La police républicaine doit sept ans de loyer à une famille à Bassila

La police républicaine doit sept ans de loyer à une famille à Bassila

Le commissariat de police de l’arrondissement de Manigri, dans la commune de Bassila, occupe depuis sa création en 2016, un bâtiment loué. Il s’agit d’une maison appartenant à des héritiers qui ont jugé utile de la prêter à l’État pour les services de sécurité publique contre 50 000 FCFA le mois. Mais ils étaient loin de s’imaginer ce qui allait s’ensuivre. La Police Républicaine n’a pas payé la moindre mensualité à ce jour.

Koffi K. Eganhoui

Tout a commencé au début de l’année 2016 quand le gouvernement a décidé de créer des postes avancés de gendarmerie dans certaines localités reculées du pays. Il a été décidé à l’époque d’implanter l’un de ces postes dans l’arrondissement de Manigri, commune de Bassila. Le gouvernement a alors commis la mairie avec à sa tête l’ancien maire Aboubakar Gomina pour trouver l’endroit qui abritera le siège de la nouvelle brigade de gendarmerie. C’est ainsi que les sieurs Joël Chabi et Mamoudzou Okpé, respectivement Chef d’Arrondissement de Manigri et Chef village de village à l’époque, ont identifié la maison de feu Boniface AKOBI comme endroit idéal. C’est une parcelle de 600 m² située au bord de la voie inter-État avec un bâtiment de 5 chambres et un salon, une cuisine et des toilettes. Par la suite, une équipe de la mairie et de l’ex-gendarmerie est allée à la rencontre des héritiers de feu Boniface Akobi pour obtenir leur accord afin d’implanter la brigade dans leur maison. Cela tombait bien, ils avaient l’intention de mettre ladite maison en bail suite au décès de leur papa. Ils ont donc donné leur accord. Ils avaient aussi été rassurés qu’il sera établi un contrat de location entre les ayant-droit et l’ex-gendarmerie nationale. C’est ainsi que la maison de feu Boniface Akobi a commencé à abriter le poste avancé de gendarmerie de Manigri depuis le 20 décembre 2016.

Le contrat de bail promis au départ n’a pas été signé et le loyer n’est pas fixé non plus avant que la gendarmerie n’intègre les locaux. Ce qui intrigua les héritiers de feu Boniface Akobi qui s’en sont plaints et ont clairement réclamé 50 000 FCFA comme loyer mensuel. Mais ils avaient été rassurés que la procédure était en cours pour établir un contrat type avec toutes les personnes qui ont fourni des locaux dans le cadre de la création des nouveaux postes avancés dans le pays. Ceci dans le but d’harmoniser les paiements de loyer. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la fusion de l’ex police Nationale et de l’ex gendarmerie pour aboutir à la création de la Police Républicaine en 2017. C’est ainsi que le poste avancé de gendarmerie de Manigri est devenu l’actuel Commissariat de Police.

Un véritable calvaire pour recouvrir leur droit !

Depuis 2016, l’aîné des héritiers de feu Boniface AKOBI, s’est rapproché des différents commissaires qui se sont succédés à la tête du commissariat de Manigri pour réclamer le loyer. Mais ils n’ont jamais obtenu gain de cause. Plusieurs courriers sont également adressés à la direction départementale de la police républicaine de la Donga, à la Direction Générale à Cotonou ainsi qu’au ministère de l’Intérieur et de la sécurité publiques. Mais ces correspondances ont été toutes ignorées par l’administration policière. Il a fallu que les ayant-droit sollicitent un huissier de justice pour que leur dernière correspondance en date du 11 avril 2022 et adressée au directeur général de la police républicaine soit considérée. En réponse par courrier en date du 17 mai 2022, le DGPR Soumaila Yaya décline la responsabilité du paiement de loyer dans un premier temps. « Les recherches dans nos archives ont révélé qu’il n’existe aucun contrat formel entre l’ex-gendarmerie nationale et feu Boniface AKOBI ou ses héritiers ; mieux la mairie de Bassila s’était engagée, en son temps, à prendre en compte les charges locatives dudit bâtiment. Le retard observé dans le paiement n’est du fait ni de l’ex Gendarmerie nationale ni de la Police Républicaine », a-t-il écrit. Puis dans la conclusion de sa correspondance, il affirme avoir instruit ses services compétents pour prendre contact avec les ayant-droit en vue d’un bon dénouement de la situation. Mais depuis lors, la direction de la police républicaine n’a manifesté aucun intérêt à leur préoccupation et le commissariat de Manigri continue d’occuper gratuitement la maison de feu Boniface AKOBI. Comble du sans-gêne, plusieurs modifications ont été opérées sur le bâtiment sans l’accord des propriétaires.

Les héritiers de feu Boniface AKOBI appellent le président de la République Patrice Talon et le ministre de l’Intérieur à l’aide pour que cesse cette injustice qu’ils subissent depuis 2016 afin de jouir pleinement de leur héritage. Ils ne souhaiteraient pas engager une bataille judiciaire avec l’État qui a loué leur maison pour assurer la sécurité des biens et des personnes dans leur arrondissement. Au regard de tout ce qu’ils ont subi jusque-là sans obtenir gain de cause, ils demandent le paiement des huit ans d’arriérés de loyer et l’établissement d’un contrat signé par les deux parties. À défaut, ils souhaitent que la police puisse libérer la maison de leur défunt papa afin qu’ils puissent la mettre en valeur autrement.

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