur l’institution que vous dirigez et fragilise sa légitimité et celle du processus qu’elle mène aux yeux de notre population.
Je vous invite donc, avec tout le respect qui vous est dû, à reconsidérer cette nomination. J’espère sincèrement que vous prendrez en compte cette préoccupation, dans l’intérêt de la transparence et de la confiance du peuple béninois.
En comptant sur votre engagement envers le peuple que vous servez,
Je vous remercie et prenez soin de vous.
Respectueusement. »
Issa Boni Richard Ouorou