Après neuf mois de détention à la prison centrale de Conakry, les leaders du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ont été libérés dans la nuit du mercredi 10 au jeudi 11 mai en Guinée après plusieurs manifestations dirigées par les forces vives. Cette décision prise par la junte au pouvoir, suscite des réactions mitigées entre soulagement pour les familles et critiques des avocats dénonçant un non-respect des procédures en cours.
Après une manifestation ayant entraîné la mort d’au moins sept personnes à Conakry, les leaders du FNDC ont été libérés tard dans la nuit du mercredi au jeudi, sans aucune condition, en attendant leur procès dans les prochains jours. Dans les familles des responsables politiques libérés, la joie est immense. Les proches se réjouissent de cette libération et affirment leur soutien indéfectible aux leaders du FNDC, considérant leur lutte comme un combat pour l’ensemble de la nation guinéenne.
Cependant, cette libération a été réalisée sans tenir compte des procédures judiciaires en cours, ce qui suscite de vives critiques de la part des avocats. Maître Salifou Beavogui, membre du collectif d’avocats défendant les leaders du FNDC, dénonce une « justice soumise aux ordres » et affirme que le droit n’a pas été respecté dans cette affaire. Selon lui, la décision de libération aurait dû être prise lors d’une audience devant le tribunal de première instance de Dixinn, afin de permettre une défense adéquate et une « décision souveraine de la justice ».
Le barreau de Guinée s’est également exprimé lors d’un point presse pour dénoncer l’ingérence de l’exécutif dans le pouvoir judiciaire. Le président de l’Ordre des avocats de Guinée, Mamadou Souare Diop, a annoncé une journée sans audience sur tout le territoire national en signe de protestation, prévue pour le 15 mai.
Une libération pour apaiser le conflit politique en Guinée
Dans le but de désamorcer le conflit politique qui secoue le pays depuis plusieurs mois, le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, a rencontré les responsables religieux, acteurs de la médiation dans cette crise, le mercredi 3 mai 2023. Cette entrevue a conduit à la décision de libérer Oumar Sylla, Ibrahima Diallo et Mamadou Billo Bah, comme l’avait annoncé le ministère. Cependant, la manière dont cette libération a été réalisée soulève des interrogations quant à l’indépendance du système judiciaire en Guinée, selon les avocats.