Cela fait exactement 25 ans cette année que l’Assemblée générale des Nations-Unies a adoptée une résolution sur la protection des personnes et associations qui s’investissent dans la défense des droits humains. Au Bénin, un creuset de jeunes juristes et activistes dénommé le QUINTET a commémoré cet anniversaire à Cotonou ce mardi 29 août 2023. Et c’est le centre de documentation et d’information juridique de la Cour d’Appel de Cotonou qui a abrité les festivités entrant dans le cadre de cette commémoration, en présence des institutions étatiques impliquées dans la protection des droits de la personne humaine.
C’est en 1998 que la Déclaration des Nations-Unies sur les Défenseurs des Droits de l’Homme (DNUDDH) a vu le jour à travers la Résolution AS/53/144 de l’Assemblée générale de l’ONU. La commémoration de ses noces d’argent en cette année 2023 coïncide avec la célébration des 75 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH); une occasion choisie par le QUINTET pour rappeler aux autorités béninoises la vulnérabilité des personnes et associations qui s’investissent dans la défense et la promotion des droits humains. C’est donc à juste titre que dans son mot de bienvenue, Miguèle HOUETO, juriste, membre et porte-parole du QUINTET a rappellé que « les défenseuses et défenseurs des droits humains sont des personnes qui agissent individuellement ou en association avec d’autres afin de promouvoir la protection et la réalisation des droits humains ainsi que des libertés fondamentales. Ces personnes, renchérit-elle, reconnaissent le principe d’universalité des droits humains s’appliquant à toutes et tous sans distinction aucune, et défendent lesdits droits par des moyens pacifiques ». Dans un contexte marqué par la récurrence des oppressions dans plusieurs États dans le monde, il est devenu indispensable de mener le combat afin que les défenseurs des droits humains, communément appelés DDH, soient reconnus et protégés par le cadre légal national conformément aux recommandations des Nations Unies.
Madame Ursule Amoussou, directrice des requêtes et études juridiques à la Commission béninoise des droits de l’Homme (CBDH) est allée dans le même sens d’observation. Pour cette dernière, la célébration des noces d’argent de la DNUDDH a rappellé que cela fait un quart de siècle que la communauté internationale a décidé de « se pencher sur le sort des personnes qui donnent de leurs vies, de leurs temps et de leur énergie pour que les droits de l’Homme soient respectés dans le monde entier ». Un combat auquel la CBDH ne reste pas indifférente. Elle a salué l’initiative du QUINTET ainsi que la dévotion et l’engagement de chacun des jeunes qui le compose. La CBDH en tant qu’institution nationale chargée de promouvoir et de protéger les droits humains ne ménagera pas ses efforts pour soutenir les actions et initiatives futures du QUINTET, a également indiqué madame Amoussou. À sa suite, c’est le Chargé de mission du Président de la Cour Constitutionnelle, monsieur Jean-Joël AFATON, qui prend la parole pour procéder au lancement officiel de l’activité. Dans son allocution, il rappelle l’engagement de la Cour, en tant que juge constitutionnel et des droits de l’Homme, à œuvrer dans son fonctionnement à faire respecter davantage ces droits que la constitution béninoise reconnaît et garantit pour chaque individu pour le simple fait qu’il soit une personne humaine.
Ensuite, deux temps forts ont meublé la célébration des noces d’argent de la Déclaration des Nations-Unies sur les Défenseurs des Droits de l’Homme. Le premier est un panel de discussion portant sur le thème : ” La citoyenneté au service des droits humains “. Il a permis entre autres d’éclairer les participants sur l’état des droits humains au Bénin ainsi que les différents mécanismes de protection des défenseurs des droits humains. C’était aussi l’occasion pour certains panélistes de bien détailler les procédures pour introduire un recours à la Cour Constitutionnelle ou une requête à la Commission Béninoise des Droits de l’Homme afin d’obtenir gain de cause. Le second par contre, est un plaidoyer à l’endroit des autorités à divers niveaux pour reconnaître et protéger les défenseurs. Il est porté par la voix de Conaïde Akouedenoudjè, juriste et membre du QUINTET. « Dans un contexte africain marqué par des reculs démocratiques, des coups d’État, des prolongations de mandats et une répression croissante envers toutes formes de dissidences, notre existence réaffirme tout son sens et notre mission devient encore crutiale », fait-il remarquer. Il poursuit en expliquant que le futur des droits de l’Homme repose sur les générations à venir. Pour cela, il est « urgent » d’adopter une loi spécifique de reconnaissance et de protection des personnes qui s’investissent dans la promotion et la défense des droits humains au Bénin tel que recommandé par les Nations-Unies. « Sur ce chantier, affirme Conaïde Akouèdénoudjè, le Bénin est l’un des derniers élèves loin derrière la Côte d’Ivoire, le Burkina-Faso, le Mali, et même le Niger ». Cette loi constituerait un bouclier majeur de protection et de sécurité pour les défenseurs des droits de l’Homme.
Enfin, le point d’orge de la célébration est la coupure symbolique du gâteau géant des 25 ans de la Déclaration des Nations-Unies sur les Défenseurs des Droits de l’Homme et du 75 ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
De la présentation faite par Landry Angelo ADELAKOUN, il ressort que :
Le QUINTET !
C’est un regroupement non-formel de cinq juristes spécialistes de droits de l’Homme qui ont décidé de mutualiser leurs efforts pour faire barrière aux atteintes et violations desdits droits. Sa philosophie est, selon Miguèle HOUETO, de « faire en sorte que les droits humains soient la chose la mieux partagée, connue par tous et par toutes, revendiquée partout en situation d’injustice ou pas ». Les membres du QUINTET agissent librement, selon les circonstances et les besoins, de façon individuelle et/ou collective. Néanmoins, toutes les actions du groupe ou de ses membres convergent vers un seul et même résultat : la réalisation des droits de la personne humaine au Bénin. Les cinq activistes qui forment le QUINTET sont : Miguèle HOUETO, Juriste spécialiste en droits humains, Égalité de Genre et Inclusion ; Landry Angelo ADELAKOUN, Fréjus ATINDOGLO, Conaïde AKOUEDENOUDJE et Romaric ZINSOU, également spécialistes en droits humains. Ils ont à leur compteur, une trentaine de recours entrant dans le cadre de leurs actions de contentieux stratégique des droits humains (tant au niveau national qu’international) et des actions non contentieuses.