La nomination de Pascal Nyamulinda, un ressortissant rwandais, à la tête de l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP) au Bénin a suscité des débats houleux. Alors que le gouvernement prétend qu’il s’agit du choix d’un expert international, les députés de l’opposition dénoncent la décision, mettant en avant la nécessité de favoriser les compétences locales. Convoqué devant l’Assemblée Nationale pour expliquer le processus ayant conduit à la nomination de Pascal Nyamulinda, le ministre de l’Intérieur, Alassane Séidou, a donné une réponse pour le moins surprenante. Alassane Séidou a regretté les arrière-pensées « xénophobes » des élus de l’opposition qui ont pris l’initiative de cette question orale.
Une dérobade qui n’a pas manqué d’agacer l’opposition. « Notre démarche n’est pas une démarche xénophobe. Au lieu de nous répondre, le gouvernement nous a fait des histoires. Il nous a envoyés dans l’histoire de Houphouët Boigny. Choisir l’option de dribbler le parlement n’est pas bien », a déclaré Houndété, vice-président du parti Les Démocrates.
Nommé le 22 février 2023 en remplacement de Cyrille Gougbédji, le rwandais Pascal Nyamulinda était arrivé à Cotonou avec son expérience d’ancien directeur de l’agence rwandaise d’identification des personnes (NIDA). Mais sa nomination a toujours été vivement par une partie de l’opinion publique et par l’opposition qui pointe les risques de siphonnage des données d’état civil des béninois, mais également des risques d’une manipulation du fichier électoral. « Il n’est pas normal que l’on confie la confection et la gestion du fichier d’état civil à un étranger », déplore un autre député de l’opposition.
Mais le gouvernement est toujours resté droit dans ses bottes. Pour lui, l’Anip a entamé depuis le début de cette année une nouvelle phase de son évolution, celle du développement de l’identité numérique. « Cette phase, explique Alassane Séidou, est hautement technique même si ses produits peuvent pour certains cas, être considérés comme politiquement sensibles. Elle requiert une expertise particulière. » Voilà donc la raison pour laquelle le gouvernement n’a pas exclu de recourir à une expertise extérieure.
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