À QUELQUES MOIS D’UN TROISIÈME MANDAT ?

TALON - À QUELQUES MOIS D'UN TROISIÈME MANDAT

Trompettes de la laudation aux vents, étendards caractéristiques de la mouvance présidentielle, tenue d’une main de fer par Patrice TALON, fièrement arborés, les ténors des partis siamois du Chef de l’État sillonnent le Bénin entier, organisant par-ci des meetings, tenant par-là des réunions.

Les manifestations programmées par le Bloc Républicain et l’Union Progressiste le Renouveau n’ont jamais souffert d’une répression. Que ce soit dans le Nord du pays, au Centre ou au Sud, les meetings et cérémonies de présentation de vœux à grands frais se multiplient. Une belle démocratie, n’est-ce pas ? Une liberté d’expression et de réunion comme à l’européenne.

La démocratie béninoise serait donc au beau fixe si tous les bords politiques jouissaient des mêmes libertés. Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui est que ce sont des privilèges auxquels n’ont pas droit les formations politiques de l’opposition. Ces dernières années, l’arme ultime semble toute trouvée.

Par des circonvolutions à gerber, ça tente de justifier le déploiement des forces de l’ordre sur les places choisies par l’opposition pour rencontrer des militants et sympathisants. Quand un maire d’une carrure aussi imposante vient démontrer à la face du monde l’étroitesse de son esprit, il y a péril en la demeure. Pour la sécurité des manifestants, il aurait joint la Police pour les disperser. Mais des jours plutôt, il n’avait pas trouvé utile d’énoncer ces craintes et de proposer un changement de site. Il apparaît donc clairement qu’il ne suivait que les consignes.

Dans le Nord, les Démocrates avaient déjà essuyé un tel affront quand ils avaient été délogés à coup de bottes par des policiers débarqués dans le domaine privé où ils étaient réunis, eux qui avaient d’abord déserté le premier site choisi. Une cérémonie de présentation de vœux du nouvel an du mouvement DAV ASSOUKA au domicile de Valentin DJÈNONTIN-AGOSSOU n’a pas échappé à la roue répressive… Et la norme est ainsi établie !

Les libertés syndicales n’existent aujourd’hui que de nom. Suite à une marche pacifique organisée pour dénoncer la cherté de la vie, des citoyens se sont retrouvés en garde à vue. Après l’attaque du Point Triple, des Centrales syndicales qui ont décidé d’honorer la mémoire des victimes béninoises, ont été contraintes d’avorter la manifestation à cause du contingent de policiers qui les attendaient à la Bourse du travail, siège privilégié de la liberté syndicale, aujourd’hui un leurre.

Patrice TALON aura réussi museler la presse, l’opposition et les syndicats des travailleurs. À moins d’un an des élections générales de 2026 et donc de la fin de son deuxième et dernier mandat, l’homme continue de s’échiner à appliquer une conviction qu’il avait imprudemment avouée des années plutôt : « Ce qui permet à un Président en exercice, c’est sa capacité à soumettre tout le monde et à garder les grands électeurs : il peut être mauvais, il sera réélu ! » Alors Patrice TALON se dédira-t-il à nouveau pour se représenter ?

Une question qui brûle les lèvres et revient de plus en plus. Quel intérêt gagne le Chef de l’État à restreindre les libertés de manifestation de l’opposition et des Centrales syndicales si ce n’est un plan savamment orchestré pour briguer un troisième mandat ?

La réponse est là, sous nos yeux. Les dernières actualités sont si éloquentes que toutes les preuves pointent vers le Président de la République. On l’a vu à l’œuvre quand il s’était agi de réprimer ses anciens collaborateurs. Olivier BOKO et Oswald HOMEKY en ont fait les frais à leurs dépens. L’ex-Ministre de l’Eau et des Mines, Samou SEIDOU ADAMBI, n’y échappera pas. Dès les premières heures de la mise en œuvre de ses rêves politiques concernant la succession de Patrice TALON, il fut révoqué de son poste et sévèrement châtié par son parti politique.

Il n’y a plus aucun doute, le Chef de l’État est allergique à toute volonté exprimée de le voir céder les locaux du Palais de la Marina à un successeur. À quelques mois des élections, nul ne peut oser se porter candidat.

Même s’il s’en défend et parle d’amalgame, Patrice TALON ne donne pas l’impression de vouloir céder son fauteuil. Les sorties impunies des nervis du pouvoir en place pour appeler à un troisième mandat sont très illustratives. Bertin KOOVI, maître-penseur de la Dynamique Talon continue, sillonne le Bénin et diffuse abondamment d’énormités pour justifier le troisième mandat. Comme un parfait hasard, le prêtre de Fâ David Koffi AZA expliquera la volonté de Fâ de voir le Chef de l’État fouler au pied la Constitution qu’il ne connait pas. Janvier YAHOUEDEOU se fendra d’arguments fallacieux selon lesquels un départ de Patrice TALON serait regretté pour exprimer, lui le Coordinateur du Collège des Ministres Conseillers de la République, son désir de voir continuer la dynamique de la rupture. Le Béninois Libéré, sans aucun respect des règles de déontologie du métier de journalisme, ne cesse de justifier la pertinence d’un troisième mandat, arguant que le Bénin est entré dans une nouvelle République. Avant eux, la Vice-présidente, Mariam CHABI TALATA, avait manifesté son désir de voir Patrice TALON briguer encore un mandat.

Bertin KOOVI n’a jamais été inquiété. CHABI TALATA, YAHOUEDEOU, AZA et autres encore moins. Le Béninois Libéré n’a jamais figuré sur les listes de médias censurés par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. La question qu’on devrait se poser est la suivante : « À qui profite le crime ? ».

Le plus grand bénéficiaire de ces transgressions de toutes sortes acceptées dans la République, on le connait tous.

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