Le programme n’était à l’agenda officiel ni de l’Élysée, ni du Palais de la Marina. Mais le président béninois Patrice Talon avait rendez-vous ce mardi 03 Octobre 2023 avec son homologue français Emmanuel Macron. Un rendez-vous hautement secret inscrit dans le cadre d’un voyage tout aussi secret du président béninois sur Paris le week-end dernier. Rien n’a encore filtré de cette rencontre. Mais une source proche du Quais d’Orsay, le ministère français des affaires étrangères, a indiqué à Olofofo que les deux hommes ont sans doute discuté de la coopération militaire entre leurs deux pays et probablement du redéploiement des troupes françaises expulsées du Niger.
Dans les relations entre la France et ses anciennes colonies ouest-africaines, l’axe Cotonou-Paris s’est nettement renforcé ces derniers mois avec les crises qui secouent le Sahel, une région où la France est constamment conspuée et a perdu presque toute son influence. Patrice Talon et Emmanuel Macron étaient en effet les tenants de la ligne la plus dure dans la gestion du coup d’état qui a renversé le 26 juillet dernier le président nigérien Mohamed Bazoum, lui-même considéré comme l’un des pions les plus importants de la politique française en Afrique. Avec l’ivoirien Alassane Ouattara et le Sénégalais Macky Sall, les deux dirigeants français et béninois étaient prêts à intervenir militairement au Niger pour « libérer le président Bazoum et rétablir l’ordre constitutionnel ». Si le projet est de plus en plus incertain à cause de la défection du Nigeria, mais surtout à cause de son impopularité auprès des opinions publiques ouest-africaines, la force en attente de la Cedeao reste officiellement mobilisée pour une éventuelle intervention.
La présence militaire française et les interventions de Paris dans les affaires des pays de la sous-région sont devenues très impopulaires dans les opinions publiques. La réunion secrète du 03 octobre s’est donc tenue dans un contexte difficile pour les deux hommes. Après près de deux mois de bras de fer avec les nouvelles autorités nigériennes, le président français a fini par annoncer le 24 septembre dernier, le rapatriement de son ambassadeur et des 1500 soldats français positionnés à Niamey et dont le CNSP a exigé le départ immédiat. Quant à Patrice Talon, il fait depuis ses sorties musclées contre les putschistes nigériens, l’objet d’une violente campagne de dénonciation de la part des milieux souverainistes. Le président béninois est présenté par ses contempteurs comme « un valet local du néocolonialisme français, et un traitre ».
La semaine dernière, le porte-parole du gouvernement béninois avait dû multiplier les sorties médiatiques pour tenter de démentir toute présence militaire française au Bénin, égratignant au passage le média français RFI qu’il a accusé de colporter « des élucubrations » de la presse africaine sur la question.