Le président Macky Sall a fait un remaniement majeur au sein de la Commission Electorale Nationale Autonome sénégalaise. Doudou Ndir, ainsi que les membres de cette institution, ont tous été limogés par un décret présidentiel ce vendredi 3 novembre 2023. Mais les circonstances dans lesquelles cette décision a été précise soulèvent beaucoup de questions.
Au Sénégal, la CENA est l’organe chargé de superviser l’ensemble du processus électoral bien que le ministère de l’Intérieur soit responsable de l’organisation des élections. Le changement à la tête de l’institution est intervenu dans un texte contexte particulier : la controverse relative à la réinsertion de l’opposant Ousmane Sonko ou non sur le fichier électoral. La CENA avait réclamé sa réintégration suite à une décision du tribunal d’instance de Ziguinchor qui l’a ordonnée. Cependant, le ministère de l’Intérieur s’y est opposé, évoquant la condamnation de Sonko par contumace dans une affaire de mœurs.
La question du timing
Les circonstances de ce remaniement soulèvent des questions parmi les observateurs. Bien que le mandat de l’équipe précédente soit expiré depuis plus de deux ans, pourquoi c’est maintenant que Macky Sall choisit de faire le ménage malgré les appels de l’opposition dans ce sens depuis 2021 ? Macky Sall a-t-il perdu sa confiance dans les organes de gestion des élections, à quelques mois seulement de 2024 ?
Le ministre porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, considère néanmoins que cette décision est tout à fait normale et répond d’ailleurs aux souhaits de l’opposition.
Désormais, le nouveau président de la CENA est Abdoulaye Sylla, un inspecteur général d’État à la retraite. Il sera secondé par Ndary Toure, un magistrat également à la retraite, en tant que vice-président. Ces nouveaux dirigeants seront accompagnés par dix autres membres fraîchement nommés.
