10 novembre 2024

Emmanuel Macron plonge Patrice Talon dans l’embarras

Emmanuel Macron plonge Patrice Talon dans l’embarras

Lors de la conférence des ambassadeurs en début de la semaine dernière, le président français a confirmé que son pays avait conclu des accords avec de nouveaux pays, dont le Bénin, pour le déploiement des troupes françaises en Afrique. Une « indiscrétion » qui aurait créé un gros malaise dans les bureaux du palais de la Marina.

La France vit un véritable calvaire dans le Sahel avec la résurgence des coups d’État dans les pays où sont déployées ses troupes militaires. Après ses premiers déboires avec les autorités maliennes qui ont précipité la fin de l’opération Barkhane, le gouvernement français a dû se rabattre sur le Burkina-Faso et le Niger dans le cadre de son action militaire au Sahel. Et comme s’il y avait un lien entre la présence des troupes françaises et le déclenchement des putschs, les gouvernements civils burkinabé et nigérien ont été renversés par des militaires. Un lien suggéré en tout cas par le président Bazoum, selon le journaliste français Georges Malbrunot. Mohamed Bazoum aurait dit à Emmanuel Macron peu avant le déploiement des troupes françaises dans son pays : « Si la France transfère sa base au Niger, je serai le prochain sur la liste”.

Dans le même temps, la présence de groupes de soldats français dans le Nord du Bénin est régulièrement signalée par les populations. Une région en proie au terrorisme et dans laquelle l’armée béninoise met en œuvre une opération spéciale baptisée “Mirador”. L’opinion publique avait très vite deviné qu’il s’agissait d’un déploiement des troupes françaises au Bénin. Et sur la question, l’on ne risquait pas de se tromper, surtout au regard des rapprochements entre les présidents Emmanuel Macron et Patrice Talon ces dernières années. Le premier avait longuement snobé son homologue béninois en raison de ses dérives autocratiques et de l’usage de la violence physique contre les populations. Mais la donne a changé depuis que le président français, en difficulté dans le Sahel, est contraint de chercher de nouveaux points de chute pour ses soldats. Une opportunité de partenariat que le gouvernement béninois, en panique la menace terroriste, n’a pas hésité à saisir. Emmanuel Macron n’hésita pas alors à se rendre lui-même à Cotonou en juillet 2022 pour conclure le deal avec le Bénin.

Le lundi 28 août 2023, au premier jour de la conférence diplomatique qui a rassemblé les ambassadeurs français à l’Élysée, Emmanuel Macron va finalement lâcher le morceau. « Face aux défis qui nous sont posés dans le Sahel, nous avons conclu des accords avec de nouveaux partenaires tels que le Bénin, pour le redéploiement de nos troupes », a affirmé le chef d’état français dans une allocution retransmise en direct. « Redéploiement de troupes » donc, et non simples missions de formation comme le prétendait il y a moins de deux mois Marc Vizy, l’ambassadeur de France à Cotonou. Le 13 juillet 2023 sur une radio locale le diplomate français avait catégoriquement nié l’existence de troupes françaises au Bénin, avant de concéder la présence de « petits groupes de 3 à 12 soldats au plus, qui restent juste durant 15 jours, qui font de la formation et de l’entraînement avec leurs camarades béninois dans tel ou tel domaine ».

Plusieurs sources du ministère béninois des affaires étrangères indiquent que cette déclaration du Président Macron a créé un gros malaise au Palais de la Marina et à l’état-major général des armées où l’on s’est donné beaucoup de mal depuis maintenant un an pour que l’information ne s’ébruite pas. Car ils connaissent le rejet de plus en plus fort qu’inspire la présence militaire française.

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