Le FMI vole au secours du Burkina-Faso

En proie à des bouleversements politiques et à une crise économique majeure depuis le coup d’État qui a renversé le président Marc Kaboré en Janvier 2022, le Burkina- Faso a reçu une bouffée d’oxygène de la part du Fonds monétaire International. Le pays vient en effet d’obtenir un crédit de 200 milliards de francs CFA qui suscite des questions dans un climat de défiance entre les autorités issues du coup d’État et les pays occidentaux qu’ils accusent d’impérialisme. Ils avaient nommément désigné les institutions financières internationales issues des accords de Bretton Woods comme des instruments au service de la domination occidentale.

Le Burkina-Faso, comme de nombreux pays de la région du Sahel, fait face à des défis complexes, notamment en matière de sécurité et de développement économique. L’insécurité qui s’est accentuée dans le pays, et les sanctions économiques prises contre le pays au lendemain du putsch ont rendu la situation économique encore plus précaire. Dans ce contexte, le soutien financier du FMI est accueilli comme une opportunité cruciale pour stabiliser l’économie burkinabè. « Le crédit de 200 milliards de francs CFA, soit environ 302 millions de dollars, vise à soutenir les réformes économiques du gouvernement burkinabè et à atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 », peut-on lire dans le communiqué du FMI.

Les ambiguïtés de l’accord de financement

Avec l’arrivée au pouvoir de nouvelles autorités, dirigées par le président Ibrahim Traoré, le pays a exprimé sa volonté de prendre ses distances avec ce qu’il qualifie de « domination occidentale ». Le FMI avait aussi suspendu sa participation aux financements des programmes et projets de développement au Burkina-Faso avant d’annoncer leur reprise. Ce nouvel accord de financement revêt un caractère ambigu.

Le premier enjeu réside dans la perception de l’indépendance économique du Burkina-Faso. Alors que le pays cherche à réduire sa dépendance envers l’Occident, notamment en matière d’aide financière, l’accord avec le FMI pourrait être interprété comme un signe de cette dépendance persistante. Il reste à voir si le gouvernement burkinabè parviendra à concilier ses objectifs de souveraineté économique avec le besoin urgent de stabilité financière.

Un autre point de friction potentiel réside dans les réformes économiques que le FMI pourrait exiger en échange de son soutien financier. Ces réformes sont souvent assorties de conditions strictes. Ces accords de financement pourraient bien être une nouvelle stratégie pour les pays occidentaux, d’avoir une main mise dans la politique africaine.

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