Des éléments de la garde présidentielle (GP) ont pris d’assaut la résidence du Chef de l’État nigérien avant l’aube du mercredi 26 juillet 2023. Le général Tchiani n’ayant pas réussi à rallier les autres factions de l’armée, négocie depuis mercredi matin pour sa sûreté et celle de ses hommes
Cheikh Ousmane Kane
La situation semble être sous contrôle quoique rien ne filtre sur la situation actuelle des mutins. «Je viens personnellement de faire le tour au niveau des deux accès qui mènent au palais présidentiel. La circulation y est fluide. Les voitures entrent et sortent de la présidence au niveau des deux accès. Le Président Bazoum aurait parlé à ses proches qui rassurent qu’il est en sécurité et qu’il se porte bien », apprend-on de la journaliste et activiste nigérienne Samira Sabou.
Une situation clair-obscur
Les négociations entamées quelques temps après la prise d’otage ont échoué et l’Armée et la Garde Nationale ont menacé de lancer l’assaut contre les éléments de la Garde Présidentielle impliqués dans ce « mouvement d’humeur » s’ils ne retrouvent pas rapidement la raison. Une option à laquelle se serait opposé le président Bazoum pour, assurent ses proches, éviter le bain de sang. Composée de 700 hommes environ, la garde présidentielle est une composante essentielle des forces armées nigérienne. Elle est aussi l’une des mieux équipées et des mieux entraînées du pays. Une confrontation avec les d’autres composantes de l’armée ne pourrait conduire qu’à un bain de sang. Par ailleurs, la télévision et la radio d’Etat étaient mercredi soir toujours sous le control des forces loyalistes, tandis que le chef de l’Etat a conservé ses moyens de communication.
Plusieurs sources indiquent que le Général Abdourahmane Tchiani, patron de la garde présidentielle, en poste depuis la présidence Mahamadou Issoufou, n’aurait plus la confiance du Président Mohamed Bazoum, qui aurait même envisagé de le décharger dans les prochains jours. Cette perspective serait à l’origine de ce que la présidence nigérienne qualifie de « mouvement d’humeur d’éléments anti-républicains ». Mais à cette situation s’ajoute la récente mise à la retraite de plusieurs généraux. Le commandant en chef des armées nigériennes leur reproche leur manque d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme qui coûte de grands moyens à l’Etat. Ce sont eux qui seraient le pilier de ces mouvements d’humeur contre la garde rapprochée du président nigérien.
Vague de condamnations
Au moment où nous mettons sous presse, le le président nigérien était toujours aux mains des mutins. La CEDEAO dirigée depuis dix jours par le nigérian Bola Tinubu a rapidement condamné cette tentative de coup d’état et annoncé l’envoi d’une mission de médiation conduite par le béninois Patrice Talon. Condamnation également de la France et des Etats-Unis qui se sont dits profondément préoccupés par la situation et exigé la libération immédiate du président Bazoum.
Le Niger a une très longue tradition de coups d’état. Depuis le début des processus démocratiques dans la sous-région, en dehors du président Issoufou, tous les présidents élus ou arrivés au pouvoir par la force au Niger ont été renversés par un coup d’état militaire. Le président Issoufou a lui-même échappé à plusieurs tentatives.