Classement de reporters sans frontières : La presse béninoise dans Porta Potty

Wilfried Houngbedji

Le 03 mai est la journée consacrée à liberté de presse au monde. Reporters sans frontières / Reporters Without Borders / RSF comme à son habitude a rendu public les résultats de son classement 2022 sur sur la liberté de la presse dans le monde. De la 114 ème place en 2021, le Bénin chute à la 121ème position en 2022. Le pays perd ainsi 07 places comparativement à l’an dernier. Il y a quelques années, cette place occupée honteusement par notre pays aurait suscité de l’indignation non seulement des professionnels des médias, mais encore plus au sein de l’opinion publique. Mais depuis l’avènement au pouvoir du président de la république, Monsieur Patrice Talon, le rang du Bénin à chaque classement de Reporters Sans Frontière et des autres organisations militantes pour une presse libre n’émeut plus personne.

Au contraire, on s’en accommode et on accepte avec fatalité la chose. Car, le successeur de Boni Yayi à la Marina et ses sbires ont laissé entendre que pour le développement du Bénin, la démocratie, les libertés publiques, les droits humains, la liberté de presse et d’expression ne devraient plus être une priorité. Car, selon eux, appliquer les règles démocratiques, laisser les citoyens s’exprimer sur la gouvernance publique et la presse abordée sans partie prise les questions d’actualité politique sont un grand frein au développement du Bénin et par ricochet à la mise en pratique du programme d’actions du gouvernement. Plusieurs médias fermés, plusieurs journalistes emprisonnés et d’autres sous menaces d’emprisonnement, des groupes de presse traqués depuis 06 ans que les “réformateurs” sont au pouvoir, mais le Bénin demeure toujours dans la catégorie des pays sous-développés. La mise sous boisseau de la presse béninoise et de ses acteurs n’a visiblement pas apporté le développement qu’on nous vantait si tant.

La vérité c’est que Patrice Talon et sa bande sont de gros peureux qui refusent de s’assumer et d’assumer leur gestion du Bénin, notre bien commun. Ils sont bien conscients que si la presse était libre, que si les journalistes devaient bien faire leur travail, on saurait tout de leur incompétence en ce qui concerne leur gestion de la chose publique. Ils savent qu’il y a longtemps que la presse aurait mis la lumière sur les grands scandales de détournement de deniers publics dans lequel ils sont passés maîtres. Ils sont conscients également que la gloutonnerie avec laquelle il s’acapèrent toutes les entreprises publiques du pays et s’enrichissent sur le dos de l’État ne resteraient pas resteraient cacher. Donc pour cela, il faut embastiller la presse. Bref, il faut la tuer.

Malheureusement, ils ont atteint leur objectif en la matière et cela semble bien leur marcher. Ils ont réussi avec le quitus de certains journalistes qui auparavant se faisaient les défenseurs de la liberté de la presse et maintenant sont devenus leur partenaire à la propagande. Je voudrais citer pour exemple le désormais tout puissant porte-parole du gouvernement et directeur de communication de la Présidence de la République du Bénin, Monsieur Wilfried Léandre Houngbedji, qui ne ratait aucune occasion sous l’ancien président Boni pour décrier les mauvais classements de Reporters Sans Frontière par rapport au Bénin.

Aujourd’hui, c’est motus bouche cousue. Maintenant c’est lui-même qui appelle les journalistes dans ses bureaux au palais de la Marina pour les sermoner par rapport à leur parution ou reportage ou encore à un invité reçu sur un plateau de télévision ou radio qui dit le mal qu’il pense du Chef de l’État et de son gouvernement. En tout cas, Wilfried Léandre Houngbédji aurait déjà laissé entendre qu’il n’était plus journaliste et qu’il servait les intérêts de Talon. Pour lui, c’était une nouvelle expérience professionnelle qu’il faisait et cela, il compte bien l’assumer jusqu’au bout. L’évidence a fini par rattraper Monsieur Wilfried Léandre Houngbédji. Il n’a jamais été un journaliste engagé. C’était juste un individu qui ayant raté sa vocation d’avocat a transféré ses ressentiments dans un noble métier que celui de journaliste pour se faire un parapluie.

Malheureusement, les personnes comme lui il y en a plusieurs dans le métier au Bénin. Quand c’est comme ça, c’est clair qu’on ne peut pas compter sur les journalistes pour se défendre eux-mêmes et défendre leur droit.

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